Publié dans Arrêt sur une oeuvre

TTL 93 : Aldobrando de Gipi et Luigi Critone

Heureux mois de juillet à tous !

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: dessin

J’ai immédiatement pensé à

Couverture Aldobrando

Avant de « descendre combattre à la Fosse » le père d’Aldobrando sachant son heure venue, le confia à un mage. Celui-ci devrait le protéger et l’éduquer jusqu’à ce qu’il soit en âge de découvrir le vaste monde. Quelques années plus tard, voilà que la préparation d’une potion tourne au drame. Grièvement blessé à l’oeil par un chat qui ne voulait pas bouillir, le mage demande à son jeune protégé d’aller en urgence lui quérir l’Herbe du loup.
Mais comment peut-on se débrouiller en botanique alors que l’on a jamais mis un pied dehors et que l’on tombe né à né avec l’assassin du fils du Roi de Deux Fontaines ?

De cette bande-dessinée, j’ai beaucoup apprécié les illustrations. D’une planche à l’autre, l’on passe des teintes froides aux nuances chaudes. Et l’aquarelle donne un charme particulier à l’histoire.

Aldobrando – Un conte, une quête, et une superbe surprise de 2020 (...) -  ActuaBD

La quête initiatique d’Aldobrando au cœur de l’époque médiévale est intéressante. Ce jeune homme qui n’a jamais connu le monde extérieur va devoir sortir de sa zone de confort et découvrir le monde avec ses merveilles et ses noirceurs. Dans sa quête de l’herbe du loup, Aldobrando va faire de douces rencontres mais aussi des rencontres ténébreuses.

J’ai beaucoup apprécié les personnages secondaires à savoir le valet du prince qui est une sacrée crapule soit dit en passant et le roi. Ces deux personnages apportent des touches d’humour au récit qui de prime abord est assez mélancolique.

J’ai également trouvé le dénouement bien pensé, il cadre avec la quête initiatique d’Aldobrando.

Cette BD est sympathique à lire mais il m’a manqué un-je-ne-sais quoi. Peut-être plus d’action, de rebondissement. Le candide Aldobrando est un personnage sympathique mais je ne me suis pas vraiment attachée à son personnage.

Quel livre auriez-vous proposé pour ce thème ?

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Le fils de-la-femme-mâle de Maurice Bandaman

La littérature n’est pas une parole qui peut ou doit être fausse, à l’opposé de la parole des sciences ; c’est une parole qui, précisément, ne se laisse pas soumettre à l’épreuve de vérité ; elle n’est ni vraie, ni fausse, poser cette question n’a pas de sens : c’est ce qui définit son statut de fiction. Todorov

L’épigraphe situe le lecteur. L’univers dans lequel il entre n’est ni vrai ni faux. Plus loin, le narrateur tel un griot s’écrie : « Ecoutez ! Ecoutez ! Gens d’ici. Et gens d’ailleurs. Ecoutez ma voix. Je vais vous dire une histoire. Cette histoire est un conte. Cette histoire est comme un conte ! Elle dit vrai. Elle dit faux. Le vrai n’est pas forcément vrai. Et le faux n’est pas forcément faux ! Le vrai et le faux sont un couple !

Averti, le lecteur se laisse embarquer dans ce long conte et d’autres contes mis en abyme. Ce conte romanesque est l’histoire de trois générations d’homme portant le même nom : Awlimba Tankan.

Awlimba Tankan 1er du nom, vit à Glahanou, petit village des pays de la forêt et de la savane. Sa femme attend un enfant. Un soir, pris d’une furieuse envie d’aller chasser, il vivra une aventure d’où il en sortira avec un enfant hermaphrodite.

Awlimba Tankan 2e du nom refusera le savoir de l’occident et partira pour une quête initiatique de 7 ans où 7 maîtres lui apprendront divers enseignements

De retour de sa quête, il s’unira à une femme-mâle et donnera naissance à Awlimba Tankan 3e du nom qui instaurera un climat de justice, de paix et de solidarité dans le village.

Le fils de-la-femme-mâle est un texte polymorphe. Les codes du récit romanesque et de la tradition orale africaine se mêlent. Il a également l’allure du mythe, de la légende.

C’est un récit audacieux où l’invraisemblance, l’extravagance, le surnaturel et l’insolite construisent un monde parallèle. Un monde où l’on rencontre des personnages mythiques à l’instar de Mami Wata et des personnages contemporains comme Nelson Mandela.

Si le texte est empreint de poésie, il est également marqué par le langage cru, très vulgaire. Les personnages n’éprouvent aucune gêne à appeler un sexe un sexe et tout le champ lexical qui va avec. Je n’ai pas compris ce choix dans un récit qui je pense se veut esthétique.

Le fils de-la-femme-mâle, grand prix littéraire d’Afrique noire en 1993, offre une lecture détente. Grand merci à Youscribe et Canal+ qui m’ont permis de le lire 🙂