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TTL 65 : Tunis Blues – Ali Bécheur

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est : Artiste

N’ayant pas en tête un livre où l’un des personnages est un artiste, j’ai décidé d’interpréter le thème à ma guise. 

Dans ma bibliothèque, une 4e de couverture évoque un artiste

Dans ma bibliothèque, une 4e de couverture évoque la poésie.

Dans ma bibliothèque, une 1ère de couverture a un graphisme artistique.

 

Il s’agit de Tunis Blues 

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Quand l’été n’est plus que cendres, Tunis a le blues. Et le monde n’est plus qu’un piano désaccordé.
Le temps d’une saison, Jimmy, le déraciné, oiseau de nuit en quête d’aventures, croise le chemin d’Ismaïl, le juge solitaire et rigoriste, exaspéré par le comportement de ses concitoyens et leurs mœurs ostentatoires. Le destin les guidera vers des amours improbables avec Lola, la voyante au grand cœur, Elyssa la jeune bourgeoise passionnée, et Choucha, la journaliste, femme libre et intransigeante.

Une partition à cinq voix où vibrent, du vieux quartier de La Fayette à la colline de Sidi Bou Saïd, l’âme de la ville, les blessures de la vie et l’appel d’un monde à inventer.

À lire comme on écoute du Miles Davis…

l'Afrique écrit

Des vies qui s’épanchent, se racontent, une description de la ville de Tunis qui je trouve à des points de ressemblance avec Abidjan notamment en ce qui concerne les embouteillages.

Jimmy est celui qui ouvre le bal. Qui est ce jeune homme aimant se vêtir de noir, part à la chasse dans les boîtes de nuit, repère une proie, passe la nuit avec elle et lui fait les poches ? Au fil du récit, on découvre son histoire, l’histoire d’un déraciné…

On découvre également l’histoire du juge Ismaïl, de Lola, la voyante, Choucha la journaliste et Elyssa la jeune bourgeoise. Leurs destins s’entrecroisent, des histoires multiples, un blues partagé.

Chacun raconte ses blessures et ses espoirs. Ces personnages sont plaisants à suivre, mon personnage coup de cœur a été Lola. J’ai été touchée par son grand cœur et son réalisme.

J’ai été charmée par la plume de l’auteur. J’ai apprécié ses envolées philosophiques qu’il m’a fallu relire plusieurs fois comme cet extrait 

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J’aimerais bien lire une autre œuvre de cet auteur dans un avenir proche.

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Le tunnel – Ernesto Sabato

Juan Pablo Castel est artiste peintre et meurtrier. C’est son histoire qu’il va dépeindre depuis sa cellule. Un autoportrait tout en taches sombres, bardé par endroit de couleurs violentes, d’éclairs de lucidité, que ni sa conscience ni les faits ne peuvent contenir. Un autoportrait au fusain, noir et gris, avec du rouge. Ce rouge qui prendra bientôt plusieurs significations, au fil de son témoignage et de sa volonté de se comprendre : le rouge de la passion et le rouge du sang. Car, dès le départ, Juan Pablo Castel nous dévoile tout. Il est l’assassin de la femme qu’il continue à aimer, malgré la mort, plus que sa vie.

Derrière un pseudo roman policier à l’intrigue dévoilée se cache un ouvrage à l’ambition téméraire : nous donner à voir toute la pensée de l’auteur, son humanisme, sa vision du monde moderne, son existentialisme. À la fois réflexion sur la solitude de l’artiste et sur l’incapacité de son personnage à communiquer, cet livre est aussi une touchante mise en écriture de la passion amoureuse, lucide et cruelle.

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En 2017, j’ai voulu découvrir la littérature sud-américaine. J’ai dressé une liste de livres à découvrir dans laquelle figurait le Tunnel. J’ai enfin pu le lire grâce à ma binôme du swap mythologie grecque qui l’a inséré dans mon colis.

Lors d’un Salon à Buenos Aires où sont exposées ses œuvres, Juan Pablo remarque une jeune femme qui semble intriguée par un point de détail sur une de ses toiles, détail auquel personne n’avait jusqu’ici fait attention.

Enthousiasmé de savoir qu’enfin une personne puisse le comprendre véritablement, il fait de Maria, la jeune femme, une obsession et met tout en œuvre pour la retrouver. Maria devient le centre de son monde.

Il nous raconte la passion dévastatrice qui les a liés dans les rues animées de la capitale argentine. Passion folle, amour exclusif, drogue dure, relation abusive.

Maria est déjà en couple et il accuse de le tromper, de ne pas l’aimer, de lui mentir. Il essaie de trouver des preuves pour justifier sa jalousie maladive.

S’ensuivent des conflits réguliers qui vont déboucher sur le drame.

J’ai apprécié cette lecture rapide, ce récit bien narré où la jalousie mène la danse : le tango de la passion amoureuse puis la valse de la mort.

 

Le portrait de Juan Pablo est intéressant. Misanthrope, nihiliste, vaniteux, égocentrique, il est. Il analyse tout, sans arrêt. Le moindre geste, la moindre phrase, l’intonation de cette phrase, tout est passé à la loupe.

 

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Le portrait de Maria est quant à lui un mystère insondable. J’aurais aimé que le narrateur nous donne des pistes pour cerner sa personnalité, connaître ses sentiments. J’ai refermé le livre avec trop de points en suspens, de questions sans réponse.

Il y a  matière à interprétation, à discussion.  Etudier ce roman à l’école aurait été une  plus-value. J’en ai été convaincue après lecture de cette note de lecture. 

 

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Marelle de Julio Cortazar, une lecture à expérimenter

Horacio Oliveira est un nihiliste qui rejette la rationalité du monde et dont les maîtres mots sont hasard, rêve, fantaisie… L’épopée de cet exilé argentin débute à Paris où il vit un amour total avec une femme nommée la Maga ; elle se poursuit à Buenos Aires à la recherche de cette dernière. Et sa vie prend bientôt un cours étrange quand il se persuade de deux phénomènes extraordinaires : la réincarnation de sa maîtresse dans une autre femme et la découverte, dans le mari de celle-ci, de son propre double…

Avec ce roman puzzle qui offre la possibilité d’une lecture linéaire ou « butineuse », Julio Cortazar invente le roman interactif. Faisant preuve d’un talent novateur dans la construction du récit, multipliant les perspectives narratives et chamboulant la chronologie, l’auteur argentin fait acte de création, offrant au roman une nouvelle dimension. Marelle constitue sans aucun doute son oeuvre maîtresse et est considéré comme l’un des ouvrages les plus importants de la littérature hispano-américaine moderne. 

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Comment écrire une note de lecture de ce roman fleuve sans le trahir ? Telle est la question qui a défilé sous mes yeux en refermant ce livre de plus de 500 pages.
C’est un pavé et je l’ai lu en deux semaines, faisant des pauses entre les chapitres pour m’aérer l’esprit et ne pas me lasser de ce livre dont la complexité n’a d’égal que son caractère novateur.
Marelle n’est pas n’importe quel livre. Il a son mode d’emploi alors lisez attentivement ce qui suit : 
A sa façon, ce livre est plusieurs livres mais en particulier deux livres. Le lecteur est invité à choisir entre les deux possibilités suivantes :
Le premier livre se lit comme se lisent les livres d’habitude et il finit au chapitre 56, là où trois jolies petites étoiles équivalent au mot Fin. Après quoi, le lecteur peut laisser tomber sans remords ce qui suit.
Le deuxième livre se lit en commençant au chapitre 73 et en continuant la lecture dans l’ordre indiqué à la fin de chaque chapitre.
Ma curiosité m’a poussé à lire les deux livres. Ma lecture a donc débuté par le chapitre 73. Une lecture non linéaire, moins mécanique où l’on passe du chapitre 73 aux chapitres 1 et 2 puis au chapitre 116 et ainsi de suite…
J’ai eu l’impression en lisant ce roman de marcher les yeux fermés, de me laisser porter. J’ai apprécié cette sorte de surprise dans l’expérience de lecture. Ce roman via cette lecture butineuse nous invite à ne s’intéresser qu’à l’instant présent, qu’au chapitre qui se dévoile.
Ces chapitres aux longueurs variées forment un carrefour des langues. On y trouve du français, de l’anglais, de l’espagnol et même une langue inventée par Sibylle et qu’elle ne parle qu’avec Horacio : le gliglicien.
Cette langue parlée qu’à deux n’est-elle pas le reflet de la singulière histoire d’amour qui unit l’argentin Horacio Oliveira à Sybille, l’uruguayenne ? Un amour qu’Oliveira vit en retrait, s’emploie à détruire en pensant qu’il renaîtra des cendres ?
Oliveira est membre d’un club où se trouvent également Wong, Ossip, Etienne, Ronald. Des personnages qui interrogent le monde, leur réalité et surtout l’oeuvre de l’écrivain Morelli, œuvre qui fût une réflexion sur le problème de l’écrire.
Marelle est un roman déconcertant où l’on trouve pêle-mêle des articles de journaux, des extraits de livres, des aphorismes, des transcriptions des analyses de Morelli sur la  littérature et ce que l’écrivain devrait en faire.
À quoi sert un écrivain si ce n’est à détruire la littérature ? 
Le véritable et l’unique personnage qui m’intéresse c’est le lecteur, dans la mesure où un peu de ce que j’écris devrait contribuer à le modifier, à le faire changer de position, à le dépayser, à l’aliéner.
Morelli pense que l’écrit purement esthétique est un escamotage et un mensonge. 
Tu diras ce que tu voudras, poursuivit Perico d’un air entêté, mais aucune véritable révolution n’a été faite contre les formes. Ce qui compte, mon petit, c’est le fond, le fond.
— Nous avons derrière nous des dizaines de siècles de littérature de fond, dit Oliveira, et tu peux voir les résultats. J’entends par littérature, évidemment, tout le parlable et le pensable.
Morelli semble convaincu que si l’écrivain reste soumis au langage qu’on lui a vendu avec ses vêtements, avec son nom, sa religion et sa nationalité, son œuvre n’aura de valeur qu’esthétique, valeur que le vieux semble de plus en plus mépriser. Il est même très explicite à un moment donné : selon lui, on ne peut rien dénoncer si on le fait à l’intérieur du système dont dépend ce qui est dénoncé.
Certains passages m’ont déconcertée, énervée ou fait rire comme la théorie de la preuve mathématique de la non-existence de l’enfer.
Il y a des passages illisibles, inaccessibles au commun de mortels. Des passages trop métaphysiques et philosophiques pour mon jeune esprit que je n’ai pas saisis, d’autres dont je n’ai pas compris l’utilité mais Marelle est une expérience de lecture à faire. J’ai noté bon nombre de passages que je vous partage 
Nous nous connaissions à peine et déjà la vie tissait ce qu’il fallait pour nous séparer minutieusement
Du oui au non, combien de peut-être ? […] Notre seule vérité possible doit être invention, c’est-à-dire écriture, littérature, peinture, sculpture, agriculture, pisciculture, toutes les « tures » de ce monde.
Tout ce qu’on écrit de nos jours et qui vaut la peine d’être lu est axé sur la nostalgie.
Essayons d’inventer des passions nouvelles, ou de revivre les vieilles avec la même intensité. 
J’analyse une fois encore cette conclusion, essentiellement pascalienne : la véritable croyance se situe à mi-chemin entre la superstition et le libertinage.
Pour ces gens-là, l’action sociale ressemblait trop à un alibi, comme les enfants sont généralement l’alibi des mères pour leur éviter de faire quelque chose de leur vie.
Sans doute, de tous nos sentiments, le seul qui ne nous appartienne pas véritablement, c’est l’espoir. L’espoir appartient à la vie, c’est la vie même qui se défend.
Que pensait le Christ dans son lit avant de s’endormir, hem ? 
L’homme est l’animal qui pose des questions. Le jour où nous saurons vraiment poser des questions, il y aura dialogue. Pour le moment les questions que nous posons nous éloignent vertigineusement des réponses. 
Un métaphysicien m’a dit, croyant faire de l’esprit, que déféquer lui procurait une impression d’irréalité. Je me souviens de ses propres termes : « Tu te lèves, tu te retournes et tu regardes, et alors tu te dis : Pas possible, c’est moi qui ai fait cela ? »
Les gens qui se donnent des rendez-vous précis sont ceux qui écrivent sur du papier rayé et pressent leur tube de dentifrice par le fond.
Les vies qui s’achèvent comme les articles littéraires des journaux et des revues, si ronflants en première page et dont la fin se traîne minablement, là-bas vers la page trente-deux, perdue au milieu de réclames pour des soldes ou des pâtes dentifrices.
En rêvant, il nous est permis d’exercer gratuitement notre aptitude à la folie.
En refermant ce livre, j’ai eu l’impression d’avoir atteint un but. Lequel ? Permettez-que cela reste un secret entre Julio Cortazar et moi. 
GM signature
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Paludes d’André Gide ou le métier d’écrivain

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Paludes, ou la semaine au jour le jour d’un littérateur en mal de voyage. Dans le microcosme étrangement fidèle que nous restitue le récit d’André Gide, domine la figure de Tityre, berger de tous les temps, habitant des marécages où fourmille une vie insolite. Mais quel est au juste ce Tityre, qui se nourrit de vers de vase, faute de pêches plus consistantes ? Richard, peut-être, l’orphelin besogneux par nécessité et pauvre par vertu, dévoué jusqu’à épouser une femme par dignité, sans amour N. Ou bien Hubert, le rationnel, dont la spécialité est de chasser la panthère à l’escarpolette. Ou, plus simplement, le narrateur cet amoureux – fou du changement qui, le cœur en fête, part en voyage avec Angèle mais ne va pas plus loin que Montmorency. Puisque, quelle que soit la direction choisie, l’individu revient toujours sur soi-même. H Recommencer ma vie ? s’interrogeait Gide dans son journal. Je tâcherais tout de même d’y mettre un peu plus d’aventure. 

Sous le couvert d’un dilettantisme savant, d’une fantaisie contrôlée avec art, voici le journal d’un homme qui dirigeait ses journées avec un enchantement mesuré et le sens aigu de la cadence. Faussement négligent, le ton ne manque en effet ni d’harmonie ni d’humour. Au besoin, l’auteur se livre à une satire décapante des gens de lettres, du philosophe au bel esprit.

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De quoi parle votre histoire ? Une question à laquelle chaque auteur a droit. Parler de son oeuvre est un exercice parfois difficile. L’auteur de Paludes l’expérimente.  

Paludes est spécialement l’histoire de qui ne peut pas voyager, c’est l’histoire d’un homme qui, possédant le champ de Tityre, ne s’efforce pas d’en sortir, mais s’en contente. C’est l’histoire d’un marais, l’histoire de l’homme couché, l’histoire des animaux vivant dans les cavernes ténébreuses, et qui perdent la vue à force de ne pas s’en servir, l’histoire d’un célibataire dans une tour entourée de marais… L’auteur change la forme de l’histoire en fonction de son interlocuteur.

Paludes c’est l’histoire d’un homme qui pour s’occuper, sortir de la monotonie de son quotidien, faire quelque chose de plus que son ami Hubert écrit. C’est l’histoire d’un homme qui aimerait achever ce qu’il commence. C’est l’histoire d’un homme en quête d’imprévu, de surprise.

Paludes est difficile à cerner, on le juge inutile et fâcheux.

L’auteur juge lui-même son livre d’ennuyeux mais continue à l’écrire parce que personne d’autre ne l’écrirait.

Cet écrivain qui ne réussit ni vers ni drame selon ses compères tente d’écrire un roman qu’il finira par abandonner pour un autre projet littéraire.

L’auteur tient un agenda et c’est marrant de constater qu’il ne s’y tient pas.

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Pourquoi écrit-on ? Doit-on écrire pour distraire ou uniquement pour renseigner ? Doit-on nécessairement faire quelque chose pour se sentir vivre ?  Telles sont les questions qu’aborde cette oeuvre.

J’ai apprécié ma lecture parce que les personnages sont amusants, les réflexions sur la réussite, la routine, le métier d’écrivain sont intéressantes. Dans le salon d’Angèle (amie de l’auteur de Paludes), lors d’une soirée de littérateurs, l’un d’eux a affirmé que la maladie est un plus.  J’ai admiré son argumentation. Les philosophes sont des savants 😀

Si vous avez envie de quitter le sentier de vos lectures habituelles ne serait-ce qu’un instant, Paludes est fait pour vous.

Grand merci à Sarah du collectif Abidjan Lit qui me l’a fait découvrir lors du dernier Babi Bookdate

Que lisez-vous en ce moment ?

PS: Pour découvrir le jour 18 du calendrier de l’avent c’est par ICI

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Terre Ceinte : survivre à la menace terroriste

Je continue ma découverte d’œuvres ayant reçu des prix littéraires. Celui que je vous présente aujourd’hui en a reçu deux : Le Grand Prix du roman métis en 2015 et le Prix Ahmadou Kourouma la même année.

Résumé de l'oeuvre

À Kalep, ville du Sumal désormais contrôlée par le pouvoir brutal des islamistes, deux jeunes sont exécutés pour avoir entretenu une relation amoureuse.
Des résistants tentent de s’opposer à ce nouvel ordre du monde en publiant un journal clandestin. Défi lancé au chef de la police islamique dans un climat de tension insoutenable qui met en évidence des contradictions et brouille tous les repères sociaux. Mais la vie, à sa façon mystérieuse, reprend toujours ses droits.
Terre ceinte met en scène des personnages enfermés dans un climat de violence. L’écrivain sénégalais en profite pour interroger les notions de courage et de lâcheté, d’héroïsme et de peur, de responsabilité et de vérité. À travers des dialogues étonnamment vibrants, des temps narratifs puissants, la correspondance échangée par les mères des deux victimes, s’élabore une réflexion contemporaine sur une situation de terreur.

l'Afrique écrit

 

Dieu est parti. Il a quitté ce monde depuis très longtemps dégoûté par son spectacle. Les Hommes sont seuls, ils font ce qu’ils veulent, car tout leur est permis. Et ce qu’ils veulent c’est le Mal : l’Homme est mauvais, et la société le rend encore plus mauvais.

Je n’aime pas la charia. Je l’ai détesté en regardant le film Timbuktu et je l’ai détesté davantage en lisant ce roman. 

Comment des hommes peuvent-ils manquer d’humanité et tuer leurs semblables sans une once de culpabilité et de tristesse ? Je n’arrive pas à le comprendre. 

Aimer Dieu, c’est aimer les hommes, et non se séparer d’eux.

 

Le fanatisme est dangereux et quand les hommes interprètent le silence de Dieu comme un accord ou un soutien c’est terrible. 

L’auteur dresse une belle fresque de la société opprimée par l’intégrisme religieux. Il dévoile les pensées profondes de ceux qui pensent défendre le nom de Dieu en imposant la terreur et celles de ces femmes et de ces hommes qui subissent cette terreur.

Sous l’angle de vue d’Abdel Karim, on découvre le profil psychologique d’un chef islamiste. Avec Ismaila, on réalise comment un jeune homme plein de vie s’éteint lentement dans le radicalisme.

Si les djihadistes viennent en Côte d’Ivoire et instaurent leur climat de terreur (je touche du bois) que ferai-je ? 

Vais-je subir ou réagir comme le Père Badji, Déthié, Codou, Madjigueen Ngoné, Vieux, Alioune ? Vais-je souffrir en silence, dos courbé, visage résigné ou souffrir en résistant, dos droit et visage déterminé ?

Déthié était la Liberté. Codou était la Justice. Madjigueen Ngoné était l’Egalité. Vieux était le Refus. Alioune était la Beauté. Le Père Badji était le Mystère. Tout cela constituait l’homme.

 

Il n’ y a naturellement ni héros ni salauds, et le courage, n’a alors pas plus de sens, ni de valeur, que la lâcheté. Il n’ y a d’abord que des gens qui ont peur et qui, ensuite, font quelque chose de cette peur: ils volent avec les ailes qu’elle leur donne aux talons, ou demeurent au sol, désespérément perclus.

 

J’ai apprécié la résistance des amis de Malamine, leur lutte pour éviter qu’on ne leur vole leur vie et leurs jours heureux. 

La guerre lui semblait être ce qui ne cessait de vouloir effacer le passé, une sorte de vaste destruction non seulement des villes, mais encore de quelque chose de plus essentiel en l’homme : du souvenir de ce qu’il a été, des joies qu’il a eues, de ses espoirs, des temps heureux.

 

Mon personnage coup de cœur est le Père Badji. J’ai apprécié sa nature mystérieuse et sa bravoure.

 

Ce livre m’a fait réfléchir sur l’unité d’un peuple et ses inconstances.

Ce journal a fait un pari sur le peuple. Il perdra car il ne faut jamais parier sur le peuple : il ne fait jamais ce que l’on attend de lui.

 

Il m’a également fait réfléchir sur la justice, la tolérance, l’importance de la liberté.  

Le récit ne s’achève pas comme je l’espérais. La victoire sur les djihadistes est de courte durée. Je me souviens encore du degré de tristesse qui a pris place dans mon cœur lorsque j’ai fermé le roman.

J’ai été sous le charme de la plume de l’auteur. Il a su faire une exacte représentation de la réalité contemporaine qu’est l’intégrisme religieux. C’est un pur littéraire, les mots se mettent sans rechigner au service de la réalité qu’il veut décrire.

C’est également un philosophe et ce côté m’a légèrement lassée. J’ai dû relire certaines phrases pour bien les comprendre. 

 

Terre Ceinte est un livre d’actualité. Il est à découvrir absolument.

 

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Mohamed Mbougar Sarr, fils de médecin, fait ses études secondaires au prytanée militaire de Saint-Louis-du-Sénégal avant de venir en France faire des classes préparatoires au lycée Pierre-d’Ailly de Compiègne puis intégrer l’École des hautes études en sciences sociales. Il a reçu plusieurs distinctions. La dernière est la médaille de bronze au concours de nouvelles des 8e jeux de la Francophonie. 

 

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L’Anté-peuple de Sony Labou Tansi

J’ai décidé de découvrir des livres qui ont reçu des prix littéraires en particulier des prix littéraires africains. J’ai débuté avec le Prix Ivoire et aujourd’hui je découvre le Grand prix littéraire d’Afrique noire.

Le Grand prix littéraire d’Afrique noire est attribué chaque année par l’association des écrivains de langue française, l’ADELF, reconnue d’utilité publique depuis le 19 juillet 1952, dont le but est de « promouvoir l’œuvre des écrivains qui, à travers le monde, s’expriment en français ». Le prix est ouvert aux « écrivains de langue française originaires de l’Afrique subsaharienne, ou à un ouvrage concernant cette zone géographique, en excluant les traductions »

J’ai donc lu le lauréat de 1983 : Sony Labou Tansi pour l’anté-peuple.

 

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Résumé de l'oeuvre

Époux et père modèle, fonctionnaire intègre, directeur adjoint de l’Ecole normale d’institutrices de Kinshasa, Dadou est, au Zaïre, un citoyen exemplaire. Mais les charmes de Yavelde, l’une de ses jeunes élèves, mettent sa vertu à rude épreuve… Comment résister à la tentation, en Afrique et ailleurs ? Ainsi recommence pour l’honnête, le tendre et lucide Dadou une aventure à la fois extraordinaire et terrible. Elle le conduira des geôles de son pays au maquis contre-révolutionnaire de l’Etat voisin dont il sera chargé d’exécuter le « Premier » représentant du pouvoir « anté-peuple ». Il s’apercevra alors que sous les régimes les plus différents la « mocherie » règne, identique et indéfiniment renouvelée.

 

 

l'Afrique écrit

Dadou est particulier dans son attitude, ses réflexions. Il pense différemment du commun des mortels, il a un penchant particulier pour le mot « moche », la mocherie. Dadou semble ne pas vivre, il existe tout simplement. Il s’est d’ailleurs marié parce que tout le monde se mariait.

C’est un homme ordinaire mais avec quelque chose de singulier. Cette singularité le rend attachant. Je l’ai encore plus admiré en le voyant lutter contre son attirance pour Yavelde. C’est un homme intègre, vertueux mais ce qu’il ressent pour cette belle jeune fille le ronge. Ne voulant pas succomber à la tentation, il se réfugie dans l’alcool. La gamine comme il aime l’appeler commet l’irréparable, un acte qui va priver Dadou  de sa liberté, sa famille.

Le peuple en effet, décide de faire justice à la jeune fille en privant Dadou des siens. La justice populaire est terrible et je l’ai encore vu ces derniers jours avec le meurtre de ce militaire ghanéen lynché par la foule.

Mais quel est donc ce pays où des citoyens croupissent en prison sans être jugés ? Quel est ce pays où la terreur hante le peuple, où les habitants surveillent chacun de leurs mouvements pour éviter de subir les humeurs du régime dictatorial ?

L’auteur à travers ce roman pointe du doigt l’abus du pouvoir, le chaos social.

J’ai apprécié ses phrases percutantes, philosophiques.

« Mais pourquoi donner un jour de paradis à quelqu’un qui a cent jours d’enfer? Pourquoi enseigner quinze minutes de bonheur à un malheureux à vie? »

 

Tu ne vas pas laisser quelque chose au fond de ta vie, faut tout vider. Il n’ y aura personne pour boire le reste. Chaque vie se doit de vider sa coupe

 

Elle était fort amoureuse de lui. Mais Dadou n’avait plus ce cœur qui aime. Il avait l’autre cœur : celui qui oublie.

 

Mais quoi qu’on dise du cœur, ce qu’est le cœur, seul, le cœur le sait.

– Le cœur, répéta Dadou. C’est le coeur qui peut-être nous trahit. Tout le reste nous est fidèle. […] Oui, le coeur, c’est lui qui nous bouleverse. Le reste est obéissant. Le reste nous comprend, mais pas le coeur.

 

C’était en ces temps troubles où les grandes amours traversent le pont des réalités. Et sur l’autre rive, la tempête, les crises, le sang.

 

J’ai apprécié son langage imagé, l’usage des figures de style comme la personnification, les métaphores :

Dans ce temps, les choses abstraites se personnifient : le temps l’avait trahi et continuait à le trahir ; Le temps lui avait toujours menti, sans vergogne.

 

Avant, je comptais sur le temps. Mais le temps devient impuissant. Le temps ne bande plus.

 

L’attention de l’auteur est focalisée sur le corps. Chair, viande, sang, on ne compte pas le nombre de fois où ces mots apparaissent dans le texte. Ils m’ont fait penser aux sacrifices. Peuple sacrifié, amour sacrifié, dignité sacrifiée ?

 

J’ai également apprécié les notes d’humour :

– Vous, un pêcheur, qu’est-ce que vous iriez faire là-bas ? Pourquoi demandez-vous le chemin de l’enfer ?

– Je connais un démon.

 

J’ai été touchée par l’amour fidèle de Yealdara pour Dadou. Cette jeune femme amoureuse de Dadou s’est donnée à lui corps et âme. Si une femme a causé la perte de Dadou, eh bien une femme lui a offert la rédemption.

J’ai apprécié l’univers présenté par Sony Labou Tansi. C’est un livre à décortiquer, à mâcher…

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Maison d’édition : Editions Seuil
Nombre de pages : 190

Date de publication : Septembre 1983

 

 

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Je remporte un point grâce à ce livre pour la nouvelle édition du CHALLENGE GOURMAND de titepomme sur Livraddict et 5 points pour le challenge des petits livres organisé par Liliaza sur Livraddict.

 

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Vous connaissiez l’auteur ? Que lisez-vous en ce moment ?

 

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Throwback Thursday Livresque #14 – Un livre jamais chroniqué sur votre blog et pourtant apprécié

Voici le Throwback Thursday Livresque ! Conçu sur le même principe que le Throwback Thursday d’Instagram mais vraiment concentré sur les livres !

Ce que permet ce rdv ? De ressortir des placards des livres qu’on aime mais dont nous n’avons plus l’occasion de parler, de faire découvrir des livres à vos lecteurs, de se faire plaisir à parler de livres !

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Le thème de cette semaine est : un livre jamais chroniqué sur votre blog et pourtant apprécié.

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Pour ce thème, j’ai choisi…. L’alchimiste (Editions France Loisirs).

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Résumé

Merveilleux conte philosophique, ce récit narre la quête de Santiago, jeune berger andalou à la recherche d’un trésor enfoui au pied des Pyramides. Initié par l’alchimiste, rencontré dans le désert, le jeune homme apprendra à écouter son propre cœur, à retrouver ses envies profondes et à prendre le chemin de l’accomplissement de son rêve.
Quête humaine bouleversante, une ode à la vie à lire, relire et à offrir à ceux qu’on aime.

Au début, j’étais un peu perdue.  L’alchimie et toutes ces théories, je n’y connaissais rien. Petit à petit, le voyage initiatique  de Santiago m’a poussé à faire mon propre voyage. 

Le rêve que poursuit Santiago m’a projetée dans l’univers de mes propres rêves et espoirs.

Par son voyage initiatique, j’ai refléchi, je me suis interrogé, je suis partie à ma recherche. 

Santiago est prêt à tous les sacrifices pour réaliser son rêve. Suis-je aussi passionnée par mes rêves ? Est-ce que je me donne les moyens de les réaliser ? Est-ce que j’écoute mon coeur ? Suis-je sensible à tout ce qui m’entoure ? Comment est-ce que je traite mon présent ?

« C’est dans le présent que réside le secret ; si tu fais attention au présent tu peux le rendre meilleur. Et si tu améliores le présent, ce qui viendra ensuite sera également meilleur. Oublie le futur et vis chaque jour de ta vie selon les enseignements de la Loi, et en te fiant à la sollicitude de Dieu à l’égard de ses enfants. Chaque jour porte en lui l’Eternité. »

Le bonheur est-il une destination ? 

Si tu veux comprendre le mot bonheur, il faut l’entendre comme une récompense et non comme un but.

La vie de chacun de nous a un sens, à nous de le découvrir !

Chacun de nous a sa Légende Personnelle, à nous de la vivre !

L’alchimiste est un roman à lire en prenant son temps. C’est un livre délicat, reposant, spirituel, optimiste que j’aurais chroniqué sur mon blog si je l’avais créé au 1er semestre 2013. 🙂

Tout ce qui arrive une fois peut ne plus jamais arriver. Mais tout ce qui arrive deux fois arrivera certainement une troisième fois.

« Une quête commence toujours par la Chance du Débutant. Et s’achève toujours par l’Epreuve du Conquérant. »

Quel livre auriez-vous choisi pour ce thème ? Avez-vous des romans sur la quête intérieure / épanouissement personnel à me recommander ?

L’image contient peut-être : tasse de café et texte

Cet article est également écrit dans le cadre du challenge d’écriture du Café des blogueuses sur le thème lecture

Toujours dans le cadre du challenge, je vous mets trois liens de blogueuses dont j’apprécie le travail. 

Dessins sans gluten – Journal de l’aurore – My trendy Lifestyle

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Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Throwback Thursday Livresque #10 Livre invisible

Voici le Throwback Thursday Livresque ! Conçu sur le même principe que le Throwback Thursday d’Instagram mais vraiment concentré sur les livres !

Ce que permet ce rdv ? De ressortir des placards des livres qu’on aime mais dont nous n’avons plus l’occasion de parler, de faire découvrir des livres, de se faire plaisir à parler de livres !

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Le thème de cette semaine est Livre invisible (un livre dont personne ne parle ou peu).

 

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La plupart des livres africains sont invisibles, la faute à leur absence numérique et un marketing inexistant. J’avais donc une très longue liste. Ne sachant pas pourquoi présenter un livre et pas un autre, j’ai décidé de vous présenter un livre sur le développement personnel. Un livre assez intéressant que je n’ai pas vu passer dans des groupes de lecture. 

 

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Ce livre aborde l’équilibre entre vie professionnelle, vie familiale et personnelle, la conciliation entre la paternité / maternité et le travail, l’influence positive que nous pouvons avoir sur la société. Même si on a l’impression de tourner un petit peu en rond au bout d’un moment, ce livre comporte de belles pistes de réflexion sur la conception des carrières professionnelles, la connaissance de soi-même,

« Si nous ne nous connaissons pas, nous ne nous estimerons pas à notre juste valeur. »

 

notre mission personnelle unique et singulière,  l’importance de la famille. Il nous amène à refléchir sur la nature de nos motivations qui sous-tendent chacune de nos actions : motifs extrinsèques, intrinsèques et transcendants.

J’ai beaucoup aimé ce néo-féminisme basé sur la coopération homme/femme dans toutes les sphères de la vie (famille, culture, entreprise et société)

 

Je vous partage quelques passages que j’avais soulignés

La culture est devenue frivole, banale et amusante. Nous compensons l’absence de sens profond par la consommation et le divertissement, qui ont produit en nous un dérèglement du contrôle de nos impulsions et une absence d’idéaux. 

 

En même temps, en dissociant amour et sexualité, la femme a voulu agir comme un homme, et elle ne se rend pas compte que lorsqu’on utilise le corps de l’autre, on s’utilise en fin de compte soi-même comme un objet de plaisir et de consommation. 

 

Les idéologies égalitaristes annulent les différences en prétendant qu’elles n’existent pas, et en laissant chacun choisir ce qu’il veut être. 

 

Il ne s’agit pas de réaliser de grandes choses, parce que peu d’entre nous ont la chance ou l’énergie qu’il faudrait pour le faire, mais de faire consciencieusement et avec tendresse ces petites choses que nous devons penser à faire chaque jour, comme de participer à des projets  solidaires par exemple.

 

Pour avoir une influence sur la société, nous devons être un exemple et un soutien pour les autres.

 

 

Notre vie se développe en grande partie, au sein de l’entreprise. De grandes possibilités de développement personnel nous y sont offertes- ou non-,et elle constitue le lieu idéal pour laisser notre rempreinte. Nous pouvons contribuer au développement des personnes qui travaillent à nos côtés et également participer à la mission de l’entreprise où nous travaillons.

 

A quel livre ce thème vous fait penser ? 

 

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Publié dans Revue cinéma

Collateral Beauty, un film qui aurait pu être exceptionnel

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Avec les femmes de valeur de mon groupe de célibataires, nous avons décidé d’aller regarder Collateral Beauty (Beauté Cachée) . Il faut dire que le trailer donnait envie

 

 

SYNOPSIS 

Suite à une terrible tragédie, un publicitaire new-yorkais à la réussite exemplaire sombre dans la dépression. Ses collègues échafaudent alors un stratagème radical pour l’obliger à affronter sa souffrance de manière inattendue…
mon-avis-de-lecture
Howard Inlet, (Will Smith) un publicitaire a perdu sa fille depuis 2 ans et  ne s’en remet pas. Il décide d’envoyer des courriers à : l’amour, le temps et la mort. Inquiets pour son sort et le futur de l’entreprise, ses collaborateurs engagent un détective privé pour l’espionner. Ils vont ainsi intercepter ses courriers et avoir une idée: engager 3 acteurs, qui auront la lourde tache de personnifier ces abstractions, dans l’espoir de déclencher un processus de guérison radical chez le concerné, mais aussi… sauver l’entreprise !
 
Collateral Beauty est un film choral empreint de tristesse, de sensibilité et d’émotion. Nous rencontrons un homme et une femme qui ont perdu leur fille, un père divorcé qui essaie de maintenir sa relation avec sa fille, un homme atteint d’une maladie qui semble incurable, une femme rattrapée par son horloge biologique.
 
Ce film véhicule une philosophie de vie très importante : compter sur l’amour pour rebondir après le deuil, l’échec ;  protéger les liens qui nous unissent à ceux qu’on aime, prendre soin d’eux, utiliser le temps à bon escient. J’ai beaucoup aimé les réflexions et surtout cette phrase de Raffi  (Jacob Latimore)
Vos enfants n’ont pas besoin de sortir de vous, ils  peuvent passer par vous
On aime tellement posséder, pouvoir dire au monde qu’on a nos enfants qu’on oublie qu’on peut être les parents d’enfants qui n’ont que des géniteurs. On peut être parent de coeur. On peut inspirer et aider les enfants qui croiseront notre chemin.
 
 
La bande-son est superbe, les directeurs artistiques et photographes ont fait du bon boulot. Le jeu d’acteurs était aussi convaincant, leur interprétation était de qualité même si j’ai trouvé que Will Smith par moment en faisait un peu trop.
L’intrigue a son lot de surprises, j’ai beaucoup aimé ce retournement de situation, je n’y avais pas pensé (ma voisine de gauche, si. Elle était toute fière, si vous la voyiez)
 
Collateral Beauty est plein d’émotions mais il lui a manqué quelques trucs pour qu’il soit exceptionnel. Le rythme était très lent, l’histoire linéaire, je me suis ennuyée à certains moments. Le film manque de profondeur, d’intensité. J’ai trouvé dommage qu’on survole certaines histoires comme celles de Claire Wilson (Kate Winslet) et Simon Scott (Michael Peña)
 
Pour moi, ce film mérite un
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Quelques détails

 

Distribution

Avez-vous lu ou vu des livres et des films qui parlent d’une reconstruction après avoir vécu un deuil ? 

 fleur v1
Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Mémoire d’une tombe : la légende d’une révolution

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Il y a des livres que je lis pour m’évader, côtoyer l’inconnu.

Il y a des livres que je lis pour mieux écrire,  Mémoire d’une tombe fait partie de ceux-là.

J’ai choisi de lire ce livre parce qu’il a reçu en 2009 un prix et pas n’importe lequel, le Prix Ivoire créé en 2007 par quatre amoureux du livre, Isabelle Kassi Fofana, Henry N’Koumo, N’Dohou Luisiano et Asta Sidibé.

Tiburce Koffi, brillant narrateur, vous invite à assister à une vision en quatre moments dramatiques.

Venez, n’ayez pas peur, asseyez-vous autour du feu, ouvrez grand vos oreilles, écoutez la légende de Sama Toé, Kansar Tabaldé, Ilboudo Kassiérou, Bélem Kakoudi, Sombo Jean-Benoît, ces amis de lycée  devenus les leaders d’une nation fragile.  

Ouvrez grand vos yeux et contemplez la métarmorphose de Yalêklo, l’un des pays les plus pauvres du monde, à la sueur du travail et du sang.

Venez, voyez comment l’amitié est sacrifiée à l’autel du pouvoir. 

mon-avis-de-lecture

1er chapitre du livre  : je rencontre 4 camarades, membres  du Conseil des chefs historiques de la Révolution du 23 mars 1980. Ils font le bilan critique de cette grande révolution, annoncent une rectification, fortement désapprouvée par l’un des camarades qui semble être le chef, le président de la République. Le parfum âcre de la conspiration se répand lentement. Le narrateur annonce une histoire belle mais sale. Je suis hypnotisée par les notes sombres et enivrantes du djomolo (instrument de musique), emportée par sa poésie et l’art rhétorique du narrateur. 

Avec ses « mots-musique,  mots-couleurs, mots-voyants », il me plonge dans l’univers de Sama Toé, jeune élève studieux, réservé, bon sportif et encadré par le professeur Prévost, ce « Monsieur Afrique » qui a vécu plus de 30 ans sur le continent. Je rencontre également, Kansar, l’âme frère de Sama, la coqueluche du lycée.

Ces jeunes hommes obtiennent leur BAC, partent étudier en Côte d’Ivoire. Après la licence, ils choisissent d’aller à l’Armée à Bouaké. Ilboudo et Bélem épousent leur choix. Grâce à eux, je découvre avec enchantement le portrait de mon pays dans les années 80. 

Les jeunes militaires partent pour un stage d’un an à Cuba. Là, ils suivent des cours d’idéologie qui virent à de l’endoctrinement.

« Le rôle de l’armée, c’est de se battre aux côtés du peuple pour prendre le pouvoir ou le conserver, quand c’est elle qui le détient »

L’oeuvre devient un ouvrage didactique, me permet d’en savoir plus sur l’idéologie marxiste, le communisme, le révolutionnaire Che Guevara . J’apprécie la satire de la politique africaine, les réflexions sur le modèle économique de l’Afrique, les causes de notre retard en commençant par le mauvais business qu’ont fait nos ancêtres lors de la traite négrière . 

Aucun texte alternatif disponible.

 

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En Afrique, avait constaté Sama, le temps était gelé, distrait, corrompu, élastique à souhait : le temps des funérailles, longues, éprouvantes, dépensières et ruineuses, le temps de la sieste, le temps des mariages, le temps des ragots. Il manquait le temps de l’investissement.

A Yalêklo, l’égoisme pompeux du président rédempteur Hassadé Mohane révolte Sombo, ami de lycée de Sama et Toé. Devenu journaliste, il devient un fervent activiste.  Kansar le militaire concocte avec ses amis, une révolution inspirée des idéologies marxistes. ils veulent changer la destinée de leur pays, relever le challenge d’une révolution réussie en Afrique. Ils y arrivent avec de la détermination et… 

Sama Toé devient le leader, le président de la République , le camarade n°1. Sama est un rêveur actif. Il rêve d’une terre où la nation n’est pas un concept, il rêve d’indépendance économique. Il instaure avec ses camarades dirigeants de nouvelles lois. Le travail devient la première religion du pays. Le pays arbore un nouveau visage…

…Mais le règne de Sama devient trop bruyant. Il y a trop d’interdits, trop de dérives, des fissures qui laissent entrer le lézard. La soif de pouvoir s’empare de l’un des camarades dirigeants…

J’ai eu un pincement au coeur à la fin de l’histoire. Elle m’a persuadé d’une chose : m’éloigner de la politique. 

Mémoire d’une tombe est un coup de coeur. J’ai aimé la saveur des mots, des dialogues. J’ai aimé le mystère qui accompagne certains faits. Tiburce Koffi est un virtuose de la narration. 

 Par contre je l’ai trouvé hyper long (514 pages !) avec des détails dont j’aurais pu me passer comme la collection discographique du père mais…

ça n’altère pas la haute qualité du récit. J’espère que ce livre fera partie de vos dernières lectures de 2016 ou encore des premières de 2017. 

 

lauteur

 

Tiburce Koffi est un écrivain, dramaturge et journaliste ivoirien né en 1955 à Bouaké. Il a animé une émission littéraire sur la RTI, chaine de télévision ivoirienne nationale.

Il a obtenu le Grand Prix RFI du théâtre radiophonique Gabriel Germinet en 1996 pour « Le Paradis infernal ». Il est l’auteur de nombreuses autres pièces de théatre très populaire, de romans, d’un recueil de nouvelles et un essai sur les dérives dans son pays.

 

Voici les autres ouvrages finalistes du Prix Ivoire 2009

  1. Sinaga le cheval sans papiers, littérature pour enfant, Vents d’ailleurs, 2008, 28 pages de Muriel Diallo,
  2. A la poursuite de l’homme de pierre, roman, éd. Présence Africaine, 2009, 28 pages de Stéphane Kalou ;
  3. Le retour de l’enfant soldat, littérature de jeunesse (récit), éd. Valesse, 2009, 102 pages, de François d’Assise
  4. L’héritier, roman, éd. Vents d’Ailleurs, 2009, 146 pages, de Sayouba Traoré

 

Les avez-vous lus ? 

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