Publié dans Arrêt sur une oeuvre

TTL 90 : Seules les bêtes de Colin Niel

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: Mystère

Mystère : Silence, obscurité volontaire faits sur quelqu’un, en particulier…

Synonyme : secret

J’ai pensé à un livre où des vies cachent bien des secrets …

Couverture Seules les bêtes

Une femme a disparu. Sa voiture est retrouvée au départ d’un sentier de randonnée qui fait l’ascension vers le plateau où survivent quelques fermes habitées par des hommes seuls. Alors que les gendarmes n’ont aucune piste et que l’hiver impose sa loi, plusieurs personnes se savent pourtant liées à cette disparition. Tour à tour, femmes et hommes prennent la parole et chacun a son secret, presque aussi précieux que sa vie.

Elle s’appelle Evelyne Ducat. Femme d’un notable du coin parti faire fortune à la capitale et revenu s’installer au patelin, elle a mystérieusement disparu. Elle était partie en randonnée solitaire. A-t-elle fait une mauvaise rencontre ou a-t-elle été emportée par la tourmente qui sévit sur le causse ?

Dans ce roman atypique, on ne suit pas une enquête policière. Tel un psychologue, on voit passer sur notre divan cinq personnages différents les uns des autres qui ont envie de dire quelque chose. Quelque chose en lien avec la disparition d’Evelyne ? Ils nous regardent l’air de dire, laissez les disparus, écoutez ceux qui sont présents. Alors comme un spécialiste, on prend carnet et stylo, on prête l’oreille et on laisse Alice, Joseph, Maribé, Armand et Michel, le mari d’Alice dévoiler les mystères de leurs vies.

De l’assistante sociale en passant par des paysans, une gosse de riche couturière à temps partiel et un aigrefin. Deux femmes, trois hommes qui manipulent ou se font manipuler. Des humains avec des manques à combler. Une solitude qui colle à la peau, une recherche effrénée de l’amour, de l’aisance sociale.

Et parce qu’au fond de nos vies, il y a toujours un morceau de la vie d’un (e) autre, ces cinq voix éclaircissent le mystère de la disparue.

Chacun a eu un contact direct ou indirect de quelques secondes à plusieurs jours avec elle. Un l’a touchée, l’autre l’a goûtée. Un l’a vue, l’autre l’a entendue. Un autre l’a sentie…

Seules les bêtes est un très bon roman choral. J’ai apprécié la fluidité de la plume et le clin d’œil inattendu à ma patrie même s’il est plutôt négatif. Je ne m’attendais pas à un tel retournement de situation. Ca parait de premier abord un peu tiré par les cheveux mais on se laisse prendre au jeu.

Les thèmes abordés sont intéressants: la solitude, les challenges des agriculteurs, la routine conjugale et ce qu’elle entraîne, trahisons et manipulations.

J’ai apprécié la capacité d’adaptation de l’écrivain, le registre littéraire adapté au background de chaque personnage. Je me suis même demandé s’il ne s’était pas fait aider pour la narration d’Armand tant le langage colle à l’histoire et au contexte géographique de ce dernier. 😀

Quel livre auriez-vous proposé pour ce thème ?

Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Lame sur les lèvres- Loïc Henry

Je remercie NetGalley et les éditions Hugo Publishing pour la découverte de ce roman. La 4e de couverture étant très aguichante, je me suis laissé tenter…

Les événements se déroulent de janvier 2018 à juin.

Le récit s’ouvre sur une personne. Instinctivement, je pense à un homme. Cet homme observe une personne qu’il s’apprête à tuer. On découvre ensuite de façon chronologique Charlotte, Zoé, un mystérieux personnage puis Alexis.

Charlotte, quarantenaire, veut devenir mère célibataire et propose à un ancien ami de lycée d’être le donneur. Zoé a 26 ans et est mannequin professionnel. Alexis est un ancien légionnaire revenu à Paris pour venger la mort de Marin, son ancien compagnon d’armes.

Tous prennent la parole l’un après l’autre pour nous dévoiler leur quotidien y compris le mystérieux personnage qui élimine Stanislas Pellaut, Marin Kaliszewski, Hughes Janelidze, Bilal Touati, Anthony Dos Santos, Benjamin Cochet, Lucile Carpentier…

Le mystérieux personnage intrigue par sa façon d’écourter la vie de ses victimes. Quel est d’ailleurs le lien qui unit ces victimes ? Quel est le mobile du meurtrier ? Les indices sont donnés au compte-gouttes, les connexions s’établissent…

J’ai apprécié la narration interne, le point de vue alterné des personnages principaux. Le registre de langue employé est courant avec de brèves apparitions de mots soutenus. Je n’ai pas été émerveillée par la plume de l’auteur mais elle se laisse lire. J’ai également apprécié le clin d’œil à mon pays. L’un des personnages secondaires est en effet un ivoirien.

L’intrigue policière est intéressante à suivre même si des longueurs, péripéties invraisemblables et détails superflus l’amenuisent parfois. L’auteur surfe sur des thématiques actuelles: Viol, inceste, GPA, trafic sexuel, immigration.

Je ne me suis malheureusement pas réellement attachée aux personnages. Je les ai trouvés un peu ternes. J’ai trouvé certaines réactions de Charlotte assez illogiques (je les ai mieux comprises au dénouement de l’histoire) et Zoé plutôt immature pour son âge. Il n’y a que deux personnages que j’ai trouvés intéressants: Alexis et Grégoire Rannou. J’ai par ailleurs beaucoup apprécié le lien de ce dernier avec Zoé. J’aurais aimé en savoir davantage sur lui. Si l’auteur pense à faire une saga policière avec lui, je serais ravie de l’y retrouver.

En conclusion : Lame sur les lèvres est une lecture moyenne pour moi, la faute au rythme pas très haletant de l’histoire et à des personnages qui n’ont pas su m’embarquer dans leurs histoires personnelles.

Envie de vous faire votre propre idée de ce roman? Il sort demain!