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J’ai lu Parlez-moi d’amour ! Prix Ivoire 2014

Couverture Parlez-moi d'amour !

(…) Je l’ai rencontrée sur Facebook. Tous les deux geeks et paranos, nous affichions des profils sous pseudos. j’étais Vulva Cochonne de l’Espace et elle capitaine Flam (…)

(…) de commentaires en tchats, nous avons fini par dévoiler nos identités respectives et tomber amoureux l’un de l’autre sans nous connaître. Agrégée de philosophie, elle a commencé par m’impressionner avec ses longues tirades lyriques, bourées de références, son éloquence verbale pour développer un raisonnement aussi foireux soit-il, et son mépris des conventions.  j’ai toujours été un réfractaire. Génération Punk, no future, j’écoutais en boucle les Sex Pistols, et avais un profond mépris pour l’humanité et ses conformismes bourgeois. Marion, quant à elle fait partie de la génération Mangas, autrement plus complexe, c’est une bishojo passionnée par les jeux vidéo. Biberonnée à la Nintendo et à la play station, les stratégies n’ont pas de secrets pour elle. Nous avons en commun le cynisme sous-jacent à l’esprit de nos deux générations, Nietzche, un côté destroy que nous cultivons un peu pour le look, beaucoup par désespoir. (…)

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Promenons-nous dans les bois, Rousse, entre amies, un anneau à l’orteil, je suis un homme, j’ai besoin d’amour, la plus belle femme du monde, un pacte avec le diable, l’héritage, l’empreinte, seule.

11 nouvelles qui décrivent la perception du sexe, du désir au Maroc.

J’ai vécu 3 ans dans ce pays et j’ai vu comment le sexe était une obsession pour les hommes.

Sexualité mal expliquée, mal encadrée, crainte du regard extérieur, morale psychorigide, foi hypocrite, tant de raisons qui ont poussé des hommes et des femmes à réprimer leurs désirs. Des désirs enfouis qui vont produire en eux des fantasmes, des amours interdits, illicites. 

Les différents personnages de ce recueil de nouvelles expriment leurs envies, leur  sexualité, leur désir. Ils dévoilent la vie sexuelle qu’ils auraient aimé avoir s’ils évoluaient dans une autre vie. 

Les femmes ont toutes cette envie de posséder cette liberté d’aimer différemment, de choisir, d’être entièrement ce qu’elles sont, d’être femme avant d’être mère. Elles ont envie d’être l’unique femme d’un homme mais 

Tous les hommes sont comme ça. C’est dans leur nature d’être polygames. Ce sont des chasseurs.

 

La lecture de ce recueil est très fluide. J’ai lu les 122 pages en moins de 3 heures.

La lecture a été plaisante mais aucune nouvelle ne m’a particulièrement bouleversée. Je m’attendais à beaucoup plus d’émotions, des chutes brutales. Oui, je sais, je suis une lectrice exigeante 😛

Ce recueil a reçu le Prix Ivoire 2014. Si j’étais membre du jury, j’aurais plutôt choisi Le grand masque a menti

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Avez-vous récemment lu un recueil de nouvelles ? 

 

signature coeur graceminlibe

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Terre Ceinte : survivre à la menace terroriste

Je continue ma découverte d’œuvres ayant reçu des prix littéraires. Celui que je vous présente aujourd’hui en a reçu deux : Le Grand Prix du roman métis en 2015 et le Prix Ahmadou Kourouma la même année.

Résumé de l'oeuvre

À Kalep, ville du Sumal désormais contrôlée par le pouvoir brutal des islamistes, deux jeunes sont exécutés pour avoir entretenu une relation amoureuse.
Des résistants tentent de s’opposer à ce nouvel ordre du monde en publiant un journal clandestin. Défi lancé au chef de la police islamique dans un climat de tension insoutenable qui met en évidence des contradictions et brouille tous les repères sociaux. Mais la vie, à sa façon mystérieuse, reprend toujours ses droits.
Terre ceinte met en scène des personnages enfermés dans un climat de violence. L’écrivain sénégalais en profite pour interroger les notions de courage et de lâcheté, d’héroïsme et de peur, de responsabilité et de vérité. À travers des dialogues étonnamment vibrants, des temps narratifs puissants, la correspondance échangée par les mères des deux victimes, s’élabore une réflexion contemporaine sur une situation de terreur.

l'Afrique écrit

 

Dieu est parti. Il a quitté ce monde depuis très longtemps dégoûté par son spectacle. Les Hommes sont seuls, ils font ce qu’ils veulent, car tout leur est permis. Et ce qu’ils veulent c’est le Mal : l’Homme est mauvais, et la société le rend encore plus mauvais.

Je n’aime pas la charia. Je l’ai détesté en regardant le film Timbuktu et je l’ai détesté davantage en lisant ce roman. 

Comment des hommes peuvent-ils manquer d’humanité et tuer leurs semblables sans une once de culpabilité et de tristesse ? Je n’arrive pas à le comprendre. 

Aimer Dieu, c’est aimer les hommes, et non se séparer d’eux.

 

Le fanatisme est dangereux et quand les hommes interprètent le silence de Dieu comme un accord ou un soutien c’est terrible. 

L’auteur dresse une belle fresque de la société opprimée par l’intégrisme religieux. Il dévoile les pensées profondes de ceux qui pensent défendre le nom de Dieu en imposant la terreur et celles de ces femmes et de ces hommes qui subissent cette terreur.

Sous l’angle de vue d’Abdel Karim, on découvre le profil psychologique d’un chef islamiste. Avec Ismaila, on réalise comment un jeune homme plein de vie s’éteint lentement dans le radicalisme.

Si les djihadistes viennent en Côte d’Ivoire et instaurent leur climat de terreur (je touche du bois) que ferai-je ? 

Vais-je subir ou réagir comme le Père Badji, Déthié, Codou, Madjigueen Ngoné, Vieux, Alioune ? Vais-je souffrir en silence, dos courbé, visage résigné ou souffrir en résistant, dos droit et visage déterminé ?

Déthié était la Liberté. Codou était la Justice. Madjigueen Ngoné était l’Egalité. Vieux était le Refus. Alioune était la Beauté. Le Père Badji était le Mystère. Tout cela constituait l’homme.

 

Il n’ y a naturellement ni héros ni salauds, et le courage, n’a alors pas plus de sens, ni de valeur, que la lâcheté. Il n’ y a d’abord que des gens qui ont peur et qui, ensuite, font quelque chose de cette peur: ils volent avec les ailes qu’elle leur donne aux talons, ou demeurent au sol, désespérément perclus.

 

J’ai apprécié la résistance des amis de Malamine, leur lutte pour éviter qu’on ne leur vole leur vie et leurs jours heureux. 

La guerre lui semblait être ce qui ne cessait de vouloir effacer le passé, une sorte de vaste destruction non seulement des villes, mais encore de quelque chose de plus essentiel en l’homme : du souvenir de ce qu’il a été, des joies qu’il a eues, de ses espoirs, des temps heureux.

 

Mon personnage coup de cœur est le Père Badji. J’ai apprécié sa nature mystérieuse et sa bravoure.

 

Ce livre m’a fait réfléchir sur l’unité d’un peuple et ses inconstances.

Ce journal a fait un pari sur le peuple. Il perdra car il ne faut jamais parier sur le peuple : il ne fait jamais ce que l’on attend de lui.

 

Il m’a également fait réfléchir sur la justice, la tolérance, l’importance de la liberté.  

Le récit ne s’achève pas comme je l’espérais. La victoire sur les djihadistes est de courte durée. Je me souviens encore du degré de tristesse qui a pris place dans mon cœur lorsque j’ai fermé le roman.

J’ai été sous le charme de la plume de l’auteur. Il a su faire une exacte représentation de la réalité contemporaine qu’est l’intégrisme religieux. C’est un pur littéraire, les mots se mettent sans rechigner au service de la réalité qu’il veut décrire.

C’est également un philosophe et ce côté m’a légèrement lassée. J’ai dû relire certaines phrases pour bien les comprendre. 

 

Terre Ceinte est un livre d’actualité. Il est à découvrir absolument.

 

lauteur

Mohamed Mbougar Sarr, fils de médecin, fait ses études secondaires au prytanée militaire de Saint-Louis-du-Sénégal avant de venir en France faire des classes préparatoires au lycée Pierre-d’Ailly de Compiègne puis intégrer l’École des hautes études en sciences sociales. Il a reçu plusieurs distinctions. La dernière est la médaille de bronze au concours de nouvelles des 8e jeux de la Francophonie. 

 

GM signature

 

 

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Throwback Thursday Livresque #7 – Années 90, année rebelle

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Le Throwback Thursday Livresque est un rendez-vous livresque initié par BettieRose Books.

Le but est de parler d’une « ancienne » lecture (pas la toute dernière ou l’actuelle) autour d’un thème qu’elle aura au préalable défini.

Le thème de cette semaine est : années 80 ou années 90 (date d’écriture ou date de l’action)

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Très contente que Betty ait validé mon thème !!!

 

J’ai décidé de vous présenter un roman écrit en 1998 dont je suis fière d’avoir un exemplaire

 

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Résumé 

Enlevée par les frères du vieux Sando à qui on l’avait mariée de force il y a vingt ans, Malimouna avait fui son mari. Aujourd’hui, bien qu’adulte et mariée par amour à Karim, la tradition l’oblige à rejoindre son véritable époux de gré ou de force dans son village de Boritouni. Cet événement permet à Malimouna de regarder dans le rétroviseur pour faire la rétrospective de sa vie. Une existence de femme rebelle. Rebelle contre l’excision, le mariage forcé, la polygamie, l’infidélité conjugale, le racisme qui minent les mariages interraciaux, la violence sur les femmes. Tous ces maux qui entravent l’épanouissement des femmes.

Le pays d’où vient Malimouna est imaginaire. C’est quelque part en Afrique. 

Rebelle est un livre courageux, un roman féministe qui porte haut la voix des femmes. Là où les femmes se taisent, Fatou Keita à travers Malimouna crie à gorge déployée pour dénoncer les maux de femmes. Ceux qu’on excuse…  Rebelle est un roman qui dénonce les traditions qui font du mal à la femme.

Le parcours initiatique de Malimouna rappelle tous les combats de la femme : la lutte contre les discriminations, les idées reçues et les violences perpétrées contre des millions de femmes corvéables ; la lutte pour l’égalité, la liberté, l’indépendance, la justice, l’accès à l’instruction.

J’ai admiré la force de Malimouna qui n’hésite pas à dire non. Elle prend des coups, les rend autant que possible avec diplomatie. J’ai beaucoup aimé sa relation avec Philippe, à l’époque, j’étais une grande fan des couples mixtes 😀

Les nombreuses thématiques développées font de Rebelle, un roman complet. Ce roman est révoltant, touchant, plein de sensibilité. On n’en sort pas indemne de cette histoire. 

Et vous, quel livre proposeriez-vous pour ce thème ? 

signature coeur graceminlibe

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Americanah

Elle prenait les deux partis, pour plaire à tout le monde ; elle choisissait toujours l’apaisement plutôt que la vérité, soucieuse d’être en harmonie avec tous.

Chimamanda Ngozi Adichie est le contraire de «Elle». L’écrivain refuse d’être subtile, la vérité ne l’est pas.

Oh ! Je m’enflamme, romps avec mes habitudes. C’est l’effet Chimamanda !

Revenons donc à nos vieilles habitudes : je vous laisse découvrir la quatrième de couverture avant d’exposer en détail mon avis sur l’œuvre.

Ifemelu quitte le Nigéria pour aller faire ses études à Philadelphie. Jeune et inexpérimentée, elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l’Amérique, qui compte bien la rejoindre.

Mais comment rester soi lorsqu’on change de continent, lorsque soudainement la couleur de votre peau  prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés ?

Pendant 15 ans, Ifemelu tentera de trouver sa place aux Etats-Unis, un pays profondément marqué par le racisme et la discrimination. De défaites en réussites, elle trace son chemin, pour finir par revenir sur ses pas, jusque chez elle, au Nigéria.

Chimamanda Ngozi Adichie

Ouvrir un livre et se voir, ouvrir un livre et retrouver le connu…

J’ai adoré Americanah pour la description des parcours d’étudiants africains qui partent étudier en Occident ou en Amérique parce que c’est leur rêve ou tout simplement parce que le système universitaire de leur pays est défaillant. Des étudiants qui débarquent dans une civilisation différente de la leur et qui doivent s’adapter, s’intégrer.

Tu es dans un pays qui n’est pas le tien. Agis comme il faut si tu veux réussir.

Americanah montre comment il peut être tentant de vouloir être une autre personne quand notre singularité dérange, combien rester soi est une lutte, comment notre terre d’intégration peut changer notre mode de vie, notre mentalité et même changer notre regard sur notre terre d’origine quand nous rentrons au bercail.

J’ai apprécié Americanah pour les récits d’immigrants qui se voient obligés de prendre l’identité d’un autre pour pouvoir  travailler légalement, contracter des mariages blancs pour avoir des papiers. Americanah montre comment les contraintes de l’immigration peuvent nous pousser à faire n’importe quoi.

Americanah montre la détermination d’immigrants expulsés qui projettent de revenir et de tout recommencer parce qu’ils n’ont rien à perdre.

J’ai apprécié ce livre pour ces rappels d’ineptie que les gens débitent souvent par bêtise ou par ignorance.

Vous avez chaud ? Pourtant, vous venez d’Afrique !

Vous n’avez pas de sourcils frisés ? Eh ben, je pensais que c’était le cas vu que vous avez des cheveux frisés.

 

J’ai aimé Americanah pour sa critique et sa réflexion profonde et puissante sur des clichés portant sur la race.

Mais pourquoi faut-il que je transcende la race ? Vous voyez, comme si la race était un breuvage qu’il vaut mieux servir tiède, adouci par d’autres liquides, sinon les Blancs sont incapables de l’avaler.

L’homme dit aussi au professeur Hunk : « Pourquoi faut-il que nous parlions toujours de race ? Ne pouvons-nous pas être simplement des êtres humains ? »

Et le professeur Hunk répond : «C’est exactement le privilège des Blancs, que vous puissiez faire ce genre de réflexion.» La race n’existe pas véritablement pour vous parce qu’elle n’a jamais été une barrière. Les Noirs n’ont pas ce choix.

Si la vieille rengaine «l’esclavage est un truc du passé » refait surface, demandez à votre ami de mentionner qu’une quantité de Blancs continuent à hériter de l’argent que leurs familles ont gagné il y a un siècle. Si cet héritage perdure, pourquoi pas l’héritage de l’esclavage ?

J’ai aimé Americanah pour sa critique de certaines églises évangéliques en Afrique appelées également églises de réveil qui tirent profit de la foi aveugle et du désespoir des hommes.

Chimamanda Ngozi Adichie a un humour fin, délicat, à l’aspect d’un frisson qui vous parcoure délicatement la peau et vous laisse une sensation agréable.

La mère d’Ifeoma : « Prions et répandons sur les routes le sang de Jésus.

Le père  réplique : « les routes seront plus sûres, moins glissantes, si elles ne sont pas recouvertes de sang. »

Sa mère demanda : «  Il est chrétien ?

-Non. C’est un adorateur du diable.

– Jésus tout-puissant ! s’écria sa mère.

Tu aurais pu simplement dire que Ngozi est ton nom tribal, Ifemelu ton nom de jungle et en proposer un de plus comme nom spirituel. Ils avalent n’importe quoi dès qu’il s’agit de l’Afrique.

Il se plaint toujours que ses livres n’ont pas de succès. Je lui ai dit qu’il faut qu’il écrive des choses terribles sur son peuple s’il veut réussir. Il doit expliquer que les Africains sont les seuls responsables des problèmes de l’Afrique, et que les Européens ont davantage aidé l’Afrique qu’ils ne lui ont nui. Il deviendra célèbre, les gens diront qu’il est tellement honnête !

J’ai aimé Americanah parce qu’il m’invite à m’aimer entièrement, sans artifice, et pas qu’un peu. M’aimer de la tête aux pieds, de face comme de profil, intérieurement et extérieurement.

Amoureuse de l’amour, j’ai aimé assister aux retrouvailles d’Ifemelu avec son grand amour.

Que dire de ces multiples personnages qui en mêlant leurs vécus forment une belle charpente ?

J’ai beaucoup admiré Obinze pour sa candeur, sa droiture de cœur ; il m’a attendrie, m’a fait rêver.

J’ai beaucoup aimé Curt pour son caractère idéaliste et lisse : j’entre dans ta vie et je la transforme, je la peins d’un blanc pur.

J’ai apprécié Ifemelu pour sa franchise, sa fraîcheur d’esprit, son côté pragmatique.

Cette 3ème œuvre de Chimamanda que j’ai lue est une belle fresque sur les sociétés nigérianes, américaines, occidentales et je peux dire que c’est ma préférée.

J’ai trouvé ce livre plus vivant, plus drôle, plus romantique que les deux autres que j’ai lus. Par contre, je l’ai trouvé trop long, il y avait trop de péripéties à mon goût mais ça se justifie. Les nombreux sujets évoqués sont vastes et l’auteur avait visiblement beaucoup de choses à dire.

En parlant de longueur, une question me vient à l’esprit : faut-il qu’un roman ait plus de 400 pages pour qu’il soit réussi, jugé bon ?

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Amours sorcières

Tahar Ben Jelloun

Ce recueil offre 4 amours sorcières, 9 amours contrariées, 5 trahisons et 2 amitiés.

Dans ces 20 nouvelles parfumées aux senteurs de l’Orient, Tahar Ben Jelloun dévoile les pans de l’identité culturelle du Maroc : ses mœurs, ses tabous, ses superstitions, ses mille et une dispositions pour faire disparaître le mauvais œil, ses M.A.T (maladies amicalement transmissibles), l’hypocrisie générale et la corruption.

5 histoires m’ont réellement marquée :

  • L’amour sorcier… Hamza, célibataire endurci tombe amoureux de Najat, n’arrive pas à se débarrasser d’elle comme toutes les autres. Son ami Abdeslam n’y voit qu’une raison : il a été envoûté par Najat.

Dans cette histoire, je n’ai pas été marquée par l’intrigue mais plutôt par le caractère excentrique de Najat. Elle donne un côté intellectuel aux positions sexuelles ! On l’imagine en train d’y réfléchir sérieusement et moi ça m’a fait beaucoup rire. J’ai aussi aimé le regard posé sur les femmes célibataires :

Dans ce pays bien-aimé, il n’y a pas de place pour une femme libre ; ici tu es une maman ou une putain !

  • Séduction… Une femme cérébrale a besoin pour être séduite d’un conteur, un fabuleux diseur d’histoire. J’ai apprécié cette histoire pour  la poésie qu’elle dégage et sa chute brutale et inattendue.
  • Tricinti… Nour Eddine, un employé de la RADE, pour arrondir ses fins de mois décide d’escroquer un village qui réclame de l’électricité. Il est escroqué à son tour et de la pire des façons. J’ai apprécié l’allure de conte et l’humour que dégage cette histoire.
  • L’enfant trahi… un enfant s’adresse à son autre, un adulte qui veut mourir en martyr. Cette nouvelle m’a ramenée à toutes ces fois où j’ai trahi l’enfant en moi, en lui faisant suivre une trajectoire qui brisait ses rêves.
  • Naïma et Habiba… Deux femmes, l’une est borgne, l’autre a la maladie de Charcot, l’une est au service de l’autre… Cette histoire est une très belle leçon sur l’amitié et le courage.

Le courage c’est surtout le fait d’accepter ce qui arrive. Accepter, ne pas nier, vivre malgré tout.

Il n’y a pas eu que des coups de cœur, j’ai eu un coup de pied pour une histoire et devinez comment elle s’appelle ?

Pantoufle !

C’est l’histoire d’un homme qui aime ses pantoufles achetées lors d’un de ses voyages en France, des pantoufles qu’il ne retrouve jamais au même endroit. Il décide donc de ne plus se séparer de ses pantoufles et se rend dans un magasin de maroquinerie demander un cartable de la taille de ces pantoufles.

Quelle est la valeur ajoutée de cette histoire ? 0 J’ai réellement perdu 5 minutes de ma vie en la lisant.

En somme, j’ai apprécié moyennement ce recueil. Certaines histoires m’ont ennuyée parce que j’avais l’impression que c’était l’histoire qui les précédait mais sous une autre forme.

Ce livre a de belles citations que j’ai pris plaisir à noter :

L’amour est si rare que lorsqu’il nous atteint, il ne faut pas s’économiser, il faut s’y donner corps et âme.

Tu as appris que le monde est compliqué, que les mots ne disent pas ce qu’ils devraient dire et signifier.

La musique n’adoucit pas toujours les mœurs comme on dit, mais elle contribue à éduquer l’oreille de l’homme.

Ce que fait l’homme à l’homme, aucun animal, aussi féroce soit-il, ne peut le faire à un autre animal.

On écrit rarement sur la fidélité, la bonté, la paix… En revanche  le mal est un allié essentiel de la littérature ; elle en a besoin ; on pourrait dire que ça stimule l’écrivain.

Cette citation m’a interpellée. Le mal ne stimule pas seulement l’écrivain mais le lecteur. Combien de fois blâme-t-on l’écrivain quand il décrit un monde radieux, paisible ?

Un recueil de nouvelles ne devrait pas comporter plus de 10 histoires, je trouve que ça l’alourdit, modifie le caractère de la nouvelle qui est censée être brève. Et vous, qu’en pensez-vous ?

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre

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Katiba _ Jean-Christophe Rufin

Katiba

Quatre touristes occidentaux sont assassinés dans le Sahara. L’attaque est signée al-Qaïda au Maghreb islamique, une organisation terroriste implantée dans les anciennes zones d’influence française d’Afrique de l’Ouest. Tout laisse à penser qu’elle veut aller beaucoup plus loin et rêve de frapper la France au cœur. L’événement est présenté par les médias comme un fait divers tragique mais il met en alerte les services de renseignements, de Washington aux Émirats, d’Alger à Paris. Au centre de leurs jeux complexes, Jasmine. Jeune fonctionnaire du Quai d’Orsay apparemment sans histoire, elle émerge peu à peu comme la pièce maîtresse d’une opération d’envergure inédite. Quels liens cette Française à l’élégance stricte entretient-elle avec le monde musulman ? Quelle secrète influence pèse sur elle depuis la disparition de son mari, consul de France en Mauritanie ? C’est en démêlant les fils les plus intimes de sa vie que la vérité se fera jour et que le suspense, haletant, trouvera son dénouement. Complice, victime ou agent double, Jasmine incarné le mélange de répulsion et de fascination que le fondamentalisme religieux exerce inconsciemment sur chacun de nous.

Katiba, une fiction qui prend sa source dans des circonstances qui sont d’actualité,

 Katiba… un camp de combattants islamistes en Afrique du Nord,

Katiba…. des agents secrets qui te pistent et veulent percer tes secrets, déjouer tes plans

Katiba… une belle femme intrigante,  pleine de mystères…

Katiba est une nébuleuse, un concentré d’action. A peine débarqué à Nouakchott qu’il nous faut déjà repartir en France avec des escales au Mali, au Sénégal, au Niger  et en Afrique du Sud.

Katiba nous plonge au cœur de l’organisation des services de renseignement, dissèque une cellule terroriste et nous fait découvrir son fonctionnement, ses modes d’alimentation, ses conflits internes, sa destinée…

Le suspense est crescendo au fil des parties et ne laisse pas notre esprit au repos; chaque partie terminée nous laisse avec des points d’interrogation, nous invite à ne pas rester en surface mais à creuser.

Chaque personnage est une pièce du puzzle. Tels des détectives, nous cherchons à dévoiler les non-dits aussi bien des agents secrets que des combattants dans le désert.

L’intrigue est bien ficelée, l’histoire pleine de surprises. On tombe en admiration devant l’auteur: comment il a fait pour imaginer tout ça?!

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J’ai  apprécié la diversité des décors où se déroule l’histoire, cela lui donne un aspect dynamique non négligeable.

La diversité des personnalités qui opèrent sur la scène est également un gros plus.

J’ai surtout apprécié les vérités universelles qui ressortent de ce livre:

Celui qui croit manipuler n’est en fait que celui qui est manipulé.

Les attentats servent souvent à ceux qui se font passer pour les victimes.

Alimente la haine et jamais les conflits ne prendront fin.

Être le fruit de deux nations qui se méprisent est la pire sentence pour un homme.

Les maîtres ne jouent jamais les coups évidents et trop faciles.

Il y a toujours un autre côté. Au moins un. Les choses ne sont pas plates, crois-moi. On peut les retourner. Elles ont toujours une autre face.

J’aimerais bien voir l’adaptation cinématographique de ce livre. En attendant, je vous souhaite une bonne lecture.

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre

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Fugitives

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Huit nouvelles: mise en scène de vies bouleversées, d’une poursuite des marques laissées par le temps et les occasions perdues….

Portraits d’épouse, portraits de mère, portraits de fille, portraits d’amies, portraits de femme…

Des femmes qui partent de plein gré ou qui y sont obligées.

Que fuient-elles? La colère d’un mari? Une mère trop malheureuse, une mère trop plaintive? Un drame familial auquel elles sont associées? Des sentiments trahis?

Qu’espèrent-elles en partant? Retrouver un enfant, réparer les erreurs du passé, assouvir une soif de spiritualité, obtenir une plus grande renommée?

Parmi ces femmes, l’une revient sur ses pas quelques heures après être partie parce que fuir ce serait ne plus se sentir vivante; l’autre revient pour voir si tout n’a pas disparu, si le passé a été préservé…

J’ai aimé le style d’Alice Munro; on sent une maîtrise de l’art d’écrire, on comprend mieux pourquoi elle a reçu le prix Nobel de littérature en 2013.

Que dire du fond des histoires? Un voile de mystère place sur chacune d’elles, ces histoires exposent l’amour et le remords sous plusieurs formes.

Je m’attendais à ressentir beaucoup plus d’émotion et à découvrir à chaque fin d’histoire une chute spectaculaire, cela n’a malheureusement pas été le cas pour l’ensemble des nouvelles.

La nouvelle « Subterfuges » est la meilleure du recueil, l’histoire que je pourrai lire à plusieurs reprises. J’ai aimé les descriptions de l’amour qui arrive à l’improviste dans nos vies, éveille des interrogations, des peurs;  d’occasions que l’on manque parce que l’on réagit sous le coup de l’émotion.

Un mot pour résumer ma lecture de ce recueil de nouvelles: intéressant

Dites-moi, quel recueil de nouvelles vous a le plus touché au cours de votre vie de lecteur? 🙂

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre

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Que ta volonté soit faite

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Résumé

Bienvenue à Carson Mills, petite bourgade du Midwest avec ses champs de coquelicots, ses forêts, ses maisons pimpantes, ses habitants qui se connaissent tous. Un véritable petit coin de paradis… S’il n’y avait Jon Petersen. Il est ce que l’humanité a fait de pire, même le Diable en a peur. Pourtant, un jour, vous croiserez son chemin. Et là… sans doute réveillera-t-il l’envie de tuer qui sommeille en vous.

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Je parcours les rayons de la Bibliothèque et mes yeux tombent sur un nom : Maxime Chattam. Ce nom, je l’ai maintes fois lu dans l’un des groupes de lecture auxquels j’appartiens alors je décide de prendre ce livre, de faire la rencontre du mal incarné: Jon Petersen!

Comment fait-on pour être si avide de sang, trouver l’extase dans la souffrance de l’autre? D’où nous vient cette obsession, cette violence?

Certains naissent-ils foncièrement bons, d’autres avec une proportion égale de bonté et de méchanceté ? Certains hommes naissent-ils complètement souillés?

Ce livre fait réfléchir, il nous renvoie à ce que nous sommes.

Nous n’avons jamais tué mais n’avons-nous jamais succombé à l’orgueil, à la gourmandise? La luxure,  la colère, l’envie, la paresse et l’avarice ne se sont-ils jamais hasardés dans notre esprit?  N’ont-ils jamais possédé notre âme?

Le Mal se nichait là, quelque part entre l’animal et la sexualité. Le Mal était électrique, instantané, enfoui dans les cavités profondes de l’homme, une onde chthonienne qui rejaillissait lors de tremblements de terre de la personnalité. Le Mal était une pulsion.

Le roman est sombre mais il y a une touche de douceur à la fin qui n’est pas négligeable. RIP et sa famille ont retrouvé une vie normale après le passage de l’ouragan Jeff.

J’ai apprécié les réflexions philosophiques du narrateur, ses pensées sur le mal, sur l’existence de DIEU et Sa Justice.

J’ai aimé le mystère qui enveloppe cette œuvre. On ignore qui a tué le père de RIP et qui est le narrateur de l’histoire.

J’ai quand même ma petite idée sur le sujet. Je pense que le narrateur est celui qui a tué le père de RIP. Pour moi, cette personne ne peut être que le Pasteur Alezza.

Qui est l’auteur du crime du père de RIP selon vous ?

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Deux femmes puissantes

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Marie Ndiaye et Chimamanda Ngozi Adichie, deux femmes influentes et hyper douées dont il faut avoir au moins lu une œuvre.

L’une écrit en tant qu’être humain. Elle n’écrit ni en tant que femme, ni en tant que femme noire. Elle ne se définit pas comme une femme africaine. Dans sa vie, l’origine africaine n’a pas vraiment de sens,  aucune culture africaine ne lui a été transmise car elle n’a pas vécu avec son père d’origine sénégalaise.

L’autre écrit en tant que féministe africaine, féminine et heureuse.

J’apprécie l’une pour la force de son style littéraire et l’autre pour l’engagement que revêtent ses écrits.

J’ai lu deux de leurs œuvres qui ont reçu des prix littéraires.

3 femmes puissantes – Marie Ndiaye (Prix Goncourt 2009)

Trois récits, trois femmes qui disent non. Elles s’appellent Norah, Fanta, Khady Demba. Chacune se bat pour préserver sa dignité contre les humiliations que la vie lui inflige avec une obstination méthodique et incompréhensible.

Dans chacun de ces récits, des phrases sont répétées comme pour attirer notre attention sur l’action qu’elles décrivent ou celles qui les ont précédées.

Norah part au Sénégal car son père a à lui parler de choses importantes et graves…

Ce père implacable et terrible qui a quitté la France des années plus tôt en emportant une part d’elle, ce vieillard égoïste qui n’aime ni n’estime guère les filles…

A son arrivée, son père lui annonce qu’elle doit aller à Reubeuss (une prison). Pour voir qui? Quel acte a été commis?

Vous le saurez en lisant l’histoire de Norah.

La deuxième histoire est celle de Fanta et de son conjoint Rudy. Je dirais plutôt que c’est l’histoire de Rudy car c’est lui qui évoque sa vie, ses peurs, ses échecs et sa volonté à être un homme bien et à rendre Fanta et leur fils Djibril heureux.

Cette histoire ne m’a pas vraiment emportée mais elle est agréable à lire.

La troisième histoire, celle de Khady est la plus déchirante. Khady, une épouse qui rêvait d’être mère. Khady, une femme pleine de force, combattante. Khady, une femme qu’on a décidé de faire partir…

Ce livre de Marie N’Diaye est à lire et à faire lire.

 

L’hibiscus pourpre – Chimamanda Ngozi Adichie (Meilleur premier livre du prix littéraire Commonwealth Writers’ Prize en 2005)

Kambili a quinze ans. Elle vit à Enugu, au Nigeria, avec ses parents et son frère Jaja. Son père, Eugene, est un riche notable qui régit son foyer selon des principes d’une rigueur implacable. Sa générosité et son courage politique en font un véritable héros de sa communauté. Mais Eugene est aussi un fondamentaliste catholique, qui conçoit l’éducation de ses enfants comme une chasse au péché. Quand un coup d’Etat vient secouer le Nigeria, Eugene, très impliqué dans cette crise, est obligé d’envoyer Kambili et Jaja chez leur tante. Les deux adolescents y découvrent un foyer bruyant, plein de rires et de musique. Ils prennent goût à une vie simple, et ouvrent les yeux sur la nature tyrannique de leur père. Lorsque Kambili et son frère reviennent sous le toit paternel, le conflit est inévitable…

Kambili est la narratrice principale, avec la douceur et l’innocence d’une jeune fille, elle nous ouvre les portes de sa maison, dévoile l’intimité de sa famille. On découvre un père intransigeant, extrémiste catholique qui voit la paille dans l’œil de l’autre mais ne se préoccupe pas de la poutre qui est dans le sien.

Il régente sa maison comme un camp militaire. Tout doit être à sa place, fait comme il faut et il s’emploie à des méthodes pas très catholiques pour aboutir à ses fins.

J’ai commencé ma lecture pas très enjouée mais comme on le dit l’appétit vient en mangeant. Au fil de ma lecture, le détachement que j’avais au tout début des pages a laissé place à une reconnaissance, une acceptation, une indignation, une profonde tristesse face à cette violence domestique, à ce premier amour qui ne pourra pas être vécu, à cette vie qui prend une tournure à laquelle l’on n’aurait jamais pensé.

A travers une écriture sensible et émouvante, Chimamanda Ngozi Adichie nous fait réfléchir sur notre perception de la religion, la politique et notre identité culturelle.

L’hibiscus pourpre est un livre à lire et à faire lire.

Grâce Minlibé

Auteur de Chimères de verre