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TTL 106 : Un soupçon de liberté-Margaret Wilkerson Sexton

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: Addictions

J’ai directement pensé à ce livre

Couverture Un soupçon de liberté

Certains personnages sont accro à la drogue.

Sur près de soixante-dix ans et trois générations, Margaret Wilkerson Sexton relate la saga d’une famille noire et déroule l’histoire de la Nouvelle-Orléans, ville symbole de la fracture sociale et raciale américaine, dans un premier roman puissant et lumineux.
Entremêlant les destins d’Evelyn, Jackie et T.C. à des moments charnières de leur existence, elle nous montre que si les temps changent, les problèmes des Afro-Américains restent les mêmes dans un pays toujours malade de ses discriminations.

66 ans au sein d’une famille. C’est l’engagement que vous prenez comme lecteur en ouvrant Un soupçon de liberté.

Si la 1ère génération semble prometteuse malgré les ségrégations sociales de l’époque, les générations suivantes partent un peu en vrille à cause de la drogue.

comme si Dieu l’avait mis ici avec lui pour s’excuser, et Il était pardonné : pour la mère à moitié folle,
le père défaillant, les difficultés d’apprentissage, les rêves de basket avortés. Parfois, quand il émergeait
au petit matin, il croyait que Dieu approuvait son trafic de hasch. Sinon, d’où lui seraient venus cette inspiration si pure, ces plans si minutieusement préparés ? Et lorsqu’on l’avait arrêté, il s’était mis en colère contre son Créateur, comme s’il avait été trahi par le véritable auteur du crime, mais à présent tout était pardonné.

Ce roman de 300 pages évoque la ségrégation raciale, les difficultés pour les jeunes afro-américains de s’assurer une vie confortable et sereine et l’addiction à la drogue. On admire ces femmes qui se battent pour maintenir l’équilibre familial quand les hommes déraillent.
Mon intérêt pour l’histoire a décru quand une fois présenté T.C on repart à Evelyn en 1944. Cet aller-retour passé-présent a desservi mon intérêt. Il est vrai que l’évolution de ce qu’est être un Noir Américain apparaît de manière encore plus flagrante mais l’histoire perd en intensité.

Un soupçon de liberté a été une lecture plaisante _surtout qu’il a été lu après une lecture presqu’ennuyante_ mais il ne figurera pas parmi mes lectures mémorables.

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TTL 105: Africville de Jeffrey Colvin

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: K ou L comme…

J’ai pensé à Kath Ella, l’un des personnages principaux du roman Africville

Années 1930. Kath Ella refuse de suivre son destin tout tracé de fille de couleur et quitte Africville, un quartier fondé par d’anciens esclaves en Nouvelle-Écosse, au Canada. Après une histoire d’amour marquée par le deuil, elle donnera naissance à un fils, Omar, qui sera rebaptisé Étienne.

Années 1960. Étienne, dont la pâleur lui permet de passer pour un Blanc, vit en Alabama. Il est déchiré entre ses racines noires et la peur de perdre la vie qu’il est en train de construire.

Années 1980. À la mort de son père, Warner se lance dans une quête de ses origines, qui le mènera dans ce qui reste d’Africville mais aussi dans une prison d’État au fin fond du Mississippi.


Trois destins, trois personnages aux prises avec la réalité sociale de leur époque et les aléas de la vie. Pas de pathos, ni de velléité moralisatrice. Les héros de ce roman sont des êtres vrais, de chair et de sang.

En toile de fond, Africville, à la fois aimant et repoussoir, dont l’empreinte se transmet de génération en génération.
Avec ce premier roman triptyque vibrant, fruit de plus de vingt ans de recherches, Jeffrey Colvin s’impose comme une nouvelle voix de la littérature américaine, dans le sillage de Colson Whitehead et de Ayana Mathis.

Kath Ella Sebolt naît en 1918. Jeune fille brillante, elle a l’ambition d’intégrer une université grâce à une bourse, parcours très difficile lorsqu’on est noire dans les années 30, même au Canada.

J’ai découvert à travers son histoire les problématiques raciales au Canada. J’ai trouvé intéressant que cela soit abordé, étant plus habituée aux problématiques raciales aux USA en littérature.

D’un flirt, naîtra son unique enfant, baptisé par son père adoptif : Etienne.

Où était le mal ? Tant de gens font les corbeaux sans avoir à en pâtir. Quel mal y a-t‑il à dissimuler une petite part de soi-même ? Et à quoi bon s’offusquer si un enfant fait le corbeau sur sa lignée ?

Faire le corbeau, c’est se faire passer pour un Blanc et c’est ce qu’a décidé de faire Etienne. Il choisit de vivre la vie qu’il veut quitte à décider s’il est noir ou pas. Sa lignée noire tombe presque dans l’oubli…

Ce roman, c’est son histoire mais avant tout celle de sa mère Kath Ella, de son fils Warner et de sa grand-mère Zera. Ce roman c’est aussi l’histoire d’Africville: sa genèse et sa fin.

Africville évoque les discriminations raciales, questionne l’identité, l’appartenance. D’un côté, nous avons le reniement des racines par une génération, de l’autre la quête des origines par la génération suivante.

Cinq grandes parties forment la charpente de ce roman de plus de 300 pages. La narration omnisciente a rendu ma lecture laborieuse. En voulant éviter de tomber dans le pathos, l’auteur nous fait passer à côté de choses essentielles dans un roman: la profondeur, l’émotion.

J’étais distante des personnages, incapable de partager leurs états d’âme. La construction des personnages tant principaux que secondaires manque d’épaisseur. Ils sont peu aboutis.

J’ai eu du mal à m’attacher à Kath Ella mais contrairement aux autres personnages, je trouve que sa vie est beaucoup plus développée par l’auteur. J’ai d’ailleurs terminé le livre sans savoir qui étaient vraiment Marcelina et Eva.

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TTL 104: Forget me not, Mama’s Boys-tome 2

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: Gentils

Le 1er personnage qui m’est venu à l’esprit en découvrant le thème de la semaine est Gideon, Gid pour les intimes 😀

Gideon est un joueur de football américain et est le frère cadet de Gunnar. Lorsque sa mère adoptive a un problème de santé assez grave, il n’hésite pas à mettre sa carrière entre parenthèses pour courir à son chevet et s’occuper de son magasin de fleurs.

Gideon depuis le jour où il a été adopté, s’est fait la promesse de ne jamais causer de souci à sa mère. Il a tenu à être un enfant qui fait la joie de sa mère et lui cause le moins de souci possible.

Gideon est disponible pour ses frères, ses amis. C’est un gentil gars, un mec bien. Lorsque sa célébrité va commencer à mettre à mal la boutique de fleurs de Jannelle, il ne va pas hésiter à poser des actes pleins de bienveillance envers elle. C’est un personnage que j’ai beaucoup apprécié. Il est d’ailleurs mon nouveau bookboyfriend. Il est romantique, gentleman, protecteur et beau gosse. ❤

Pour parler de la romance dont il est le héros, elle met du temps à s’installer. L’accent est mis sur l’environnement familial de Gid et la suite de sa carrière. Son duo avec Janelle m’a ravie de façon éphémère ; le comportement puéril de cette dernière m’a ôté tout éblouissement. J’ai trouvé qu’elle manquait de caractère, d’audace. Une héroïne trop lisse à mon goût.

Quel livre auriez-vous proposé pour ce thème ?

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Mama’s Boys, Book 1 : The Look of Love de Crystal B. Bright

Queen Elisabeth est une femme noire en Virginie qui dirige trois entreprises dont un salon de coiffure. Elle a adopté trois enfants blancs : Gunnar, Gideon et Thane. Ils deviennent tous des stars du sport. The look of love est le premier de la série et raconte l’histoire de Gunnar qui est le frère aîné.

Gunnar est un champion de MMA et rentre à la maison pour s’occuper de sa mère et par ricochet du salon de beauté de sa mère. Il n’était pas revenu depuis dix ans et ça sonne comme une incohérence pour un fils qui est très attaché à sa mère.

Il revoit son amour d’adolescence, Eboni qui travaille dans le salon de beauté. L’ancienne flamme va-t-elle se rallumer ?

Le récit est assez ennuyeux jusqu’à la 2nde moitié du livre. En parlant d’ennui, je fais plutôt référence à la romance car il ne se passe rien d’étincelant entre les héros. Gun et Eboni n’ont pas encore réglé leurs comptes avec le passé et l’on ressent dans leurs propos qu’ils s’en veulent énormément. Leur brusque rupture a laissé des déchirures.

Quand ils parviennent enfin à communiquer comme de vrais adultes, quand ils se rapprochent davantage et tissent leur toile d’amour, le récit devient encore plus plaisant. J’ai apprécié leur alchimie, ils ont réussi à transmettre au lecteur leur amour. Ma scène préférée ? La coupe de cheveux dans la salle de bains.

Ce premier tome de la série offre une lecture plaisante avec des personnages principaux et secondaires intéressants à suivre. Queen Elisabeth et les coiffeurs du salon de beauté donnent de l’attrait au récit avec leur humour.

Néanmoins, il existe quelques bémols dans la construction de l’intrigue notamment l’adoption de Gun et ses frères qui n’est pas très explicite. Où et quand Queen Elizabeth a-t-elle rencontré ces trois frères ? Comment s’est passée l’adoption ? Il ne faut surtout pas oublier que c’est une femme noire qui adopte trois garçons blancs.

Dans ce premier tome, on rencontre le frère cadet de Gunnar et j’avoue que je suis tombée sous son charme. Le second tome, qui lui est dédié, est dans ma PAL mais avant de le lire, il faut que je découvre J. J. Murray, celui qui écrit des romances et des comédies romantiques BWWM depuis la naissance du genre dans les années 1990.

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The buchanans, book 2: Something right- Rose Fresquez

Jake Larson is good at everything…except relationships. When his marriage ends, it leaves the firefighter with doubts he’s never experienced before. Now he’s determined to protect his crushed heart the only way he knows how: avoid falling in love at all costs. And thanks to his friend Ezra, Jake is more than content to fill the hole in his life with a newfound faith in Christ and the hope for a brighter—if single—future.

Renee Buchanan is one of the best interior designers Colorado has to offer, and she knows it. She’s young, skilled, and confident…except when she’s around Jake Larson. Every time Jake steps into a room, her carefully crafted professionalism crumbles, and she finds herself lost.
And that’s a problem when Jake hires Renee to decorate his fixer-upper of a home. Not only is Jake her brother’s best friend, he’s also the gentleman of her dreams. And no matter how determined she is to make this the well-designed house of her career, and how thick the walls around Jake’s heart are, something new sizzles up between them, something they can’t help but be drawn toward.

As they work together to chip away at the walls of both Jake’s house and his heart, Jake is faced with a life-changing decision: let himself fall for his best friend’s beautiful sister, or stay single but keep his friendship intact. Either way, Jake knows he must let go of his past before he can grab hold of the future…or else risk losing the second chance he desperately needs.

Après avoir lu le tome 1, j’avais hâte de poursuivre la série axée sur la benjamine de la fratrie Buchanan : Renee.

Renee est une jeune femme de 25 ans, secrètement amoureuse d’un ami très proche de son frère Ezra depuis 3ans. En attendant la naissance d’une romance, elle se contente de l’amitié qu’il lui offre.

Jake est un jeune trentenaire, divorcé. Un divorce qui lui a laissé des cicatrices sur le point de se rouvrir puisque son ex-femme lui mène la vie dure. Il a des sentiments pour la belle Renee mais n’a pas envie de gâcher non seulement leur amitié mais celle qui le lie à Ezra.

Les 3/4 du récit représentent donc l’histoire d’amitié entre nos héros, le sentiment d’amour voilé, des péripéties sur la vie de famille et la vie socio-professionnelle de nos héros. C’est intéressant au début mais lassant à la longue. Le rythme est beaucoup trop lent et c’est l’un des gros bémols du livre. Je lui reproche sa linéarité, la romance qui ne s’installe que dans le dernier quart du livre. L’histoire aurait été plus captivante si l’auteure nous avait épargné quelques péripéties. J’ai mis la lecture en pause pour lire un autre livre au rythme plus vif tellement l’ennui était présent pour vous dire.

A part ça, j’ai bien aimé le tandem Jake/Renee. En romance, je lis essentiellement des couples mixtes et Something right a été ma 1ère romance WWBM. Je me rends compte que les auteures afro-américaines écrivent en majorité du BWWM. Je me demande bien pourquoi.

J‘ai beaucoup apprécié l’arrière-plan chrétien du récit : les prières, l’invitation à avoir le même regard que Dieu pose sur notre prochain, etc…

J’ai apprécié avoir des nouvelles de Ezra et Leila, les héros du 1er tome. J’ai apprécié découvrir un peu plus Andrew, l’aîné de la famille. Son caractère très mature me donne l’envie de tenter le tome 3 qui lui est dédié mais j’ai peur de retrouver un rythme lent bien présent dans les tomes 1 et 2.

La phrase à méditer sur la vie de couple.

« There are always complications along the way, Son. » He slapped Jake on the shoulder. « That’s what makes the journey exciting »

Paisible semaine à tous et excellente semaine sainte aux chrétiens 🙂

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The Buchanans, Book 1 : FIRST SITE de Rose Fresquez

When Leila’s students challenge her to go camping, she sets out armed with a bucket list designed to force her out of her comfort zone—the indoors. Her trip starts with a broken car, a twisted ankle, and several forces of nature. She expected a few bumps along the way, but not the handsome stranger who comes to her rescue.

Ezra has no time for romance, preferring to spend his rare time off from work as a firefighter enjoying nature. He definitely didn’t plan on playing hero on his camping trip, especially not to a beautiful woman who looks like she’d be more at home in a five-star resort.

A connection sparks between them, and despite Ezra’s doubts and ever-present commitment issues, this one fire he doesn’t want to put out. Can these opposites find a happily ever after?

J’ai eu envie de lire des « clean romance » c’est-à-dire des histoires sans scène de sexe. J’ai donc fait une petite sélection Kindle de ces romances et mon marathon a commencé par le 1er tome de la trilogie Buchanan. Le tome 1 est réservé au cadet Ezra, le 2nd à la benjamine et le dernier à l’aîné.

Ezra est un pompier, attaché à sa famille et surtout au Seigneur. J’ai beaucoup apprécié l’arrière-plan chrétien qu’offre cette romance. J’ai apprécié la place de la prière, des méditations. J’ai envié les personnages qui arrivent à faire une chose qui me manque : la dévotion matinale. 😀

Ezra est célibataire et il a trouvé son équilibre de vie entre son boulot, sa famille, ses activités à l’église et ses activités sportives au grand air. C’est un habitué du camping contrairement à Leila.

Leila est enseignante. Si Ezra a baigné dans le christianisme depuis son enfance, elle est une jeune convertie. J’ai apprécié les circonstances dans lesquelles ils se rencontrent tous les deux même si ça n’a rien d’original. J’ai apprécié leur rapprochement qui s’est fait très lentement. C’est d’ailleurs le gros bémol de cette histoire: le rythme est très lent.

Ezra s’interroge beaucoup sur cette relation naissante. C’est mignon au début mais à la longue, ça a fini par m’agacer. J’aurais voulu qu’il soit plus sûr de lui. L’auteure aurait fait un gain de pages et moi un gain de temps.

L’histoire se déroule en majeure partie dans un camp et j’ai apprécié ce contact visuel avec la nature et le parallélisme fait avec Dieu.

L’auteure a inséré quelques moments de tension entre nos amoureux notamment sur leur différence raciale. Sûrement pour apporter un peu plus de rebondissement et de relief au récit mais j’aurais aimé que ces moments soient plus originaux.

First site est une douce et légère romance dans l’ensemble. J’ai lu en anglais et ai trouvé le niveau de langue accessible. J’ai débuté le 2e tome et j’ai hâte de vous confier mon ressenti.

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Au bord de la rivière Cane – Lalita Tademy

 
A travers quatre générations de femmes noires américaines, cette émouvante saga familiale, riche en rebondissements, raconte la fin de l’esclavage.
En 1837, Suzette est esclave chez de riches planteurs français installés en Louisiane. Ici, les blancs ne brutalisent pas les Noirs, ils les considèrent simplement comme des outils domestiques. Séduite et engrossée par Eugène Daurat, un bellâtre bordelais, elle va donner naissance à Philomène. L’émancipation est en route. Philomène sait se rendre indispensable et, à la mort de ses maîtres, toute la plantation repose sur ses épaules.
Peu à peu, grâce à sa liaison avec Narcisse Fredieu, un fermier blanc fort épris d’elle, elle va mener combat afin d’obtenir de meilleures conditions de vie pour elle et ses enfants. Ce roman épique, inspiré d’une histoire vraie – celle de l’auteur -, s’appuie sur l’extraordinaire force de vie et la soif de progrès de ces femmes qui utilisent les seules armes dont elles disposent : patience, endurance, ruse et séduction pour trouver la force nécessaire à élever seules leur nombreuse progéniture, et à vivre les heures les plus sombres dans la promesse et l’espoir de la liberté.
l'Afrique écrit

Une saga familiale évoquant des femmes qui ne sont pas des personnages de papier, des femmes qui ont réellement existé. Des femmes fortes… 

L’histoire débute dans les années 1850.  

Suzette est la première femme de la lignée ancestrale à être présentée. Née en 1825, nègre de maison, elle va être violée à répétition par Eugène Daurat

À la fin de chacune de leurs relations, il lui disait : Merci, ma chère.
Suzette essayait de deviner ce que l’homme-poupée voulait dire par là. S’il s’agissait d’un véritable remerciement, avait-elle la possibilité, quand il voulait la rencontrer, d’obéir ou non à ses instructions ? Était-elle autorisée à dire tout haut qu’elle n’avait pas envie de s’allonger en cachette pendant qu’il fouraillait et parfois lui faisait mal ? 

Elle n’avait pas la possibilité de lui résister. C’était un adulte, un homme blanc et un ami des Derbanne. Elle ne pouvait pas se confesser à sa mère.

Ce viol subi par Suzette n’est pas inédit. Sa mère l’a aussi subi….

De ces viols vont naître des enfants métis. Si ce métissage n’a pas été recherché par Suzette, sa fille, Philomène va le désirer en vue d’assurer un meilleur avenir pour sa descendance. Philomène est convaincue qu’une peau claire servira à ses enfants. Elle leur donnera accès à une ascension sociale, à plus de liberté. 

Philomène utilisera le désir de l’homme blanc pour blanchir le sang de sa lignée et avoir des droits…. Ruse et séduction vont être ses armes pour atteindre ses objectifs. 

— Sois pas téméraire au point d’imaginer que tu peux gagner le cœur de Narcisse Fredieu, répondit Elisabeth.
— Qu’est-ce que j’ferais du cœur d’un homme blanc ? répliqua Philomène d’un ton tranchant. J’veux sa tête, son esprit. J’suis pas sans ressource, Mémère. Moi aussi, j’peux épier les gens, regarder dans leur âme. Il veut que j’le connaisse, mais il me connaîtra jamais. 

Elle fit lever les bras à Eugène pour lui enlever sa chemise sale.
— T’as des idées préconçues sur la couleur, exactement comme Suzette, dit-elle à Philomène.
— Une peau claire, ça leur servira.
Philomène regarda ses enfants. Leurs cheveux cuivrés étaient raides et ils avaient des traits de type européen et non africain.
— Tous les deux, on croirait des Blancs.
— Ce genre d’idée, grommela Elisabeth, ça vous brise une famille.

La logique de Philomène va s’ancrer dans la famille et se transmettre de génération en génération.

La logique familiale le poussait à épouser une femme aux caractéristiques précises : une peau blanche, des yeux clairs, des cheveux raides, une éducation catholique. Et féconde, pour que la génération à venir augment encore la distance entre eux et les nègres, et se rapproche des Blancs. Il était même envisageable qu’il épouse une Blanche, comme son oncle Nick l’encourageait à le faire.
Des générations avaient été sacrifiées au nom de l’apparence. Cette pensée remplissait T.O.

La seule chose qui lui restait à faire était de purifier le sang de ses propres enfants. Combien de fois sa mère ne lui avait-elle pas dit que le sang était tout ? Bien évidemment, elle parlait du sang blanc. 

J’ai apprécié, le refus de T.O, descendant de Philomène, de faire perdurer cette coutume familiale et d’épouser une noire. 

Au bord de la rivière cane montre un aperçu d’une époque importante de l’histoire afro-américaine. Fin de l’esclavage, instauration de la ségrégation raciale et des relations interraciales perçues comme un crime. 

— Nicolas, il a toujours été gentil avec moi, dit-elle d’un ton collet monté.
— Y a gentil et gentil. Gentil par simple obligeance et gentil sur quoi bâtir une partie de sa vie. Même si Nicolas, il avait du goût pour toi, sa famille, elle le tolérerait pas.

Ce roman dépeint le colorisme, le rejet de la couleur de peau noire parce qu’elle renvoie à l’esclavage, à la souffrance, au plafond de verre…

Au bord de la rivière cane est un roman émouvant, entraînant. Les personnages bien construits ont du caractère à l’instar de Philomène lucide, déterminée, très pragmatique. Le style fluide de l’auteur permet de traverser la rivière de papier de 496 pages sans frôler l’ennui.

Christmas

Éditeur : Charleston

Année de publication :  2019

Nombre de pages : 496

Disponible aux formats papier et numérique 

Roman présélectionné pour le Prix les Afriques 2020

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Kintu – Jennifer Nansubuga Makumbi

kintu

Les malédictions ont la vie dure. Depuis que Kintu, gouverneur d’une lointaine province du royaume du Buganda, a tué accidentellement son fils adoptif d’une malheureuse gifle, en 1750, un sort est lancé sur tous ses descendants, les vouant à la folie, à la mort violente, au suicide.

Et en effet, trois siècles plus tard, les descendants de Kintu semblent abonnés au tragique : Suubi harcelée par sa sœur jumelle qu’elle n’a jamais connue, Kanani, le « réveillé » évangéliste, fanatique mais lubrique, Isaac Newton, torturé par l’idée d’avoir transmis le sida à sa femme et à son fils. Et enfin, Miisi, le patriarche, l’intellectuel éduqué à l’étranger, harcelé par des visions et des rêves où s’invitent l’enfance, les esprits, l’histoire du clan et de la nation toute entière.

Un par un, ils sont appelés par les anciens du clan, dans une forêt aux confins de l’Ouganda, dans une ultime tentative de conjurer le sort.

l'Afrique écrit

Un prologue et six longs chapitres forment la charpente du livre.

Le prologue nous installe à Bwaise, le 5 janvier 2004 et annonce Kamu Kintu. Le lecteur n’a pas le temps de faire amplement connaissance avec Kamu qu’il faut déjà le quitter. Kamu a subi la violence de la justice populaire….

Voyage vers le passé, dans les années 1750 au Buganda. On découvre Kintu Kidda, l’ancêtre et les origines de la malédiction. 

Ses descendants (Suubi, Kanani, Isaac Newton, Miisi) dans les années 2000 exposent leurs souffrances vécues dans l’enfance et en tant qu’adulte. Ils subissent fortement le poids de la malédiction. 

J’ai trouvé certains récits très intéressants comme ceux de l’ancêtre Kintu Kidda et Kanani mais ceux de Suubi, Isaac Newton m’ont légèrement ennuyée. 

Certains personnages secondaires attrayants comme celui de Kusi, la générale, auraient mérité un développement.

Kintu est une fresque qui couvre trois époques. J’ai découvert de manière brève le Buganda avant la colonisation britannique, l’Ouganda dans les soleils des indépendances (clin d’œil à l’oeuvre d’Ahmadou Kourouma) et la guerre ougando-tanzanienne. L’auteure ne s’appesantit pas sur le contexte politique. Elle attise la curiosité du lecteur. 

La spiritualité est le thème central de cette saga familiale. Deux formes de spiritualité sont opposées l’une à l’autre : la spiritualité ancestrale avec ses rites et traditions et la spiritualité chrétienne, celle qui a été apportée par le colon. La majorité des personnages revendique une spiritualité africaine, un retour aux sources.

L’auteure aborde d’autres sujets comme l’extrémisme religieux, le tribalisme, l’inceste, la virilité telle que perçue par la société, l’homosexualité. Le point de vue ougandais selon lequel l’homosexualité n’est pas une exportation occidentale aurait pu être davantage développé.

Kintu est un livre intéressant pour qui désire avoir un aperçu de l’histoire politique de l’Ouganda et ses coutumes. 

Kintu est un livre percutant pour qui s’intéresse vivement aux effets de la colonisation, à la place de la spiritualité africaine dans le monde contemporain.  

– Tu vois, commença Misirayimu, c’est exactement ce qui se passe quand une société est paralysée par le concept d’un Dieu tout-puissant. Qu’est-ce qui peut empêcher ses chefs de prendre exemple sur Lui ? Peut-on critiquer son propre Dieu ? Peut-on Lui demander des comptes ? Les croyants ont tendance à singer leur divinité mais de façon pervertie.

J’ai beaucoup apprécié cet article de Miisi 

Contrairement au reste de l’Afrique, le Buganda se laissa attirer sur la table d’opération par des flatteries et des promesses. Le protectorat était la chirurgie plastique censée conduire plus rapidement le corps africain léthargique à la maturité. Mais une fois son patient sous chloroforme, le chirurgien fut libre de faire ce qui lui chantait. D’abord, il sectionna les bras et les jambes puis mit les membres noirs dans un sac-poubelle avant de les jeter. Il prit ensuite des membres européens et entreprit de les greffer sur le torse noir.

Quand l’Africain se réveilla, l’Européen s’était installé chez lui. Bien que l’Africain ait été trop faible pour se lever, il dit tout de même à l’Européen : “Je n’aime pas ce que tu es en train de faire, mon ami. Sors de chez moi, s’il te plaît.” Mais l’Européen répondit : “J’essaie seulement de t’aider, mon frère. Tu es encore trop faible et trop groggy pour t’occuper de ta maison. Je vais m’en occuper en attendant. Quand tu seras complètement rétabli, je te promets que tu travailleras et que tu courras deux fois plus vite que moi.” Mais le corps africain rejeta les membres européens. L’Afrique dit qu’ils sont incompatibles. Les chirurgiens disent que l’Afrique est sortie de l’hôpital trop tôt et que c’est pour cela qu’il y a une hémorragie. Il lui faut une intraveineuse beaucoup plus régulière de sang et d’eau. L’Afrique dit que le sang et l’eau sont trop chers. Les chirurgiens disent : “Mais non, nous avons fait la même chose avec l’Inde, et regarde comme elle court vite.”
Quand l’Afrique se regarda dans le miroir, elle se trouva hideuse. Elle regarda dans les yeux des autres pour voir comment ils la voyaient : il y avait de la révulsion. Cela donna à l’Afrique la permission de s’automutiler et de se haïr. Parfois, quand le monde a le dos tourné, les chirurgiens remuent le couteau dans les plaies de l’Afrique.
Quand elle tombe, les chirurgiens disent : “Vous voyez, on vous avait dit qu’ils n’étaient pas prêts.” Nous ne pouvons pas retourner sur la table d’opération pour réclamer les membres africains. L’Afrique doit apprendre à marcher sur des jambes européennes et à travailler avec des bras européens. Avec le temps, les enfants naîtront avec des corps évolués et avec le temps, l’Afrique évoluera en fonction de sa nature d’ekisode et prendra sa forme la meilleure. Mais celle-ci ne sera ni africaine ni européenne. Alors la douleur s’estompera.

La structure du récit est complexe, il y a de fréquents aller-retour entre le passé et le présent des descendants de Kintu Kidda. Le niveau de langue est accessible et je parle bien entendu de la traduction française mais certains termes en luganda ne sont malheureusement pas traduits. 

 

Christmas

Roman présélectionné pour le Prix les Afriques 2020

Éditeur : Métailié

Date de publication : Août 2019

Nombre de pages : 480

Disponible aux formats papier et numérique 

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Le défi de Gemma Westmoreland – Brenda Jackson

En apprenant qu’elle a été choisie pour décorer l’immense propriété australienne de Callum Austell, Gemma Westmoreland a du mal à contenir son excitation. Certes, elle se méfie un peu de ce séduisant milliardaire qu’elle juge arrogant et bien trop sûr de lui, mais n’est-ce pas là l’occasion idéale pour faire décoller sa carrière ? Cependant, sa joie est de courte durée, car, très vite, elle s’aperçoit que Callum ne l’a pas recrutée seulement pour ses qualités professionnelles…

 

mon-avis-de-lecture

L’auteure nous met dans la confidence dès le prologue. On découvre les intentions louables de Callum envers Gemma. Il l’aime depuis trois ans en silence et veut la conquérir…

Dans les ouvrages de Brenda Jackson que j’ai lus jusqu’ici, l’attirance sexuelle vient avant l’amour. Dans ce tome 19 de la série Westmoreland, l’amour vient avant. J’ai apprécié l’envie de Callum de faire de Gemma sa femme sans l’avoir connu sexuellement. Il l’aime, il veut son bonheur, il veut la combler. Il le répète sans se lasser tout au long du roman et en ces temps moroses, ça fait du bien de lire tant d’amour ressenti. 

A part cette nouveauté si je peux l’appeler ainsi, on retrouve le schéma classique de Brenda Jackson : hommes beaux à couper le souffle avec un compte en banque bien fourni et l’héroïne vierge.

C’est assez lassant que ce schéma revienne sur plusieurs tomes. Et surtout quand on veut bien faire les choses, autant perdre sa virginité à la nuit de noces, non ? 😀

Le récit se déroule entre Denver et Sydney. Les descriptions de la ville de Sydney m’ont donné l’envie de l’inscrire dans mes souhaits de voyage.  

La série Westmoreland met un accent non négligeable sur l’importance de la famille. Nos deux héros sont très attachés à leurs familles, je me suis retrouvée à travers eux. 

Ce tome a été l’occasion d’avoir des nouvelles de ma chère Delaney et de Durango.

Je me suis attachée à Callum et Gemma mais leur douce histoire était trop courte à mon goût. Ils m’ont donné l’envie de lire d’autres romances du coup j’ai enchaîné sur une autre.

Laquelle ? Ça c’est une autre histoire…

signature coeur graceminlibe

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Regards de vérité, tome 1 : La candeur entachée

Léa, jeune mère courage n’a qu’une obsession: trouver un nouveau papa pour Moya sa petite orpheline et ainsi fonder un foyer, symbole de respectabilité et synonyme de réussite dans la plupart de nos sociétés africaines.
Au nom du mariage, Léa accepte brimades et humiliations. Au nom de l’amour, elle est aveugle. 
Si aveugle et préoccupée à lécher ses propres blessures, qu’elle ne voit pas ce père trop entreprenant à l’égard de Moya.
Cette histoire, c’est la candeur entachée d’une fillette de 12 ans qui se raconte. C’est le regard de Moya qui découvre douloureusement un monde d’adultes dans toutes ses perversités, ses fragilités et son hypocrisie. C’est l’échec de nos sociétés, l’incohérence de notre justice, le poids de nos traditions…

l'Afrique écrit

Lamazone Wassawaney était l’invitée de Livresque 30. Pendant une heure, nous avons échangé avec elle sur les thèmes de ce premier roman qu’elle offre au public et qu’elle a auto-édité.

Edité au format poche, La candeur entachée _ 1er tome de la trilogie Regards de vérité_ semble avoir été imprimé par un éditeur étranger. L’impression est de qualité, la police d’écriture est assez petite mais pas gênante. 

J’ai désiré avoir ce roman autant pour son aspect visuel que pour son contenu. 

 

L’auteure ne se revendique pas féministe, elle mène un autre combat : dénoncer les violences physiques et psychologiques faites aux femmes, la pédophilie passée sous silence dans notre société en particulier en Côte d’Ivoire et mener des actions concrètes pour qu’elles cessent.

L’auteure par ses mots choisis avec soin nous invite à mener ce combat avec elle. 

La candeur entachée à travers les confidences de Moya et sa mère Léa dresse avec exactitude le portrait de notre société. Une société où le mariage est celui qui donne un sens à l’existence de la femme, une société où la femme doit tout supporter, n’a que des devoirs et aucun droit.

la candeur entachée

 

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Ça a été un réel plaisir de faire la connaissance de Yowl, l’amie de Léa. J’aime parfois dans mes lectures rencontrer des personnages qui me ressemblent. Yowl a la même vision de la vie que moi. Elle n’a ni homme ni bébé mais cela ne l’empêche pas d’être heureuse. 

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La candeur entachée est un roman à lire et à faire lire pour les thèmes d’actualité qu’il aborde avec finesse. Le cliffhanger donne sans contredit l’envie de lire le tome 2. J’espère qu’il ne tardera pas.

Je n’ai noté qu’un bémol durant ma lecture : narré à la 1ère personne, j’ai trouvé que le langage soutenu de Moya était inapproprié même si c’est une jeune fille très mûre pour son âge.

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