Publié dans Panaché

La Nuit du Slam : ce que vous avez raté

J’avais deux choix pour ma soirée du samedi 22 Octobre 2016 : 

  • Assister à la célébration de la Journée du Manuscrit au Palais de la Culture 
  • Assister à la Nuit du Slam à l’Institut français de Côte d’Ivoire organisée par le Collectif Au Nom du Slam

Sans hésiter, j’ai opté pour le 2e choix. J’aime beaucoup le collectif Au Nom du Slam dont je vous avais présenté le 1er album, il y a quelques mois. Ce collectif vise à promouvoir le Slam, créer des plateformes d’expression pour le Slam et valoriser la culture ivoirienne par le Slam. Le Collectif au Nom du Slam est composé de onze membres dont trois femmes.

J’admire ces femmes et ces hommes qui font chanter les mots. J’aime ces artistes qui vivent leur passion avec détermination. 

nuit-du-slam

De 19 h 30 à 20 h 45, j’ai dévoré chacun des mots de Bee JoeKpegik,  l’Etudiant, Amee, Lyne, Philo, Roi Fort Malik, Noucy Boss… Tels des papillons, leurs mots ont voltigé et exécuté avec sincérité la danse des maux, de la mélancolie, de la persévérance, de la révolte… J’ai souri, j’ai ri, j’ai applaudi leur dextérité. 

La nuit du Slam a été un beau spectacle. Parce que vous le valez bien, je vous mets des extraits de ce que vous avez raté. 

Extrait 1 : Les mots du slameur Philo

Extrait 2 : Les mots d’Amee sur les effets contraignants de la célébrité 

Extrait 3 : les mots de Kpegik ou quand une femme change un homme. Kpegik s’exprime en nouchi, argot ivoirien. Ce texte est l’un de mes coups de cœur de cette soirée. 

Extrait 4 : « Christ est mort pour eux » est un texte de l’Etudiant. Ce texte est également l’un de mes coups de cœur de la soirée. L’étudiant est révolté, il dénonce l’injustice sociale. Pour lui, Jésus Christ fait du favoritisme sinon pourquoi n’accorde-t-il pas aux pauvres ce qu’il accorde aux riches ? 

J’espère de tout cœur que la route de ces artistes sera très longue et qu’ils vivront avec largesse de leur art. 

Et vous que leur souhaitez-vous ?

Avez-vous participé à des événements culturels ce weekend ?

signature coeur graceminlibe

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5 raisons de lire Père riche père pauvre

 

Connaissez-vous le plus grand danger ? L’IGNORANCE

Ne pas connaître ce qui est, ne pas savoir ce qui doit être réalisé fait mourir à petit feu.

«C’est l’ignorance en matière d’argent qui suscite autant la cupidité et la
peur »

« Papa riche enchaîna en expliquant que la vie humaine est une véritable lutte
entre l’ignorance et la lumière .
Il nous fit comprendre qu’à partir du moment où une personne cesse d’être en quête d’informations et de connaissances à propos d’elle-même, l’ignorance s’installe. Cette lutte est un choix de chaque instant : il s’agit d’apprendre à ouvrir son esprit ou de prendre la décision de le fermer. »

Ce danger me guettait et m’a fait manquer un épanouissement financier par le passé mais cela ne se reproduira ni aujourd’hui ni demain parce que j’ai su le contourner grâce à ce best-seller que je vous présente aujourd’hui : Père riche, père pauvre.

L’IGNORANCE nous guette quand on est fermé à l’extérieur, quand on n’a pas de connexion avec les autres. Heureusement pour moi, j’appartiens à un groupe de développement personnel sur Whats’app et j’ai des amis qui peuvent me donner des livres quand j’en ai besoin. 🙂

Père riche, père pauvre c’est l’histoire de deux pères, l’un bardé de diplômes, l’autre titulaire d’un Bac – 2. Le père sur-diplômé laissera à sa mort un héritage proche du néant avec même quelques factures impayées par ci par là. Le père titulaire d’un Bac – 2 deviendra l’un des hommes les plus riches d’Hawaï et transmettra à son fils un véritable empire. Le père riche enseigne dans ce livre à deux petits garçons d’inestimables leçons sur l’argent par le biais de leurs propres expériences.

Ce livre est un coup de cœur pour moi, un livre que je relirai au moins une fois par trimestre et que vous devriez lire également pour 5 raisons principales :

1. Vous choisirez vos pensées et mots avec tact.

C’est ce que vous avez dans la tête qui détermine ce que vous aurez entre les mains .

« Étant donné que j’ai eu deux pères qui m’ont influencé, j’ai appris de l’un et l’autre. Je devais réfléchir aux conseils de chaque père, et ce faisant, cela m’a permis de comprendre davantage le pouvoir et l’effet de nos propres pensées sur notre vie. Par exemple, l’un de mes pères avait l’habitude de dire : «Je ne peux pas me permettre d’acheter cela. » L’autre père refusait que j’emploie de tels mots. Il m’incitait plutôt à dire : « Comment puis-je me permettre d’acheter cela? » L’une de ces phrases est une affirmation et l’autre une question. L’une ne vous oblige à rien et l’autre vous oblige à réfléchir. »

Nous façonnons nos vies par le moyen de nos pensées. Il nous faut être prudent quant aux pensées que nous choisissons d’adopter comme les nôtres. Nous devons choisir ce qui meublera nos pensées au lieu de réagir à nos émotions. La pensée négative conduit à la plainte, la tristesse, la pensée positive entraîne l’action. Si nous voulons être productifs et générer de la richesse, il faudra faire attention à nos pensées. 

2. Vous ne limiterez plus votre esprit

« Les occasions inespérées ne se voient pas à l’œil nu ; seuls les yeux de l’esprit peuvent les voir. Mon père riche sentait que l’expression « je ne peux pas me le permettre » était un mensonge. Et l’esprit humain le sait aussi. « L’esprit humain est très, très puissant » disait-il . « Il est conscient qu’il peut tout faire. »

 

« Celui de mes pères qui allait bientôt devenir riche m’expliqua que le fait de dire sans réfléchir la phrase suivante : «Je ne peux pas me permettre d’acheter cela», fait en sorte que le cerveau arrête de chercher . En posant la question « Comment puis-je me permettre d’acheter cela? », ton cerveau se met en branle . Il ne m’encourageait pas ainsi à m’acheter tout ce que je voulais . Il était presque fanatique quand il était question d’entraîner son esprit, cet ordinateur le plus puissant au monde . « Mon cerveau se renforce chaque jour parce que je l’exerce. »

Nous sommés nés pour être en action. Notre esprit est un magnifique présent. Ne le laissez pas dans l’emballage. Ouvrez-le et utilisez le à votre avantage.

«Continuez de travailler, les gars, mais plus vous oublierez rapidement votre besoin de toucher un salaire, plus votre vie adulte en sera facilitée . Continuez d’utiliser votre matière grise, de travailler gratuitement, et bientôt votre intelligence vous indiquera des moyens de gagner de l’argent bien au-delà de ce que je pourrais me permettre de vous payer. Vous verrez des choses que les autres gens ne voient jamais . Des occasions rêvées qui leur pendent au bout du nez. La plupart des gens ne discernent pas ces occasions car ils ne recherchent que l’argent et la sécurité ; voilà pourquoi ils n’obtiennent que ça . À partir du moment où vous discernerez vraiment ce qu’est une occasion, vous serez capables de voir toutes les autres pour le reste de votre vie. Dès l’instant où vous aurez franchi cette étape, je vous enseignerai autre chose. Retenez bien ce que je viens de vous dire et vous éviterez un des pires pièges de la vie . »

3. Vous connaîtrez la vérité sur l’argent

Saviez-vous que l’argent n’était qu’une idée et que si vous en vouliez davantage, vous n’aviez qu’à changer votre façon de penser ?

Savez-vous comment l’argent fonctionne ? Savez-vous que l’argent est une chose que vous pouvez mettre à votre service ?

Nous devons comprendre le fonctionnement d’une chose avant de l’utiliser. Comprendre le fonctionnement de l’argent avant de l’investir. Nous devons connaître les rudiments de l’argent et dans ce livre, vous trouverez ce que vous devez savoir sur l’argent. 

Si vous en avez assez de ce que vous faites, ou si vous ne touchez pas suffisamment d’argent, il s’agit simplement que vous changiez la formule au moyen de laquelle vous gagnez votre argent.

L’un de mes pères disait : « L’amour de l’argent est la racine de tous les maux. » L’autre affirmait sans l’ombre d’un doute : « Le manque d’argent est la racine de tous les maux. »

Je suis persuadé que chacun de nous a en lui-même un génie financier. Le problème est le suivant : notre génie financier est endormi, attendant qu’on fasse appel à lui. Il est endormi parce que notre culture nous a formé à croire que l’amour de l’argent est la source de tous les maux. Elle nous a encouragé à choisir une profession pour, au bout du compte, travailler pour de l’argent.

Pour recevoir de l’argent, il faut en donner . C’est la plus importante loi de l’argent : « Donnez et vous recevrez. »

Chaque fois que tu te sentiras « à court » ou « dans le besoin » de quelque chose, donne  d’abord ce que tu voudrais et cela te reviendra au centuple. Cela est vrai pour ‘argent, l’amour, l’amitié et un sourire . Je sais que c’est souvent la dernière chose qu’une personne voudrait faire mais dans mon cas cela a toujours marché .

Je crois simplement que le principe de la réciprocité est vrai, et je donne donc ce que je voudrais recevoir. Je veux de l’argent, je donne donc de l’argent, et il me revient décuplé. Je veux conclure des ventes, j’aide donc quelqu’un d’autre à vendre quelque chose, et les ventes viennent à moi . Je veux avoir des relations et j’aide quelqu’un d’autre à entrer en relation avec des gens, et comme par magie, les relations viennent vers moi .

Quand il est question d’argent, d’amour, de bonheur, de ventes et de relations, tout ce dont vous avez besoin de vous rappeler est de donner d’abord ce que vous voudriez obtenir, et cela vous sera redonné en abondance .

4. Vous ferez plus attention à vos dépenses et rechercherez toujours des opportunités d’investissement

Les lignes de ce livre développent en nous plus d’audace, elles nous fournissent plusieurs conseils d’investissement. « L’investissement est la science de l’argent générant de l’argent. Cela implique des stratégies et des formules . » 

Saviez-vous qu’une maison n’est pas un actif mais plutôt un passif ? 

« Un actif est l’ensemble des biens et créances qui mettent de l’argent dans ma poche .
Un passif est l’ensemble des biens et créances qui enlèvent de l’argent de ma poche.
Voilà vraiment l’essentiel de ce qu’il vous faut savoir. Si vous voulez être riche, passez simplement votre vie à acheter des actifs. Si vous voulez rester pauvre ou demeurer dans la classe moyenne, passez donc votre vie à acheter des éléments de passif. »

« N’accumulez pas trop de dettes qu’il vous faudra ensuite rembourser. Minimisez vos dépenses. Faites croître votre actif en priorité . Puis, achetez-vous la grosse maison ou la belle voiture dont vous rêvez tant . II n’est pas très intelligent de rester coincé dans « la foire d’empoigne ». Lorsque vous manquez d’argent, laissez la pression monter mais ne pigez
pas dans vos économies ou vos investissements. Utilisez plutôt cette pression afin d’insuffler à votre génie financier de nouvelles façons de faire davantage d’argent ; vous paierez ensuite vos factures. »

« De nos jours, on pense trop souvent à emprunter de l’argent pour obtenir ce
que l’on convoite au lieu de se creuser les méninges pour générer de l’argent . La
première démarche est plus facile à court terme, mais elle réserve des surprises
désagréables à long terme . C’est une mauvaise habitude que nous avons
développée en tant qu’individus et comme nation . Rappelez-vous ceci : une route
facile devient souvent difficile, et une route difficile devient souvent facile . »

Les investissements vont et viennent, le marché est en hausse, le marché est en baisse, l’économie s’améliore puis s’effondre . Le monde vous offre continuellement des occasions exceptionnelles, chaque jour de votre vie, mais trop souvent vous ne les voyez même pas . Mais elles sont là . Plus le monde change et plus la technologie change, plus il y aura d’occasions pour permettre à votre famille et à vous-même d’être financièrement à l’abri pour des générations à venir .

« La plupart des gens ont un prix . Et ils ont un prix à cause des émotions humaines qu’on appelle la peur et l’avidité. Premièrement, la peur d’être sans le sou nous motive à travailler dur, puis lorsque nous recevons notre paye, l’avidité ou le désir nous incite à penser à toutes ces merveilles que l’argent peut acheter. Le conditionnement s’installe alors .
– Quel conditionnement? » demandai-je.
– Celui de se lever, d’aller travailler, de payer des factures, de se lever de nouveau, d’aller travailler, de payer des factures … À partir de ce moment-là, leur vie est régie par deux émotions, la peur et l’avidité . Offrez-leur plus d’argent et ils perpétuent le cycle en accroissant également leurs dépenses .

Qui êtes-vous en train d’enrichir en ce moment : l’Etat, l’entreprise pour laquelle vous travaillez ?

5. Vous comprendrez la puissance de l’instruction

« Ce que je sais me fait gagner de l’argent . Ce que je ne sais pas m’en fait
perdre. »

INVESTISSEZ D’ABORD DANS L’ÉDUCATION : en réalité, votre esprit est le
seul véritable actif que vous possédez, l’outil le plus puissant sous votre emprise.

L’éducation et la sagesse dans le domaine de l’argent sont importantes. Commencez tôt. Achetez un livre. Participez à un séminaire. Exercez-vous.

Je m’inquiète du fait que beaucoup trop de gens se concentrent à l’excès sur l’argent plutôt que sur leur plus grande richesse : leur instruction, leur éducation . Si les gens sont disposés à adopter une attitude flexible, à garder l’esprit ouvert et à apprendre, ils s’enrichiront de plus en plus tout au long des changements . S’ils pensent que l’argent va résoudre les problèmes, j’ai bien peur que ces gens feront un voyage plutôt mouvementé . L’intelligence résout les
problèmes et génère de l’argent . Sans l’intelligence financière, l’argent vous glisse
entre les doigts.

Père riche, père pauvre est un livre à lire et à faire lire aux adolescents, aux jeunes adultes. 

Lisez-vous des livres de développement personnel ? Lequel recommanderiez-vous ? 

défi octobre

DÉFI PKJ D’OCTOBRE

Avec Père riche père pauvre, j’ai complété 3 challenges du défi PKJ d’Octobre.

  • Lire un livre qui cite une marque de voiture.
  • Lire un livre écrit par un duo d’auteurs.
  • Lire un livre qui propose des flashbacks dans le passé.

GM signature

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Le Crépuscule de l’Homme

Montage créé avec bloggif

« … A tour de rôle, Edith et Evelyne se relayaient auprès d’elle. Le nombre de malades allait croissant. Mais elles se savaient impuissantes : sans la moindre aspirine, le moindre anitibiotique, qu pouvaient-elles faire ? 

L’état d’Emilienne ne cessait d’empirer, Edith posa sa main sur le front de sa mère. « Elle a au moins 40° de fièvre pensa-t-elle, et rien pour la faire baisser ».

Cette respiration sifflante ne présageait rien de bon. Sans médicament, Edith s’attendait au pire. Elle sortit de la grotte et alla à la recherche de son père. Elle le trouva de l’autre côté du camp, assis près de sa tente. Recroquevillé dans sa veste élimée, il ressemblait à un épouvantail cassé, il jeta sur sa fille un regard mi-surpris, mi-irrité. 

– Je te dérange,papa ?… »

 

 

Je garde de bons souvenirs des livres de l’auteur Flore Hazoumé. Je me rappelle encore de ma frayeur en lisant l’une des nouvelles du recueil Cauchemars. Ces doux souvenirs m’ont conduit au Crépuscule de l’Homme.

J’ai pensé que cette histoire avait pour cadre un hôpital en lisant les premières lignes de la 4ème de couverture. J’ai été intriguée en lisant ses dernières lignes.  L’histoire se déroule dans une grotte ? Un camp ? Quel est le cadre spatio-temporel de cette histoire ?

Les premières pages du livre ne me situent pas, j’ignore sur quel continent se trouve  la ville de Bunjalaba. Elles me déroutent également, elles semblent être la fin de l’histoire. Je cesse de me triturer les méninges, me laisse porter par le ton captivant de la narratrice.

Je découvre Edith, étudiante en médecine légale, issue d’une famille bourgeoise, fille d’un père ministre et d’une mère férue d’art africain. Elle est amoureuse de Pascal Tuzbelbe, un étudiant en faculté de lettres avec une personnalité peu commune. Cet homme est intelligent, froid et si mystérieux !

Il marchait le torse bombé, le cou raide. Il avançait droit devant lui, ne regardant ni à droite, ni à gauche. Ses yeux étaient rivés, accrochés à l’horizon comme un but à atteindre, ou bien étaient-ils simplement tournés vers un monde intérieur inaccessible et mystérieux. Il marchait comme on va au combat.

« Mon DIEU » ! murmura Edith, contre quel ennemi invisible se bat-il ?

Pascal vit dans un immonde quartier, là où est le commencement, là où est le germe selon lui. C’est un agitateur de foules, qui multiplie les meeting sur le campus, incite les étudiants  à lutter pour leur dignité et des conditions d’étude confortables.

Des révoltes estudiantines se profilent à l’horizon. On les sent arriver, comme on sent l’arrivée d’une pluie en scrutant les nuages. Les travailleurs réclament également de meilleures conditions de vie. La pluie se transforme alors en un puissant orage.

Les Tsatu, opprimés par les Sutu (le groupe ethnique au pouvoir), se rebellent également. Plus question de parler d’orage, c’est un gros cyclone qui arrive. On sait comment se terminent les conflits ethniques.

Les Tsatu et Sutu m’ont fait penser aux Hutu et Tutsi et la description des caractéristiques de ces deux ethnies ont confirmé mes pensées. L’auteur a fait un clin d’œil à l’histoire culturelle du Rwanda, les guerres fratricides entre les Hutu et Tutsi.

Mon cœur s’est serré en lisant l’excès de violence, les atrocités sans nom. Le lecteur baigne dans le lac de l’horreur et la vengeance.

J’ai été choquée de la facilité avec laquelle Gassana, le père d’Edith semait la graine de la haine dans le cœur des Sutu. Il est tellement plus facile de détruire que de construire… 

Le chaos de la ville de Bunjalaba, tel un virus s’est propagé dans toute l’Afrique et le monde entier. La vie humaine se retire des continents. Puisqu’on n’arrive pas à vivre ensemble, la vie nous est repris. Puisque l’homme n’arrive plus à reconnaître l’humanité en l’autre, il disparaît de la surface de la terre. C’est l’apocalypse. 

Cette vision apocalyptique du monde m’a gênée. Que des innocents meurent comme des coupables m’a attristée. J’aurais voulu que les personnages auxquels je m’étais attachée  restent en vie, hélas ! 

Parlant de personnage, je n’ai pas réussi à élucider le mystère de Pascal, cet homme ni Tsatu, ni Sutu qui soulevait les foules, luttait pour le droit des plus faibles et qui avait signé un pacte avec Gassana. D’où venait-il ? Où est-il parti ? Qui était-il ?  J’ai été un peu déçue que la narratrice nous laisse avec ces zones d’ombre. 

Que dire de la forme de l’oeuvre ? Le style de la narratrice est limpide, dynamique. C’est difficile de lâcher le livre tant qu’on n’est pas arrivé au point final. 

A qui je déconseille ce livre ?

  • A ceux qui dépriment
  • Ceux qui n’aiment pas les devoirs de mémoire
  • Ceux qui n’aiment pas le genre fantastique et les romans historiques
  • Ceux qui ne sortent pas indemne de leur lecture

 

Si vous n’êtes pas dans ces quatre catégories, je vous souhaite une très belle lecture. 

 

Biographie de l’auteur 

Petite fille de l’écrivain dahoméen Paul Hazoumé, Flore Hazoumé est née à Brazzaville en 1959. Lorsqu’en 1984 elle publie son premier recueil de nouvelles, « Rencontres », ils sont peu nombreux à imaginer qu’elle deviendra une figure de la littérature ivoirienne « tant elle semblait timide et pleine de doutes », confie un ami. Depuis, Flore Hazoumé  s’est affirmée, son écriture aussi. Et si elle est peu prolifique, chacun de ses ouvrages est salué par la critique.

 

Quelques détails sur l’oeuvre 

Nombre de pages : 200

Maison d’édition : CEDA

Date de publication : Janvier 2001

 

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Pour le bonheur des miens

Issue d’une famille pauvre, Fleury est décidée à réussir ses études. Intelligente et studieuse, elle pensait avoir tous les atouts pour réaliser ses rêves. Mais c’était sans compter avec les contingences existentielles. Fleury découvre qu’elle doit sacrifier sa dignité de jeune fille pour se faire une place au soleil et sortir les siens de l’indigence. Entre son honneur et le bonheur de sa famille, quel sera son choix ? Macaire Etty, à travers un récit vivant, porté par une écriture splendide, nous accompagne sur le parcours atypique d’une jeune fille piégée par la vie.

Pour le bonheur des miens

« – Papa, quand vais-je commencer les cours ? »

Première phrase du récit que bon nombre de personnes ont eu la chance de ne pas poser à leur père.

Il est difficile de ne pas avoir un pincement au cœur en lisant les premières lignes du récit, en se mettant à la place de ce père pour qui il est difficile d’assurer la pitance de la famille et l’éducation académique de ses enfants.

On ne peut s’empêcher de penser à tous ces lycéens qui mettent fin à leur parcours scolaire faute de moyens, des lycéens livrés à eux-même et qui sont souvent obligés de suivre le chemin crasse et ténébreux de l’existence.

Grâce à l’aide financière de sa tante, Toto Ama Fleury, notre héroïne arrive à s’inscrire en classe de terminale. Mais cette aide se renouvellera-t-elle à l’université ? Fleury ne veut pas se soucier de cette question qui étouffe le présent. Elle désire se concentrer sur ses études et l’amour qu’elle éprouve pour Khigaly ;  un feu ardent qui hélas s’éteint très vite, la faute à ….

L’amour qui s’en va brutalement, un frère qui se fait arrêter, des études universitaires à payer poussent Fleury à dévaluer son corps et sa dignité. Une situation qui ne sera pas sans conséquences sur sa vie.

J’ai passé un bon moment de lecture et ce grâce à l’écriture vivante et entraînante  de l’auteur. La destination du voyage qu’il nous propose n’est pas originale (des histoires de jeunes filles obligées de se prostituer pour survivre et s’occuper de leurs familles, il y en a par centaines dans le monde de l’écriture) mais le confort du moyen de transport utilisé, le paysage qui s’offre à notre vue et l’ambiance nous interdisent d’interrompre le voyage avant l’heure.

J’ai apprécié à sa juste valeur les descriptions élégamment élaborées des personnages .

Sa démarche disgracieuse lui donnait l’allure d’un chasseur traditionnel. Il avait un visage singulièrement déplaisant où se distinguaient hideusement deux balafres impitoyables ; un visage au milieu duquel s’était formé un certain nez, un nez brutal, un nez indiscret et inutilement généreux. Pour tout dire, Monsieur Bonké était la laideur dans sa forme la plus achevée.

Le niveau de langue est approprié au contexte de l’oeuvre, aucune digression ne coupe le fil du récit.

Les clins d’œil faits aux différents présidents de la République de Côte d’Ivoire m’ont fait sourire : Adodougou, Boignikro, Gbagbokaya.

J’ai apprécié le parcours de Fleury avec ses hauts et ses bas, une vie imparfaite qui sert de leçon de morale à toutes les jeunes filles et femmes : on ne peut espérer de bénéfices et un rendement à long terme d’un corps qu’on a dévalué….

Biographie de l’auteur 

Macaire Etty est critique littéraire. Il anime par ailleurs, depuis plusieurs années des chroniques littéraires dans des quotidiens ivoiriens et collabore avec des maisons d’édition qui sollicitent son expertise. Il est depuis le 02 Avril 2016, le président de l’Association des Écrivains de Côte d’Ivoire. (AECI) Pour le bonheur des miens est son 3ème roman.

Quelques détails sur l’oeuvre

Nombre de pages : 140

Editeur : Vallesse Editions

Collection :  Yenian

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Jazz et vin de palme

Jazz et vin de palme

Un livre qui figure dans le Top 10 d’une chroniqueuse émérite doit être inscrit à notre « wishlist » et c’est ce que j’ai fait.

Jazz et vin de palme est entré dans ma liste de « livres à lire » fin 2014. Le nom est resté dans un coin de ma mémoire, il s’est fait discret, si discret au point de devenir invisible…

En ouvrant la bibliothèque de mon père, il y a quelques jours grande a été ma surprise de voir Jazz et vin de palme ! Quelle ne fût encore ma surprise de voir que ce livre m’appartenait et que je l’avais reçu comme récompense de fin d’année en 3ème !

Ma bouche dessinant un large sourire, j’ai pris ce qui était mien, pris congé de la terre pour découvrir l’univers que voulait bien m’offrir Emmanuel Dongala sans me connaître.

Il a écrit ce livre pour moi, il a deviné mon goût pour le jazz, les belles lettres, les récits drôles, poignants, inspirants.

Que de belles fleurs lancées à cet écrivain. Sont-elles méritées ? Permettez que j’expose la cause de tant de louanges.

Jazz et vin de palme est un recueil de huit nouvelles.

L’étonnante et dialectique déchéance du camarade Kali Tchikati est la 1ère nouvelle du recueil. Le narrateur, Kuzevo, nous plonge dans l’ambiance de Pointe-Noire et nous fait rencontrer Kali Tchikati, son ami qu’il n’avait pas revu depuis 5 ans depuis qu’on l’avait exclu du Parti unique. Kali raconte ce qu’il est devenu, annonce qu’il va bientôt mourir parce qu’ensorcelé par un oncle. Au fil des pages, il raconte l’opposition entre l’idéologie communiste et la religion occidentale et africaine, son rejet de cette dernière et ce que ça lui aura coûté.

Une entrée en matière assez légère, j’ai légèrement ri, l’histoire ne m’a pas emportée, c’est donc sans regret que je suis passée à la 2ème histoire : Une journée dans la vie d’Augustine Amaya .

Amaya est une commerçante de Brazzaville qui va à Kinshasa acheter des marchandises. Au poste de police de la frontière du Zaïre, la règle veut qu’on laisse sa carte d’identité, ce que fait Amaya. Malheureusement, sa carte s’égare. Elle se rend trois jours de suite au poste de police du Beach d’où elle ressort bredouille à chaque fois.

Elle s’y rend une énième fois ;  une énième journée où l’on observe l’absence de conscience professionnelle, l’abus de pouvoir de l’administration dont les horaires d’ouverture et fermeture des bureaux dépendent de l’humeur de ses agents.

Une journée où l’on assiste, impuissant au retard que prendra le commerce d’Amaya, à toutes ses factures qu’elle ne pourra pas régler à temps.  Cette nouvelle est l’hymne des présents infructueux, le chant de demain qu’on espère beau ; elle m’a rappelé Photo de groupe au bord du fleuve.

Dans la 3ème nouvelle, on fait le procès du père Likibi, garant de la tradition africaine dans le village de Madzala et la sous-région, doté de pouvoirs mystiques, accusé d’avoir provoqué la sécheresse dans le village en arrêtant la pluie le jour du mariage de sa fille et d’aller à l’encontre des lois anti-fétichistes du pays.

Les dialogues sont vivants, drôles ;  le vocabulaire coloré, intéressant. L’histoire s’achève sur un drame. Qui perd la vie ? A vous de le découvrir…

Un homme est recherché activement dans la 4ème nouvelle, son crime : avoir assassiné le président-fondateur de la nation. Un homme qu’on ne démasquera jamais, un homme tapi quelque part…

Cette nouvelle de 9 pages ne m’a pas transportée malgré sa dernière ligne qui véhicule un joli message : « L’homme, espoir d’une nation et d’un peuple qui dit NON, et qui veille… »

La 5ème nouvelle, la cérémonie, est celle qui m’a fait le plus rire. Un militant modeste communiste raconte avec un style dynamique, réaliste, humoristique sa vie de « rouge » et l’inauguration de la prise de fonction du nouveau directeur de l’usine où il travaille, poste qu’il convoitait.

Mon honnêteté m’oblige cependant à vous dire que moi aussi j’ai détourné, en un moment de faiblesse contre-révolutionnaire, des biens de la communauté nationale; mais aujourd’hui ma conscience est tranquille car j’ai payé ma dette envers la société et le parti. En effet, après un an de prison ferme et après avoir intégralement remboursé les trois boîtes de sardines, dont une était avariée, que j’avais « empruntées » un jour où il n’y avait rien à manger à la maison pour les gosses.

Au départ, quand ils nous ont demandé d’être rouge, je ne savais pas s’ils parlaient de la couleur des vêtements ou de la couleur de la peau.[…] Pendant un mois, je ne me suis habillé que de rouge. […]Dans notre pays, les services de sécurité, c’est-à-dire notre CIA ou notre KGB, utilisent souvent des femmes d’une moralité douteuse pour tirer des renseignements aux gens surveillés, eh bien chaque fois que je découvrais que l’une d’elles était une espionne de l’Etat, je faisais tout pour coucher avec elle en m’arrangeant pour toujours me déshabiller en pleine lumière afin qu’elle vît que même mon slip était rouge !

 

Je ne crois plus aux fétiches et je suis contre Dieu car la religion est le whisky… le chanvre… l’oignon… le morpion…. Le pion du peuple.

 

Jazz et vin

La 6ème nouvelle qui donne son titre au recueil, Jazz et vin de palme nous fait pénétrer dans le royaume de la politique-fiction. Le monde entier est envahi par des  extra-terrestres. Les organisations de sécurité mondiales se réunissent. Le délégué du Kenya propose qu’on discute avec le chef de la tribu des envahisseurs autour de verres de vin de palme. Des études scientifiques ont montré qu’ils étaient réceptifs à la musique de John Coltrane et au vin de palme.

Cette nouvelle est un prélude à la dernière nouvelle du recueil : A love supreme où Emmanuel Dongala écrit sur la tragédie du musicien John Coltrane à la recherche de l’absolu, une tragédie qui apparaît comme un écho, et peut-être une réponse à la tragédie collective décrite dans les premières nouvelles.

J’ai beaucoup aimé cette nouvelle parce qu’elle m’a ramenée à mon présent d’auteur inconnu. Les mots de John Coltrane m’ont émue, boostée. Sa musique m’a transportée.

Du jazz, du vin de palme ? Oui, j’en veux et à volonté ! Et vous ?

Ps : Oui, vous savez compter, il manque une nouvelle. Je n’ai pas du tout compris sa place dans le recueil, j’ai donc préféré économiser mon temps et des mots en l’omettant. 😀

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Drôle de printemps suivi de miniatures

Drôle de printemps

D’une séquence à l’autre, l’auteur nous plonge dans le « printemps arabe » avec ses espoirs, ses enjeux, ses dérives et ses folies. Dans un mélange de réalisme, d’humour, de dérision et de fantaisie, Youssouf Amine Elalamy raconte, dans son style bien à lui, les révolutions qui ont bouleversé le monde arabe. 

La révolution était en marche. A la télé, on avait annoncé 200 mille personnes pour la manif de vendredi. Un homme y va pour vérifier si la télé dit vrai. Il y trouve beaucoup de monde mais pas de révolution. Les 200 mille personnes étaient-elles vraiment venues pour faire une révolution ? N’étaient-elles pas venues vérifier si la télé disait vrai et s’il y aurait effectivement 200 mille personnes à la marche ?

Et ce pauvre gars qui répétait toujours le même mot : »rêve, rêve, rêve… » Savait-il pourquoi il était là ?

Ce pauvre gars nous explique à la deuxième séquence du livre pourquoi il répétait ce mot. Le ton frais avec lequel il s’exprime nous fait esquisser un sourire, ce sourire se mue en rire au fur et à mesure que l’on avance dans les séquences.

Drôle de printemps c’est 330 micro-récits, des récits quelquefois liés (la séquence suivante est une réplique à la séquence précédente), très souvent dissociés.

Les gens du peuple, les forces de l’ordre, le Leader politique à qui le peuple crie: « Dégage », s’expriment tour à tour et dévoilent leurs fantasmes, leurs frustrations.

Les personnages qui se succèdent dans ces récits sont loufoques, un peu schizophrènes sur les bords. Jugez-en par vous-même :

Tous les jours, je fais la tournée des librairies et je leur prends un exemplaire de mon livre comme ça mon éditeur ne pourra pas dire que c’est un bide. Heureusement qu’on n’a pas publié ma photo sur la 4ème de couverture. Les vendeuses m’auraient reconnu sinon.

Ce n’est pas parce qu’on est barbu qu’on est castré. Si Dieu avait voulu qu’on s’abstienne de regarder les femmes, il nous aurait fait pousser la barbe sur les yeux. Et puis il n’ y a pas que les hommes qui ont de la barbe. Les femmes la portent ailleurs, c’est tout.

Que Dieu bénisse Apple, Blackberry, Samsung, Nokia et tous les smart phones de la Terre. Aujourd’hui, avec une bonne charge d’explosifs et un téléphone portable qu’on actionne à distance, chacun de nos hommes est une bombe à distance, chacun de nos hommes est une bombe à usage illimité. On n’arrête pas le progrès.

A mon arrivée là-haut, personne ne savait où me caser. Mon coeur méritait le paradis, mon appareil génital l’Enfer et d’autres morceaux le Barzakh. A la fin, il a fallu recourir à l’arbitrage de Dieu en personne.

Pour ma carrière de pick-pocket, je ne pouvais pas espérer mieux. Avec ce voile intégral, ils me prennent tous pour une femme. J’ai fait coudre plein de poches à l’intérieur pour le rangement. Des grandes pour les Galaxy Note, des plus petites pour les i-phone.

99% ? Quand on me l’avait annoncé, je n’arrivais pas à y croire. Pas la peine d’être voyant pour voir qu’on avait truqué les résultats. J’avais donné mes ordres pour qu’on me retrouve les 1% et qu’on me les ramène tous ici, les poings liés.

Le désir de révolution ne se ressent pas seulement au niveau politique, il se ressent à l’intérieur de la cellule familiale, dans les rapport homme-femme.

L’abus, la duperie n’ont pas que pour cadre le domaine politique, ils existent également à l’échelle le plus bas de la société.

J’ai apprécié ce livre pour sa fraîcheur, pour les éclats de rire qui effacent les éclats d’obus. Avec ce livre, on imagine ce qui a dû se passer dans les foyers arabes lors de la révolution, tous les non-dits… J’ai apprécié voir le printemps arabe sous cet angle.

Les séquences sont assez courtes  mais on est un peu perdu quand elles sont dissociées.

Beaucoup de séquences tournent autour du sexe, cet aspect m’a un peu gênée.

L’auteur à travers ces micro-récits nous rappelle ceci : il vaut mieux en rire qu’en pleurer…

 

 

Drôle_de_printemps[1]

Miniatures 

« Miniatures » est un recueil de  cinquante portraits dont les histoires se recoupent et forment une fresque de la société marocaine contemporaine. De la petite bonne à tout faire au golden boy de la bourse de Casablanca, du cyberdragueur au professeur intégriste religieux, les personnages miniatures dessinés par Youssouf Amine Elalamy se racontent…

Ils nous exposent des fragments de leur vie et nous laissent y lire leur pauvreté, leur dépit, leur foi, leur compassion théorique, leur fatalité…

Leurs points de vue et attitudes sont souvent hilarants. Prenez pour exemple cet homme qui pense que les techniques de reproduction que sont les pratiques sexuelles en multipliant les exemplaires à volonté, remplacent une oeuvre unique, exclusive, par un phénomène de masse ou encore cette femme qui ne mange plus rien (viande ou céréale) parce qu’étant mère, il est inconcevable pour elle de manger les enfants des autres.

[…] Marcel a perdu, en l’espace d’un mois, son père, puis son fils Aimé. Depuis, Marcel, qui n’a pas perdu la foi pour autant, ne se signe plus qu’Au nom du Saint Esprit.

 

A la maison, son père n’a d’yeux que pour  sa sœur, sa sœur n’a d’yeux que pour son frère, son frère n’a d’yeux que pour sa mère, sa mère n’a d’yeux que pour lui qui n’a plus d’yeux du tout. Une chance que la balle qui l’a touché ne l’ait pas tué.

Il y a du rire dans « Miniatures » mais aussi des larmes. Comme dans la vraie vie, tout n’est pas rose…

Publié dans Ma poésie

IL Y AURA UN JOUR UN NOEL POUR TOI

Noël est là. Ce soir et demain, nous serons en famille autour d’une table et d’un sapin de Noël bien garnis.

Nous aurons de grands moments de réjouissance que d’autres ne connaîtront pas parce qu’il leur manque une présence, une pièce d’argent…

Deux grands poètes Joseph Kokou Koffigoh et Lazare Koffi Koffi veulent communiquer l’espoir à ces personnes démunis, affaiblis.

J’ai été touchée par ces deux poèmes lus sur Poètes à l’honneur,  j’espère qu’il en sera de même pour vous.

Pauvreté

© Image de Sacha Light

Promesse de Noël

Une pensée pour toi qui peine en ce moment,
Sans travail, ni secours, sans mari ou sans femme,
Sous menace d’hommes prédateurs et méchants,
Chassé de ta maison, tout espoir dans les flammes

Une pensée pour toi au regard vacillant,
Veuve abandonnée dans la désespérance,
Qui scrute l’horizon en ces temps de l’avent,
Avec tes orphelins en manque d’assurance.

Une pensée pour toi qui souffre tout le temps
Pour vivre au quotidien, qui tend la main au riche
Pour cueillir les restes des os et du froment
Envoyés aux pourceaux et aux chiens dans les niches.

Une pensée pour toi qu’on a sorti des rangs,
Prisonnier quelque part, saignant sous les menottes,
Toi dont la bonne foi et le cœur innocent
Obligent à lutter pour que les verrous sautent.

C’est à toi homme assoiffé de pain et de foi
De justice et de joie, de salut, de refuge,
Que s’adresse la voix qui crie sur tous les toits,
Comme le fit Noé juste avant le déluge.

C’est à toi l’assoiffé d’amour et de tendresse,
De caresse sous la croix, d’un peu de compassion,
Que l’ancêtre Isaïe avec passion s’empresse
D’annoncer la venue de Noël aux nations.

Ainsi un enfant-roi, couché dans son berceau,
Guidera les mages au fil de son étoile!
Joins-toi à eux pour voir l’incroyable cadeau
Qui t’attends toi aussi si ta foi se dévoile.

Joseph Kokou Koffigoh
(Publié en décembre 2013 sur Facebook)

IL Y AURA UN JOUR UN NOEL POUR TOI

O toi, qui as faim et qui chaque jour gémis
Le ventre avide et friand de l’amour humain
Les riches rassasiés d’égoïsme et de dédain
Repoussent ta main qui sollicite et te fuient.
Ne désespère pas : il vient l’enfant-Dieu
Né dans une étable pour assouvir ta pénurie.
Il te comblera du vrai pain, source de vie.
Un jour, il y aura pour toi, un Noël merveilleux.

O toi, qui es assoiffé et chaque jour pleure
La gorge desséchée d’aide de bon Samaritain.
Il ruisselle sur des tables aisées du bon vin
Dont le coût outrage tes déserts intérieurs.
Ne désespère pas : il vient l’Emmanuel
Dieu incarné dans ta chair pour te désaltérer
Fontaine d’eau vive pour les soifs te libérer.
Un jour, il y aura pour toi, un joyeux Noël .

O toi, qui es nu et qui chaque jour souffre
Le corps grelottant sous les serres du froid
Ta nudité est portée comme une rude croix
Attisant les risées qui te poussent au gouffre.
Ne désespère pas : il vient le Fils de Dieu
Lui qui sera dépouillé de tout, un Roi dénudé
Afin que tu sois, de forte cuirasse, protégé
Un jour, il y aura pour toi, un Noël heureux.

O toi, qui en prison, chaque jour est soumis
A l’humiliation et à l’âpre injustice du monde
Tel un gueux caché dans un trou immonde
Oublié des tiens qui te vouent aux gémonies.
Ne désespère pas : il vient le véritable Juge.
Peuples et nations seront séduits par sa justice
Tu seras justifié et lavé des lois accusatrices
Un jour, il y aura pour toi, un Noël des anges.

O toi, qui orphelin, chaque jour peine à subsister
Il n’y a pour toi, ni affection, ni amour parental
Seul à la merci des vies vicieuses et immorales
Au vent, à la nature et au danger, tu es exposé.
Mais ne désespère pas : il vient le bon Berger
L’ami sûr des affligés qui ne tarie pas en grâces
Il essuiera tes larmes et te remplira d’espérance
Un jour, il y aura pour toi, un Noël des protégés.

O toi, qui veuve, chaque jour languis de dégoût
Ta vie sans compagnon est amère et ennuyeuse
Tu vois au coin des rues des donzelles radieuses
S’arracher les baisers d’amoureux prêts à tout.
Ne désespère pas : il vient le Prince de l’Amour
Qui vivra le tourment du calvaire pour ton salut
Il remportera tous les défis ambitieux et résolus
Un jour, il y aura pour toi, un Noël de beaux tours.

O toi, qui en exil, chaque jour scrute et sonde le ciel
Séparé de tes bien-aimés, sevré de toute attention
Tu suis les présages d’un retour glorieux à la maison
En solitaire triste abonné aux cauchemars démentiels.
Ne désespère pas : il vient le vénéré Consolateur
Qui mettra un baume puissant dans ton cœur meurtri
Il manifestera sa gloire et les méchants seront bannis.
Un jour, il y aura pour toi, un Noël rempli de faveurs.

Oui, il faut y croire, il y aura un jour, un Noël pour toi
Un Noël de jubilation, un Noël de toutes les assurances
Un Noël pour toi qui en la justice divine fait confiance.
Il y aura un Noël des détenus oubliés et de tous les parias
Un Noël des enfants abandonnés et des veuves ébranlées
Un Noël des isolés par les lisières de la haine mordante.
Oui, frère, Dieu vient pour apaiser tes épreuves pesantes
Qu’il consumera par le feu de son amour pour l’éternité.

Lazare KOFFI KOFFI.
in Si la graine ne meurt

Joyeux Noël à tous ! Réjouissons nous et dans la mesure du possible n’oublions pas ceux qui n’ont pas notre chance. Partageons ce que nous avons, faisons vivre la flamme de l’amour et l’espoir. 

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Faire danser le cerveau

Au nom du slam

Poèmes chantés,

Slam

Art oratoire

Ma première rencontre avec le Collectif « Au Nom du Slam » a eu lieu lors de la journée de l’Ecrivain Africain à l’INSAAC qui rendait hommage au premier auteur ivoirien  Bernard B. Dadié.

Quelques-uns des membres du collectif  étaient présents, ont déclamé des poèmes  et j’ai été percutée de plein fouet par leurs prestations. Ils ont une manière singulière de donner vie aux mots immatériels, de nous communiquer leur envie, leur passion.

Quand ils ont annoncé leur soirée slam en honneur à Bernard Dadié, j’y ai couru. Dans la salle, dansaient allègrement des notes de slam accompagnées d’une douce musique. Ces notes, faisant partie du 1er album du collectif « Au nom du Slam », m’ont donné la chair de poule. Transportée par la musique et les textes, je n’ai pu m’empêcher de sortir 3000 francs CFA  de mon portefeuille et d’acheter ledit album.

En quelques lignes, je vous dévoile son contenu.

 

Piste 1 : «Mon choix » par Philo

Djo*, J’ai fait mon choix

J’aime le slam et je veux vivre

Quoi !  A l’heure-là ?

Djo, slam là demain

 

Demain ? C’est bien mais demain c’est loin.

….

Vivre de coups de main

Vivre à forcer des mains

Je dois choisir aujourd’hui pour de bon le bon chemin

Un chemin qui me permette de détenir mille comptes

Un chemin qui me permette de vivre une vraie liberté…

Connaître une vie sans acomptes

Mais par-dessus tout vivre à mon propre compte

 

Philo veut être slameur et en vivre aujourd’hui. «Mon choix» est une gracieuse introduction à l’album.

Piste 2 : «Pasteur Billy Kobra» par Destou Popou

Ah ! Quand un homme utilise la foi des autres pour se remplir les poches, ça donne le prototype de Billy Kobra. J’ai bien aimé le refrain de ce slam. J’ignore en quelle langue il est écrit alors je ne peux vous le transcrire. 🙂

Piste 3 : «Le Bon Dieu n’est pas une femme»  par Sergeph

J’écris des livres et pour elle ce n’est rien

Comment pourrait-elle voir un trésor dans ma plume

Si pour elle la vie n’est que marteau et enclume

J’ai rejoué cette piste plusieurs fois parce que je n’arrivais pas à capter l’essence du texte chanté. J’ai fini par comprendre et je vous dis que :

Le Bon Dieu n’est pas une femme

Le Bon Dieu est un poète

Qu’on le veuille ou pas, la poésie nous accompagne, elle porte nos pas…

Piste 4 : «Pensées» par Roi Fort Malick

Pour marier une personne, il faut la connaître

Pour connaître une personne, il faut la marier

 

Quand les larmes coulent c’est que l’amour est vrai

Mais si l’amour est vrai pourquoi les larmes coulent ?

 

Chacun veut être meilleur sans faire d’erreur

Pourtant c’est en corrigeant ses erreurs qu’on devient meilleur

 

Roi Fort Malick questionne son environnement. Il fait tout au long du texte ce jeu des duos de phrase où l’une remet en question la véracité de l’autre.

Piste 5 : «Victoire» par Noucyboss

Songer à être l’acheveur et non l’achevé….

Noucyboss veut  la liberté, dénoncer les coups louches. Il veut la victoire de la lumière sur les ténèbres.

 

Piste 6 : « Mon vié Môgô » par Kapegik

Sa vie est une aventure

Chaque jour est un épisode

Ses deux mains et sa sueur

Voici ses seuls diplômes

Sa vie n’est pas douce comme une mélodie de rumba

Donc comme il se gère comme il peut

 

En nouchi (argot ivoirien), Kapegik parle d’un homme déterminé et brave qui fait ce qu’il peut avec ce qu’il a pour assurer son quotidien.

 

Piste 7 : «Il est comme ça» par Lyne

La voix de Lyne séduit, renverse ; c’est un vrai délice. Sur un smooth jazz, Lyne raconte l’histoire de ce mec dont toute femme rêverait seulement si elle est allergique au bonheur.

Piste 8 : «Seul tu resteras» Bee Joe

Quand les temps seront roses

Tu connaîtras beaucoup d’amis

Mais quand les temps deviendront moroses

Pause… Observe et tu verras

Au moindre coup de pétard

Seul tu resteras

Pire comme ce sans-abri que nos regards tuent sur un boulevard

Tu ne crois pas, tu verras

 

Un très beau texte qui évoque l’ingratitude. Les notes jouées au piano ont été bien choisies. Elles accompagnent parfaitement le texte.

Piste 9 : «Adam & Eve » par Amee

La femme n’est pas le sexe faible, Amee le proclame haut et fort. Ce texte est riche. Je vous donne l’info du siècle si je vous dis que j’ai aimé ce texte pour l’élévation de la femme qu’il chante ?

Adam, si tu étais le plus fort

Le tout-puissant n’aurait pas jugé opportun de t’envoyer du renfort.

Adam, si la force n’appartenait qu’aux hommes

Tu n’aurais certainement pas eu la faiblesse de manger cette pomme

Piste 10 : «Gbangban** est trop» par L’Etudiant

On a confié notre sort à DIEU

Parce que nos dirigeants ont mal aux yeux

On est  fatigué de crier, personne ne nous entend

Nos dirigeants ont plastifié leurs tympans

Le chômage continue de grimper dans les sondages

Est-ce que vous pouvez contre sa popularité ?

En nouchi (argot ivoirien), l’Etudiant dénonce la piètre condition dans laquelle les étudiants vivent. Ils sont riches de leurs soucis…

Piste 11 : «Au nom du Slam » – Le collectif 

Parce qu’on vit encore dans l’anonymat

Certains esprits nous prennent de haut

Parce que eux, ils veulent ce qui marche

Nous, on a décidé de faire marcher ce qu’on veut

 

L’apothéose de l’album, chaque artiste chante son amour du slam. Un véritable coup de cœur pour moi, l’amoureuse de la poésie, ce genre oublié, délaissé…

Ces talentueux slameurs m’ont enchantée. Ils ont fait chanter mon cœur, ils ont fait danser mon cerveau. J’espère que vous ne passerez pas à côté de ce joli coffret d’esprits qui ont souscrit à l’espérance.

Quand l’écouter ?  Lors des embouteillages, dans une file d’attente interminable, au réveil, avant la sieste, au coucher.

Ah oui, j’ai failli oublier de souligner un petit bémol à l’album :

Il

Est

Trop

Court 🙂

*Djo : mec en nouchi (argot ivoirien)

**Gbangban : problème, conflit en nouchi (argot ivoirien)

Voulez-vous écouter un extrait de l’album ?

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Obsession

L’Attente fortement ressentie par le personnage de la nouvelle Obsession… – qui a inspiré le titre de ce recueil – est un leitmotiv partagé par plusieurs autres nouvelles. Dans Marie-Espoir, Comment choisir ? et Tic-tac, après maintes déceptions, la vie s’annonce  enfin prometteuse pour Marie, Sakhine et Aboua. Quant à la cupidité, véritable gangrène sociale, elle fait prendre des risques à Betty, Elisa et Aby, trois jeunes dames pourtant pleines de vie dans Les attaquantes, et même à Jacob pour qui l’argent semble plus précieux que sa santé dans Le matelas. Ainsi va la vie, entre déboires et rayonnements, vices et innocences…

Dans ce recueil de quinze nouvelles, des travers de notre société  comme l’inceste, le mariage forcé, l’escroquerie, côtoient des sentiments nobles tels que l’Amour et le Don de soi, pour montrer que l’Espoir est toujours et encore permis.

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En parcourant la quatrième de couverture, on peut penser que ce recueil est banal, qu’il vaut un autre livre et pourtant …

L’on ferait un «Reading–faux-pas » en sous-estimant la force de cette œuvre.

En parcourant mon blog, vous pourrez voir que j’ai lu plus d’une dizaine de recueil de nouvelles, si vous me demandez celui qui m’a le plus marquée,  je vous dirais : Obsession de Komara Constance Mariam.

J’ai l’habitude de lire des nouvelles avec des chutes brutales, inattendues, Komara Constance Mariam m’a fait découvrir des nouvelles aux belles ouvertures et forts goûts d’inachevé.

La majorité des nouvelles se termine avec une action en suspens, l’auteur donne la liberté au lecteur de trouver la fin qui lui convient.

La plume de l’auteur est simple, sans fioritures ce qui permet au lecteur de se projeter facilement dans les scènes décrites.

L’auteur ne veut pas ennuyer son lecteur et on le sent dans les moindres détails. Chaque héros de nouvelles a une profession différente ce qui nous permet de voyager dans des décors distincts : expert en développement durable, banquière, entrepreneur, professeur à domicile, policier…

Il en est de même pour les sujets évoqués : inceste, recherche d’une ascension sociale, cupidité, corruption, pauvreté, chômage, mariage consanguin…

 Quelles sont les nouvelles que j’ai préférées ?

Marie-Espoir

Je parie qu’avec un prénom pareil, vous m’imaginez pleine d’espoir ! Je vis sur une « Terre d’Espérance »  mais hélas, je ne peux être la mascotte de mon pays tant je suis le pessimisme personnifié !

L’emploi de Marie-Espoir est en-dessous de son niveau d’études, sa vie sentimentale est un désastre.  Désespérée de sa situation, elle se réfugie dans la prière et les veillées à l’église. Là-bas, elle recevra une prophétie qui désignera son mari, un homme auquel elle ne s’attendait pas et le lecteur non plus…

J’ai beaucoup aimé cette nouvelle pour la mise en exergue d’un fait que l’on rencontre souvent dans les églises évangéliques où des couples sont formés sur la base de prophéties divines. Révélation divine ou calcul sentimental effectué par les pasteurs ? Seul DIEU, le pasteur et le couple formé le savent … 😀

Cette nouvelle se termine sur un gros dilemme et j’avoue avoir élaboré plusieurs scénarii pour la suite de cette histoire.

J’y suis, j’y reste

J’y suis et j’y reste ! Vous les jeunes d’aujourd’hui vous êtes ingrats. Comment comprendre que vous voulez me faire quitter la maison qui vous a vu naître ? Dans cette maison, j’ai été pauvre. Dans cette même maison, j’ai eu ma fortune.

Un père de famille refuse de quitter sa maison située dans un bidonville et pourtant sa situation financière lui permet de le faire. Pour quelle raison est-il si attaché à cette maison ? La réponse est à la fin de cette nouvelle

J’ai bien aimé  le côté mystique de cette nouvelle qui fait 10 pages. Là encore, l’histoire s’achève sur un choix que doit opérer l’un des protagonistes de l’histoire et l’on ne peut en tant que lecteur s’empêcher de vouloir choisir pour lui.

Tic Tac parce que j’ai connu la période de chômage et toutes les interrogations qui en découlent.

Comment choisir ? Rester dans une vie de maîtresse frustrée d’un homme marié ou épouser un étranger et vivre une union longue distance avec son corollaire de contraintes, ou alors me mettre en couple avec un collègue avec tout ce que cela impliquera comme déconvenues professionnelles et racontars sur notre compte ?

A la place de l’héroïne, qu’auriez-vous fait ? Moi, je cherche encore … 😀

 

Et pourtant c’est lui. Un homme est accusé d’avoir volé le portefeuille d’un autre. L’accusatrice est formelle mais le portefeuille ne se retrouve pas sur l’accusé. Où se trouve-t-il donc ? Cette nouvelle s’étale sur 2 pages. J’ai beaucoup apprécié sa touche d’humour.

Veuf mais pas trop  Un homme perd sa femme. En plein deuil, il s’aperçoit que celle qu’il a épousé n’était pas vraiment sa femme… J’ai été agréablement surprise par la fin. Là encore, on ne peut s’empêcher de s’imaginer la suite des événements de l’histoire.

Fatalité qui dénonce les conséquences du mariage consanguin. L’histoire m’a beaucoup émue.

Quelques nouvelles ne m’ont pas séduite. Il s’agit de :

Renoncer.  Le récit d’un policier qui se laisse entrainer dans la corruption et décide d’y renoncer. La moralité est forte mais je n’ai pas été transportée émotionnellement.

Mes yeux ont vu. Un amoureux de la nature au point de voir en elle une femme… L’histoire se lit aisément mais elle ne m’a pas emportée.

Le matelas.  Un homme à l’apparence très pauvre et pourtant très riche. J’ai déjà entendu une histoire de ce genre avec le même début, le même corps et la même fin. Je m’attendais à une autre tournure de l’histoire, plus originale.

La grenouille du Marabout. Le début de la nouvelle ressemble à un conte. Je n’arrivais pas à entrer dans l’histoire. J’ai relu les premières pages à deux reprises.

Garba le Jouisseur veut officier comme marabout afin d’assouvir ses fantasmes démesurés. Il utilise donc un subterfuge pour arriver à ses fins. Son manège fait rire, la fin de l’histoire aussi mais je m’attendais à une autre tournure, à une fin plus explosive.

Je vous souhaite une très belle découverte de l’œuvre.

Quel recueil de nouvelles lu vous a marqué ?

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Photo de groupe au bord du fleuve

Elles sont une quinzaine à casser des blocs de pierre dans une carrière au bord d’un fleuve africain, et elles ont décidé ensemble de doubler le prix de vente de leur sac de gravier .jusque-là acheté à vil prix par des entrepreneurs voraces. L’enjeu de cette lutte n’est pas seulement l’argent et sa faculté de transformer les rêves en projets – recommencer des études, ouvrir un commerce, prendre soin de sa famille …. Malgré des vies marquées par la pauvreté, la guerre, l’oppression au travail, les violences sexuelles et domestiques, les « casseuses de cailloux » découvrent la force collective et retrouvent l’espoir. Cette journée ne sera pas comme les autres, et les suivantes pourraient bien bouleverser leur existence à toutes, à défaut de changer le monde.

Photo de groupe au bord du fleuve

Ce roman de plus de 400 pages décrit la réalité de l’Afrique, ses miracles qui sont routine quotidienne ailleurs : accès à l’eau potable, l’électricité et soin médical ; ses traditions qui ne favorisent pas la condition de la veuve, expropriées de tous ses biens, à la merci d’une belle-famille cupide et hypocrite.

Triste à dire, mais en Afrique il n’ y a pas que le sida et la malaria qui tuent, le mariage aussi.

Et chaque souffrance est unique. Personne ne peut vivre ni supporter celle d’une autre.

Photo de groupe au bord du fleuve est le portrait de femmes qui se construisent une deuxième vie parce qu’on a détruit la première, ont subi le pouvoir de l’Etat, du sexe masculin.

Au fil des pages, on découvre des femmes avec un passé douloureux, un présent laborieux et un futur qu’elles espèrent radieux. Elles ne font pas que l’espérer, elles se battent pour l’avoir.

Analphabètes ou instruites, coquettes ou hommasses, elles dépassent leurs différences et s’unissent pour résister aux pressions sociales et défendre leur droit primordial : le respect et la dignité.

Photo de groupe au bord du fleuve est le portrait d’un pays, d’un continent qui donne toujours l’avantage aux hommes, portrait d’un pays, d’un continent où le peuple doit penser à l’intérêt général, le Président et ses collaborateurs à leurs intérêts personnels.

C’est triste de voir qu’au 21e siècle, l’exploitation de l’homme par l’homme existe encore …

Ce roman est plein de sentiments : rire, tendresse, larmes, peur, doute, révolte, déception … L’histoire n’est pas linéaire, attise notre envie d’aller jusqu’au bout. J’avoue que j’éprouvais de la culpabilité quand je devais lâcher le livre quelques instants pour vaquer à mes occupations quotidiennes.

J’ai adoré ce roman pour la condition de la femme africaine qu’il met en évidence et l’espoir qu’il instille ! Que dire du caractère bien trempé de ces femmes !  J’ai admiré leur force, leur solidarité, leur détermination, leur sacrifice…

Où se trouve la sincérité d’une solidarité si cela n’implique aucun sacrifice ?

J’ai adoré ce roman pour la narration à la deuxième personne que je trouve originale et vivante, pour cette porte ouverte à l’imagination du lecteur concernant  l’évolution d’un amour naissant …

Ce livre est gravé dans ma mémoire, inscrit au Top 3 de mes coups de cœur littéraires.

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre