Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Le football au Brésil

Le Brésil aime le football passionnément. Famille, amitié, amour, joie, tristesse : le ballon est présent dans tous les moments de la vie. Onze auteurs brésiliens contemporains parmi les plus talentueux s’en inspirent.
Onze contes, qui parlent d’enfants, d’adultes, d’hommes, de femmes ; qui prennent une tournure nostalgique, adoptent un ton ironique, parfois triste … tous plus divers les uns que les autres, avec un point commun : le ballon brésilien.

Vocation d’attaquant – Claudia Tajes

Un brésilien n’est pas un homme s’il n’aime pas le football, et vice versa.

Le narrateur n’aime pas le football mais il est attaquant dans la vraie vie: il s’occupe de femmes délaissées par leurs hommes à cause du foot.

Mon avis ? Une sympathique introduction au recueil.

Liberté, égalité, fraternité – Mario Feijo

Tous les hommes naissent égaux puis ils grandissent, certains préfèrent jouer en attaque, d’autres en défense, et le milieu de terrain reste pour les laborieux.

Un homme de 45 ans qui a la nostalgie de ces années où il jouait au foot sur les terrains vagues.

L’importance relative des choses -Luis Fernando Verissimo

Le football du samedi dans la maison de campagne de Magalhaes avait commencé comme une plaisanterie, une manière de s’ouvrir l’appétit avant de déjeuner. Très vite, les matchs prennent de l’ampleur et détruisent les couples.

Cette nouvelle m’a bien fait rire.

Faute – Toni Marques

Un enfant raconte ses vacances à sa maîtresse: au programme, le copain de sa mère, son père qui est footballeur professionnel, le match de football qu’il a joué avec des enfants sur la plage et sa mère qui se trouve grosse.

Une nouvelle dont je n’en ai rien tiré.

Pochette surprise – Rodrigo Ciriaco

Un joueur pas trop mauvais est décisif lors d’un match.

Déraison – Flavio Carneiro

La nouvelle évoque le journal de Canal 100, journal diffusé avant les séances de cinéma. Elle met en exergue la passion de ces hommes pour le football est la même peu importe si le match date d’hier ou d’il y a vingt ans.

Mon avis ? J’ai eu un peu de mal avec la construction de la nouvelle.

Défaite – Joao Carrascoza

Le narrateur évoque ce que représente le football pour lui. Il se rappelle des moments passés avec son père. C’est lui qui lui a appris à aimer le football.

Mon avis? Une relation père-fils touchante.

Une question de principes – Cristovao Tezza

Un homme reconnaît un ancien joueur. Un joueur qui a brisé son amour de jeunesse. Lors d’un match où il officie en tant qu’arbitre, il décide de se venger. Tout peut se régler sur un terrain de football 😀

Bonheur suprême – Luiz Ruffato

Personne ne voulait de lui même pour les matchs amicaux, il va réussir à créer l’exploit: créer l’hymne de l’équipe de football.

Passion – Carola Saavedra

Un homme veut se faire tatouer l’insigne de son club ?

La nouvelle la plus courte du recueil et que je n’ai malheureusement pas bien saisie. 😀

Le fils noir de Dieu – Rogerio Pereira

Une gloire du football aujourd’hui affaiblie par la maladie. Le narrateur qui admirait la star étant enfant doit admettre que ce joueur de football n’est pas immortel.

Un jour, un maillot – Tatiana Levy

1990 – 1991 – 2009

3 années importantes dans la vie de Francisco. La 1ère année, il fait la rencontre d’un homme, habile au football qui va lui promettre des maillots du Barça. La 2e année, Francisco attend désespérément ces maillots quitte à faire fi de sa dulcinée et de son fils.

La 3e année, Francisco retrouve son fils en regardant un match de football. Une nouvelle touchante.

Bienvenue au Brésil ! A travers ce recueil de 12 nouvelles, vous assisterez à 11 matchs et une prolongation. Chaque histoire évoque la passion du football et montre combien le ballon rond est omniprésent dans la vie des hommes au Brésil.

J’ai globalement apprécié ce voyage autour du ballon rond.

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Loin de Douala – Max Lobe

Roger est le fils aîné de Ngonda Moussima Bobé, femme dont la parole écrase celle de son mari.

L’école n’est pas son fort. Il a vingt ans et vient d’obtenir le brevet. Jean, son cadet de deux ans vient d’avoir le baccalauréat.

Sa passion c’est le sport. Il est né pour le foot. Il s’entraîne clandestinement. Il rêve d’être une grande star du ballon rond. Sa mère s’y oppose catégoriquement.

Nous voulons tous un bon avenir pour nos fils : qu’ils se lèvent le matin, enfilent leur costume-cravate, prennent leur mallette et aillent travailler. C’est ça, avoir un vrai-vrai boulot.

 

L’entêtement du fils provoque la colère de la mère. Elle a pris pour habitude de le tabasser pour un oui ou un non. Entre mère et fils, il y a de la colère, des coups, du rejet, de la souffrance.

Roger souffre de la comparaison perpétuelle entre son frère et lui. Il souffre de la sévérité de sa mère envers lui. Son frère est le préféré, la fierté. Ne l’appelle-t-elle pas Choupi ?

Ngonda a le génotype d’un monstre. Abonnée aux églises évangéliques où satan est aperçu partout, elle voit en son fils un enfant du malheur.

Un jour, Roger est porté disparu. Jean et Simon, leur frère-ami, apprennent que Roger a boza.

Boza c’est l’aventure. Tout un périple complexe qui mène les bozayeurs, par petites étapes, du Cameroun jusqu’en Europe en passant par le Nigéria. Malgré le déprimant retour des bozayeurs machanceux, rien n’entame la ferveur des partants.

Partir s’en aller coûte que coûte. Partir en Mbeng. Partir chez le blanc même s’il faut boza,même si l’on a des diplômes en poche. Surtout si on a des diplômes. Il faut partir pour croire en son avenir. Dans ce pays, doivent-ils se dire, ils ne deviendront rien. Rien du tout.

Jean et Simon vont à la recherche de Roger.

Yaoundé – Ngaounderé – Garoua – Maroua. Dans chacune des villes, Jean nous décrit l’atmosphère des quartiers, l’attitude des habitants. Le narrateur mixe français courant et camfranglais, langage populaire réaliste qui cadre avec le contexte du récit.

On est immergé dans la vie quotidienne des camerounais. On prend une bière, on mange au “tourne-dos” avec eux. On rit beaucoup dans ce roman et c’est l’un de ses points forts.

On s’esclaffe mais on a aussi peur de Boko Haram. La menace terroriste plane et cela effraie Jean au fur et à mesure qu’ils se rapprochent du Nigéria.

Jean est loin d’être téméraire, il se repose sur Simon. Il est encore très loin de s’intéresser aux femmes. Jean est homosexuel, il l’assume en silence.

L’homosexualité n’est pas le sujet favori en Afrique. C’est par contre un thème récurrent chez Max Lobe. Il clame son homosexualité ; il l’écrit aussi.

Loin de Douala est un roman très léger, il se lit vite. Les 25 chapitres qui forment la charpente du livre sont courts et facilitent la fluidité de la lecture.

J’ai apprécié mon temps de lecture mais je suis restée sur ma faim concernant Roger. Je n’en dis pas plus pour ne pas spoiler.

C’est le premier roman que je lis de l’auteur et je ne pense pas que je lirai délibérément le prochain. Auteur transgressif à sa manière, il promet dans son prochain livre (l’histoire d’un jeune homme noir qui mène une vie de débauche) le retour de scènes d’amour plus crues, à plusieurs.

Dans un article du Jeune Afrique de Mai 2018, on relatait ses propos :

Max Lobe considère aussi son dernier roman comme une entorse à la « littérature africaine », qui privilégie trop souvent, selon lui, les sujets graves tels que la guerre, la colonisation, la sorcellerie, les enfants-soldats, la famine. « Pourquoi faudrait-il occulter les histoires d’amour, s’interdire d’écrire sur une mère qui pleure son fils, sur des filles qui tombent enceintes et sont abandonnées, en somme, sur la vie quotidienne ? interroge-t-il. Les auteurs anglophones tels que Chimamanda Ngozi Adichie sont parvenus à passer outre cette injonction à ne traiter que de sujets graves. Les auteurs francophones devraient eux aussi y parvenir. »

En tant qu’écrivaine de romans d’amour, je plussoie.  Partagez-vous son avis ?

 

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