Thème de cette semaine : Dépaysant
J’ai tout de suite pensé à un roman lu en mai dernier
Dans cette contrée de Caroline du Nord, entre rivière et montagnes, que l’œuvre de Ron Rash explore inlassablement depuis Un pied au paradis, un monde est en train de s’effacer pour laisser la place à un autre. Le shérif Les, à trois semaines de la retraite, et Becky, poétesse obsédée par la protection de la nature, incarnent le premier. Chacun à sa manière va tenter de protéger Gerald, irréductible vieillard amoureux des truites, contre le représentant des nouvelles valeurs, Tucker. L’homme d’affaires, qui loue fort cher son coin de rivière à des citadins venus goûter les joies de la pêche en milieu sauvage, accuse Gerald d’avoir versé du kérosène dans l’eau, mettant ainsi son affaire en péril. Les aura recours à des méthodes peu orthodoxes pour découvrir la vérité. Et l’on sait déjà qu’avec son départ à la retraite va disparaître une vision du monde dépourvue de tout manichéisme au profit d’une approche moins nuancée.
Pourquoi ce roman a été dépaysant ? Eh bien, grâce à lui, j’ai découvert le nature writing.
Dans le nature writing, l’environnement non-humain est évoqué comme acteur à part entière et non seulement comme cadre de l’expérience humaine ; les préoccupations environnementales se rangent légitimement à côté des préoccupations humaines ; la responsabilité environnementale fait partie de l’orientation éthique du texte ; le texte suggère l’idée de la nature comme processus et non pas seulement comme cadre fixe de l’activité humaine.
J’ai ressenti une sensation d’apaisement durant ma lecture, j’ai eu l’impression de me balader entre montagnes et rivière de cette contrée de l’Amérique.
Ça a également été un apprentissage, je me suis intéressée le temps de ma lecture aux truites. Un peu de culture générale ne fait pas de mal.
Ce roman donne envie de s’intéresser à la nature, de la protéger. C’est un texte engagé.
Les histoires personnelles des personnages sont intéressantes et on s’attache à eux: C.J, Les, Becky, Gerald. Chacun porte en lui un mal-être, héritage du passé. L’une a été victime de kidnapping, l’autre a perdu femme et enfant. L’un a des remords face à sa gestion de la dépression de sa conjointe, l’autre a dû faire face aux railleries et brimades à cause de sa pauvreté.
La langueur habite ce roman.
Quel livre auriez-vous choisi ? Faites-moi sortir des sentiers battus !