Assister à la Nuit du Slam à l’Institut français de Côte d’Ivoire organisée par le Collectif Au Nom du Slam
Sans hésiter, j’ai opté pour le 2e choix. J’aime beaucoup le collectif Au Nom du Slam dont je vous avais présenté le 1er album, il y a quelques mois. Ce collectif vise à promouvoir le Slam, créer des plateformes d’expression pour le Slam et valoriser la culture ivoirienne par le Slam. Le Collectif au Nom du Slam est composé de onze membres dont trois femmes.
J’admire ces femmes et ces hommes qui font chanter les mots. J’aime ces artistes qui vivent leur passion avec détermination.
De 19 h 30 à 20 h 45, j’ai dévoré chacun des mots de Bee Joe, Kpegik, l’Etudiant, Amee, Lyne, Philo, Roi Fort Malik, Noucy Boss… Tels des papillons, leurs mots ont voltigé et exécuté avec sincérité la danse des maux, de la mélancolie, de la persévérance, de la révolte… J’ai souri, j’ai ri, j’ai applaudi leur dextérité.
La nuit du Slam a été un beau spectacle. Parce que vous le valez bien, je vous mets des extraits de ce que vous avez raté.
Extrait 1 : Les mots du slameur Philo
Extrait 2 :Les mots d’Amee sur les effets contraignants de la célébrité
Extrait 3 : les mots de Kpegik ou quand une femme change un homme. Kpegik s’exprime en nouchi, argot ivoirien. Ce texte est l’un de mes coups de cœur de cette soirée.
Extrait 4 : « Christ est mort pour eux » est un texte de l’Etudiant. Ce texte est également l’un de mes coups de cœur de la soirée. L’étudiant est révolté, il dénonce l’injustice sociale. Pour lui, Jésus Christ fait du favoritisme sinon pourquoi n’accorde-t-il pas aux pauvres ce qu’il accorde aux riches ?
J’espère de tout cœur que la route de ces artistes sera très longue et qu’ils vivront avec largesse de leur art.
Et vous que leur souhaitez-vous ?
Avez-vous participé à des événements culturels ce weekend ?
Passer mon après-midi dominical à regarder des séries brésiliennes ou nollywoodiennes
Poursuivre ma lecture de La saison de l’ombre de Léonora Miano
Passer mon après-midi dominical à la dédicace officielle de Poings d’interrogation où slam, théâtre, prestation chorégraphique sont au programme
Telles étaient les alternatives qui se présentaient à moi dimanche dernier. Sans hésitation, j’ai choisi le 3. Je ne pouvais commettre l’erreur de ne point participer.
Avez-vous envie de voir ce que vous avez raté ? Retour sur cet événement sensationnel en mots et images.
L’agréable présence des aînés
De fervents acteurs de la littérature ivoirienne étaient présents. Il s’agit de Josette Abondio et Séry Bailly. J’ai été ravie de voir ces aînés soutenir leurs cadets.
Le mot culturel de la marraine
Crédit photo : Yahn Aka
Werewere Liking, fondatrice du groupe Ki Yi M’Bock, compagnie de théâtre basée à Abidjan et marraine de l’événement a introduit la soirée dédicace. Elle a salué la motivation des jeunes co-auteurs Essie Kelly, Yehni Djidji, Malicka Ouattara, Cédric Kissy et Yahn Aka, les a encouragés dans leur élan.
« Plus tôt on commence, plus loin on peut aller » A t-elle souligné rappelant à tous l’importance de porter tôt le sacerdoce de l’auteur.
Elle a salué l’existence d’alternatives, permettant à chaque artiste de s’exprimer selon le canal qu’il préfère.
Elle a ensuite remercié Henri N’koumo, le directeur du livre et de la lecture au Ministère de la Culture et de la Francophonie, pour sa présence effective aux événements qui célèbrent le livre.
Pour finir, elle a remercié l’assistance pour son implication dans l’élargissement de la conscience culturelle.
Le mot pratique de Henri N’koumo
Crédit photo : Yahn Aka
Le directeur du livre et de la lecture a félicité l’ensemble des co-auteurs et leur a rappelé l’une de leurs missions en tant qu’auteur ivoirien : montrer la vitalité de notre écriture au plan international.
Le mot reconnaissant de l’éditeur
Crédit photo : Yahn Aka
Yahn Aka, co-auteur et éditeur de l’ouvrage a remercié l’assistance pour sa présence, rappelé le soutien de la marraine et le but de ce livre collectif : rassembler les jeunes écrivains, faire croître l’esprit de collaboration.
Les prestations artistiques
Le Kiyi Junior nous a présenté des extraits d’une création en cours pour une participation au Festival de Carthage. La création s’intitule « Ton pied, mon pied ». L’expression, dérivée de l’argot ivoirien est employée pour dire qu’on suit une personne partout où elle va.
La création artistique tourne autour de l’univers du pied et lance quelques piques aux hommes qui banalisent l’importance qu’ont les pieds.
J’ai énormément apprécié l’originalité de cette création captivante et divertissante.
Rien que pour vous, voici quelques extraits.
Le magnifique commentaire de Josué Guébo
J’ai déjà lu quelques retours de lecture sur l’oeuvre mais aucun n’a la force, la précision, le souffle du commentaire de Josué Guébo sur la 1ère partie de l’oeuvre : Mots édentés.
Usant d’une allégorie, il a présenté les auteurs comme les 5 doigts qui forment le poing.
« Le poing est formé par l’union des cinq doigts. Pour former un poing, les doigts doivent se replier sur eux-mêmes dans une forme d’introspection. Le poing est pluriel. Un seul poing ne suffit pas toujours à faire tomber l’adversaire. »
Cédric Kissy, l’auriculaire
Essie Kelly, l’annulaire
Yahn Aka, le majeur
Malicka, l’index
Yehni Djidji, le pouce
Parce que vous le valez bien, je vous présente un extrait vidéo de ce sublime commentaire
Il me tarde de lire les ouvrages de Josué Guébo et de me gaver de son savoureux nectar littéraire.
Encore une occasion pour être bercé par la douceur de la mélodie et des mots.
Un échange avec les auteurs a ensuite eu lieu permettant à l’assistance de leur poser quelques questions. L’un des invités a noté qu’il y avait 3 femmes parmi les auteurs. Ont-ils eu, à travers leur ouvrage collectif, envie de défendre la cause féminine ? A cette question, Yehni Djidji a répondu qu’elle avait juste envie de dénoncer les nombreuses injustices faites à la femme dans notre société.
La signature des livres a fait suite à cet échange, un cocktail a été le point final de cette cérémonie.
Dire que cette dédicace fut un bon moment est un euphémisme. Grâce à lui, j’ai apporté mon soutien à des auteurs, j’ai pu m’égayer et rencontrer pour la première fois tous ces amoureux de la littérature avec qui j’échange régulièrement sur Facebook.
La prochaine étape de mon périple littéraire : dévorer Poings d’interrogation. J’espère de tout cœur qu’il sera à la hauteur de sa dédicace. 😉
Voilà, j’espère que cet article vous a rempli de regret et d’amertume, que vous avez envie d’avoir le don de téléportation, remonter le temps et assister à cette dédicace.
Une blogueuse a également adoré cette messe culturelle. Pour lire son avis, cliquezici
Si vous désirez voir plus de photos de l’événement, vous pouvez cliquerici
Yacine Niang est une jeune femme sénégalaise née à Saint-Louis.
Mélomane et cinéphile, elle adore l’écriture et particulièrement le slam, art d’expression orale populaire.
Rencontre avec l’artiste.
Comment êtes-vous arrivée au Slam ?
En réalité, je n’ai jamais pensé faire du Slam. D’ailleurs, je n’ai jamais pensé écrire tout court. J’étais en classe de quatrième lorsqu’un concours de poésie a été lancé. Contre toute attente, mon poème a été retenu pour faire partie de la compilation. De là est venu mon amour pour l’écriture.
L’idée de faire du slam est arrivée lorsque j’étais en classe de 1ère. C’était à l’occasion d’un autre concours qui a été organisé par l’institut français de Saint-Louis. Les candidats devaient composer un poème de 20 vers avec les dix mots de la francophonie. J’ai tenté ma chance, je suis sortie troisième de ce concours. Je n’y croyais pas trop car le Slam était un terrain inconnu pour moi. Depuis ce fameux concours, je n’ai plus arrêté.
Qu’est-ce qui vous fascine dans le slam ?
Ce qui me fascine dans le slam c’est la Liberté qu’on a. Dans le Slam on peut écrire ce que l’on veut sans tenir compte d’aucune règle. Mais ce qui me plait le plus, c’est le moment de la déclamation. Le rapport qu’on a avec le public. La sensation qu’on offre à ce même public et leur réaction sont juste magnifiques. Ce qui me plait aussi dans le slam, c’est le fait de laisser exprimer ses émotions, le fait de les dire et de se mettre à nu devant tout un monde. Mais surtout, la puissance que l’on donne aux mots qu’on utilise.
Y a-t-il des auteurs qui influencent votre écriture ?
Je ne dirai pas qu’il y a un auteur particulier qui influence mon écriture mais si je devais choisir, je dirai Grand Corps Malade. Je n’écris pas comme lui, cela est sûr. Nous n’avons pas le même style mais je l’écoute très souvent et il m’arrive parfois de vouloir adopter son style.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Je puise mon inspiration partout et n’importe où. En fait, c’est le quotidien des gens qui fait mes textes. L’inspiration peut venir d’une dispute d’un couple, de la disparition de quelqu’un… Je n’ai pas une source d’inspiration précise, ce sont les faits quotidiens que traduisent mes pensées.
Quels sont vos thèmes de prédilection ?
Je suis plutôt un poète lyrique. Donc je parle autant de l’amour que de la haine. Autant de la vie que de la mort. Mais il y a aussi beaucoup de moi dans mes écrits.
Vous avez publié récemment un recueil de slam. D’où vous est venue cette envie de publication ?
En réalité, je n’avais jamais pensé sortir ce recueil. A la base, j’écrivais juste pour moi. Il m’était même difficile de montrer cela à mes proches tellement j’avais peur du jugement des autres mais au fur et à mesure que j’avançais dans mes écrits je ne pouvais plus les cacher. J’ai commencé à en montrer quelques uns à mes sœurs puis à ma mère et comme elles appréciaient, je me suis senti pousser des ailes. J’ai commencé à écrire chaque jour un peu plus de textes.
L’idée de faire un recueil est venue grâce à un ami. Il m’a toujours conseillé par rapport à mes écrits. Il a fait le projet sien, m’a donné l’envie de faire part de mes pensées à toute une communauté.
« Demande-le-moi » : pourquoi ce titre ?
Ce titre pour faire savoir au lecteur qu’il peut me demander tout ce qu’il veut et qu’il trouvera la réponse en lisant le recueil. Ce titre contient aussi ma manière de penser la vie, de la concevoir.
De quoi parle l’oeuvre ?
L’œuvre est faite de haut et de bas, de joie et de peines. Il y a des moments qui reflètent le côté obscur de la terre et des moments où je traduis et fais l’éloge de l’amour. Le contenu du recueil c’est moi. A travers ce recueil, je décris comment je perçois le monde.
Avez-vous une cible particulière ?
Je n’ai pas de cible particulière. Cela commence du tout petit au plus âgé. J’utilise des mots assez simples qui ne nécessitent pas l’utilisation d’un dictionnaire pour comprendre le sens des textes. C’est assez limpide et clair afin de permettre à tout un chacun de pouvoir s’y retrouver.
Quels sont vos prochains projets de publication ?
Un autre recueil mais pas du même style. Je pense à faire un recueil audio afin de permettre aux personnes qui n’aiment pas lire d’écouter le recueil. D’autres projets sont aussi en attente mais sont plus liés à mon domaine de prédilection : Les arts et la Culture.
Quel est votre texte préféré ?
Il s’intitule « Mon nouvel ange »
Je l’ai senti las, il grelottait
Ses yeux étaient vers le levant, fixant l’ange qui l’appelait
Il s’agrippait à mon bras, tirant très fort sur mon poignet
Et son souffle était si lourd, que pleurer, je n’ai su que m’y résigner
Il était là, allongé sur le lit,
Son corps abattu le lâchait, et fragile, il était devenu
Je n’avais qu’un souhait : lui rendre ses années vécuces
Hélas, cela n’était qu’une autre de ces illusions qui hantent mon esprit
Il était désormais trop tard
A présent je le vois comme un bébé
Un balbutié, qu’il essaie, mais échoue
Aucun son audible ne parvient à sortir de sa bouche
Il rumine ses pensées
Se collant à moi comme si j’étais sa destinée,
A son chevet, je voudrais loger
Pour lui réciter ses innombrables versets.
Ses dernières prières, il les a faites avant de s’en aller
Maintenant, il est l’un de ces beaux anges des cieux
De là haut, il nous fixe et bénit nos âmes
De lui on se souvient comme s’il était encore là
Il nous a ravi le bonheur de nous réveiller à ses cotés
Une boule me hante, elle est angoisse et j’en perds la tête
Mes nuits deviennent jour et le jour tout s’assombrit
Tout est fini car de lui, Il s’est emparé
Je me suis rendue à son ultime demeure
Et j’ai vu ses nouveaux compagnons à ses côtés
J’ai senti la courge dont il faisait jadis montre
Et cela m’a rassuré de savoir que sur nous il veille
Je frissonnais, je le sais,
Je ne me contenais hélas déjà plus,
J’ai revu le regard perçant qu’il projetait
Dans mon rêve le jour où il nous a quittés
Il n’est plus là, je n’arrive toujours pas à l’imaginer
Que vais-je devenir ? Qui de ses prières va me rassurer ?
Il est parti sans un seul mot de dit
Avec un sourire enfantin, comme pour dire : Rassurez-vous
C’est fini, j’en suis consciente
Dans sa nouvelle demeure, il se repose
Pour moi, il ne fait juste qu’un sommeil
Car son travail l’a beaucoup fatigué.
Je préfère ce texte parce que je l’ai dédié à mon grand-père. Un honnête homme que j’ai beaucoup apprécié. Il a marqué mon existence.
Quelles sont vos passions en dehors de l’écriture ?
J’aime bien écouter de la musique ou regarder des films. Parfois je me mets à la lecture, j’ai une préférence pour la romance.
Petit bonus pour nos lecteurs, nous allons établir votre portrait chinois
Si j’étais une saison, ce serait été
Si j’étais une épice, ce serait poivre
Si j’étais philosophe, ce serait Nietzsche
Si j’étais une révolution, ce serait la révolution française
Si j’étais une invention, ce serait un IPhone
Si j’étais une chanson, ce serait The Climb de Miley
Si j’étais une des 7 merveilles du monde, ce serait les jardins suspendus de Babylone
Un petit mot de fin ?
Je tenais à vous remercier de m’avoir accordé cette interview. Je vous remercie également d’avoir eu confiance en ce que je fais sans pour autant me connaitre. Je remercie aussi Ibukaqui a permis cela et toutes les personnes qui m’ont soutenue et ont accordé de l’importance à ce que je fais.
Pour finir, je dis à ceux qui liront ceci de croire en leurs rêves. Peu importe ce que le monde dit ou dira, ce qui compte c’est ce que l’on pense de nous-même et de ce que nous faisons. Si tu as une passion, vis la et vis la profondément.
J’ai l’impression d’être Jésus en énonçant cette phrase. Il disait souvent à quoi comparerai-je le royaume des cieux en parlant à la foule. Ok, je m’égare, revenons donc à notre ouvrage du jour.
Je comparerai ce recueil d’histoires en vers rimés à un manoir. Un manoir à l’architecture originale avec du caractère qui regorge de salles de trésors que l’on peut visiter en une heure ou en une journée selon notre humeur, notre attachement au lieu.
Un manoir où on aurait envie de demeurer parce qu’il connaît notre histoire, il l’a vécue avant nous.
Un manoir qui abrite nos espoirs, il les a possédés avant nous.
Ce manoir contient 50 salles de trésors que l’on retrouve à différents paliers. Au premier palier, vous trouverez A la découverte des mots. Au second palier, A L’EGERIE, au 3ème ECRITS EN VRAC, au 4ème AUX CHERS DISPARUS, au 5ème ECRITS AMERS, au 6ème DUOS.
J’ai ôté mes souliers de verre, pénétré sans faire de bruit dans « A la découverte des mots« .
Lisez les mots qui m’ont accueillie :
« A toi qui veut être un poète fort excellent, L’art te requiert l’usage d’un habile talent ; Lorsque tu te passionneras pour les beaux mots, Et que tu voudras en produire même à flot. Sache, petit, que toute poésie sans méthode, Est laide comme la Méduse et incommode. Tous ceux pour qui la robe et le sens du vers Doivent être purs tels un repas dépourvu de vers.
Sois donc plus sévère lecteur qu’un simple écrivain, De peur d’être sans critique trompé par ta main ; Ne te laisse pas piéger par tes acrostiches, Sois veillant au repos de tes hémistiches.
Offre à ton cher public une agréable musique, Mais aussi un beau paysage à chaque distique, A travers la riche composition de tes rimes, Qui à l’oreille et l’œil se perçoivent et s’expriment.
Évite enfin une poétique catastrophe, En te gardant loin des vers secs à ta strophe; Au public, œuvre à donner l’aimable envie, D’écouter ce que tu chantes dans ta poésie.
Dites-moi, comment éviter de se laisser séduire par ces mots ? Comment éviter de ne pas s’installer dans le canapé moelleux à souhait de cette salle de trésor et écouter la musique qui émane de son sein ?
Comment ne pas se laisser emporter par la mélodie, la simplicité et la véracité des mots, ne pas interroger son statut de poète ?
Je n’ai pu m’empêcher de lire ces textes à haute voix, d’en faire du slam, d’imaginer Grand Corps Malade les déclamer.
J’écris pour dire que la vie vaut la peine qu’on s’y lance ; J’écris, car cela me permet aussi de croire, J’écris l’espoir, ce qui m’empêche de choir. J’écris, car j’ai vu la couleur de la douleur, J’écris les épines, mais je n’oublie pas la fleur, J’écris beaucoup la haine, et quelques fois l’amour, Car j’ai connu trop de peines, et très peu de beaux jours. J’écris des textes auxquels je mêle des métaphores, Depuis que j’ai su que la solitude peut être un confort, J’écris, car je rêve qu’un jour nouveau se lève, Et je ne ferai pas de trêve, jusqu’à ce que je crève.
Écrire, C’est aussi s’adonner aux lettres, Donner la chance aux piètres êtres, De chasser leur mal être. J’écris, car écrire c’est aussi offrir, Je donne mes mots à ceux qui ne savent que souffrir. J’écris et je cris les mots sourds de mes entrailles, Je ris de mes joies, et pleurs de mes entailles. J’écris pour réunir, j’écris pour abonnir J’écris pour tenir, car ce n’est pas prêt de finir.
Ô mer, combien à moi tu ressembles !
Pleine de mystères, débordante de secrets ;
N’ébruitant jamais que ces vagues que tu rassembles,
Messagers laconiques, ténébreux et discrets.
Comme avec toi, les hommes n’ont pu,
Sonder le fond de mes sombres abîmes,
Alors, avec moi, certains ont rompu,
Les relations filiales comme celles intimes.
J’ai couru jusqu’ A l’EGERIE et là j’ai contemplé mon reflet dans le miroir, ressorti mes souvenirs : amours en point de suspension, en point d’interrogation, en point final.
Mes amours précoces, mes amours tardifs, mes amours avortés, tout était là… dans cette anthologie.
« Loin des yeux, loin du cœur »
En voici un proverbe bien menteur,
La distance a attisé mes sentiments,
Son absence a accentué mes tourments.
Pourquoi si loin d’elle je ne pense qu’à elle ?
Et pourquoi brille si fort cette chandelle ?
Pourquoi dans mon sommeil, je la hèle ?
Et pourquoi j’entends ce chant d’elle ?
Après ton départ, les lendemains auraient dû jouer leur rôle, Tout aurait dû s’effacer, et la vie aurait dû redevenir drôle ; Hélas, depuis lors elle me semble perdue, ma vie d’antan, Il m’en coûte de tout oblitérer, de reprendre mon envol, Aujourd’hui encore, je stagne… alors, j’arrête le temps.
J’avoue être passée comme une flèche au palier ECRITS EN VRAC. Quelques-uns des textes écrits dans cette partie n’ont pas retenu mon attention.
Idem pour le palier AUX CHERS DISPARUS. Un léger vent de tristesse a soufflé en mon âme en lisant ces hommages aux disparus proches ou inconnus de l’auteur mais il a été de courte durée. J’ai un rapport assez étrange avec la mort mais n’en parlons pas ici. (rires)
Une orange, des bonbons, un repas sans surprise
Une horloge, une chanson, celle qu’on chante à l’église
Tel est le décor de chez moi, tous les soirs de Noël
Ah ! J’oubliais les omelettes qui dorment dans la poêle
Oh Dieu ! Dis au père Noël et à tous, que je suis un bon garçon
Et qu’ici aussi, on aime les cadeaux et pas que des p’tits pains
Que toute l’année on a été sage, et qu’on mérite une rançon
Je ne le dis pas que pour moi, mais aussi pour mes copains
J’ai trouvé ces strophes dans l’une des salles de trésor du palier 5 : ECRITS AMERS. Ai-je besoin d’indiquer qu’ils m’ont émue ?
Dans cette salle de trésor, il est question de manque, d’attente déçue, de jugement de valeur, d’amour impossible, de destin cruel.
Au paliers des DUOS, j’ai admiré la profondeur des échanges entre l’auteur et Kiné, l’auteur et Dija.
Dija :
J’ai connu ce sentiment amer, cette dépendance à l’autre Celui-là qui nous laisse perplexe, et qui nous fait son apôtre J’ai connu ces liens dits durs comme fer, et je les ai vus s’envoler Et j’en ai appris que l’on ne peut, si on ne le veut, en être condamné
Marcus :
Dija, il est de ces événements qui surpassent notre pensée De ces réalités que l’on ne peut hélas rejeter dans le passé Il restera, entre elle et moi, toujours ce même contentieux Que nous n’aurons réglé, avant qu’elle ne rejoigne les cieux
L’auteur part à la quête des peines du monde, revient aux siennes sans oublier de nous apporter notre lot. Il écrit comme il le sent, comme il l’entend, comme lui viennent les mots, librement. Et cette liberté séduit, émeut. Les métaphores dont il use sont si bien pensées.
Il y a tant de choses à dire sur cette anthologie, je préfère m’arrêter là. Penser les mots est une anthologie à lire, à relire et à faire lire. L’amoureuse des mots et des rimes que je suis s’est régalée. J’espère qu’il en sera de même pour vous.
Biographie de l’auteur
Auteur, entrepreneur, consultant et conférencier, Marcus da Writer est l’une des nouvelles voix de la littérature africaine. Porte-parole de la jeunesse, c’est autour de thématiques relatives aux jeunes que s’inscrit la plus grande partie de ses oeuvres. Marcus, Ibuka Gédéon Ndjoli de son vrai nom, est l’auteur de « La Jeunesse Africaine a une voix », « Jeunesse & Education », « Sur les traces de MJ », et « Les Histoires de vos vies ».
Kusoma Group, la start-up africaine qu’il dirige, ambitionne de démocratiser l’édition et la lecture. Elle accompagne les auteurs indépendants et éditeurs d’œuvres africaines dans la démocratisation de leurs livres, grâce à une plateforme web et mobile qui comprend un Editeur, une Librairie et une Bibliothèque numériques.
Un événement littéraire organisé par une promotrice culturelle ivoirienne Yehni Djidji.
Soucieuse du rayonnement de la littérature à travers la lecture et l’écriture, elle a mis en ligne en Septembre 2012 le site 225nouvelles, plateforme où les écrivains débutants ou confirmés peuvent publier leurs nouvelles.
Elle a décidé de passer du virtuel au réel et d’accroître l’impact de l’action, en créant un espace d’expression pour ceux qui ont déjà la fibre littéraire : Livresque. Il permet également de susciter l’envie chez les autres en proposant des activités sortant des pratiques usuelles.
Livresque 17 est ma 3ème participation à cet événement qui a lieu tous les deux mois, j’ai eu envie de vous la faire vivre en mots et images.
Tout a commencé par le mot d’introduction de la promotrice, mot qui a précédé la lecture du 1er chapitre deChampionne l’enjailleuse.
Que dirais-je de ma 1ère rencontre avec cette oeuvre ? J’ai apprécié sa façon de venir à moi avec ses mots simples, son ton léger.
La présentation de Wakili Alafé, l’invité de ce Livresque 17 et auteur de Championne l’enjailleuse, a été faite par Yehni Djidji et a servi d’introduction au moment d’échange avec l’auteur. De nombreuses questions lui ont été posées :
D’où lui vient son inspiration ?
Des faits observés, vécus par des proches.
Pourquoi l’usage du nouchi (argot ivoirien) quand on connaît le niveau de langue de l’auteur ?
Pour faire un clin d’œil à ce langage local ou de rue qui caractérise la Côte d’Ivoire.
L’enjailleuse, pourquoi le choix d’un tel prénom pour l’héroïne ?
Pour ne pas avoir de problème avec les femmes. Pour ne pas qu’en nommant l’héroïne Estelle ou Catherine, des femmes portant ces prénoms se sentent indexées.
Quels auteurs ont inspiré Alafé Wakili ?
André Brinks, Jean-Paul Sartre
Quand a-t-il fini d’écrire l’oeuvre ?
En 2009. Une première relecture qui d’ailleurs n’a pas abouti a été faite en 2010-2011.
Il a décidé de faire sortir cette histoire du placard après sa rencontre avec l’éditeur Yahn Aka.
Que doit-on retenir de l’oeuvre ?
Il est bien de vouloir être champion encore faut-il l’être dans le droit chemin.
Il y a certaines catégories de champion qu’il vaut mieux ne pas envier, vers lesquelles il ne faudrait pas se tourner.
Comment devient-on écrivain ?
On écrit parce qu’on a quelque chose à dire.
3 mots qui définissent l’oeuvre ?
Championne – L’enjailleuse – Provocation
Si l’on propose 50 millions à l’auteur et qu’on lui demande en échange de brûler l’un de ses ouvrages,que ferait-il ?
Il préfère garder son livre. La somme proposée n’est pas très significative pour lui.
L’amitié a t-elle plus de valeur que l’amour ?
Non mais il faut savoir que l’amour ne suffit pas au bonheur.
Un intermède musical nous a permis de digérer le fructueux échange avec l’auteur et a été une belle transition pour le… Book Blind Date.
Cet instant, je l’adore. Un livresque sans Book Blind Date c’est comme boire du Perrier sans les bulles.
En quoi consiste-t-il ? Chaque participant doit venir avec un livre neuf ou en bon état à offrir. C’est le droit d’entrée à Livresque. Un numéro lui est attribué. Il motive son choix pendant un court speech tout en ne mentionnant ni le titre ni le nom de l’auteur de l’œuvre. Au moment de l’échange, les participants, par ordre d’arrivée, choisissent un livre sur la base du résumé des « speakers ».
Livresque 17 s’est achevé par un doux cocktail. Devant soutenir ma réputation, je n’ai malheureusement pas pu me goinfrer.
J’ai pu faire dédicacer mon exemplaire de Championne l’enjailleuse qui m’a été offert par une amie et celui d’Exode Moral, le recueil de poèmes de l’éditeur de Championne l’enjailleuse, Yahn Aka.
Voili, voilou, j’espère que votre premier rapport Livresque vous a plu.
Pour voir des photos de l’événement, cliquez ici et là.
Ma première rencontre avec le Collectif « Au Nom du Slam » a eu lieu lors de la journée de l’Ecrivain Africain à l’INSAAC qui rendait hommage au premier auteur ivoirien Bernard B. Dadié.
Quelques-uns des membres du collectif étaient présents, ont déclamé des poèmes et j’ai été percutée de plein fouet par leurs prestations. Ils ont une manière singulière de donner vie aux mots immatériels, de nous communiquer leur envie, leur passion.
Quand ils ont annoncé leur soirée slam en honneur à Bernard Dadié, j’y ai couru. Dans la salle, dansaient allègrement des notes de slam accompagnées d’une douce musique. Ces notes, faisant partie du 1er album du collectif « Au nom du Slam », m’ont donné la chair de poule. Transportée par la musique et les textes, je n’ai pu m’empêcher de sortir 3000 francs CFA de mon portefeuille et d’acheter ledit album.
En quelques lignes, je vous dévoile son contenu.
Piste 1 : «Mon choix » par Philo
Djo*, J’ai fait mon choix
J’aime le slam et je veux vivre
Quoi ! A l’heure-là ?
Djo, slam là demain
Demain ? C’est bien mais demain c’est loin.
….
Vivre de coups de main
Vivre à forcer des mains
Je dois choisir aujourd’hui pour de bon le bon chemin
Un chemin qui me permette de détenir mille comptes
Un chemin qui me permette de vivre une vraie liberté…
Connaître une vie sans acomptes
Mais par-dessus tout vivre à mon propre compte
Philo veut être slameur et en vivre aujourd’hui. «Mon choix» est une gracieuse introduction à l’album.
Piste 2 : «Pasteur Billy Kobra» par Destou Popou
Ah ! Quand un homme utilise la foi des autres pour se remplir les poches, ça donne le prototype de Billy Kobra. J’ai bien aimé le refrain de ce slam. J’ignore en quelle langue il est écrit alors je ne peux vous le transcrire. 🙂
Piste 3 : «Le Bon Dieu n’est pas une femme» par Sergeph
J’écris des livres et pour elle ce n’est rien
Comment pourrait-elle voir un trésor dans ma plume
Si pour elle la vie n’est que marteau et enclume
J’ai rejoué cette piste plusieurs fois parce que je n’arrivais pas à capter l’essence du texte chanté. J’ai fini par comprendre et je vous dis que :
Le Bon Dieu n’est pas une femme
Le Bon Dieu est un poète
Qu’on le veuille ou pas, la poésie nous accompagne, elle porte nos pas…
Piste 4 : «Pensées» par Roi Fort Malick
Pour marier une personne, il faut la connaître
Pour connaître une personne, il faut la marier
Quand les larmes coulent c’est que l’amour est vrai
Mais si l’amour est vrai pourquoi les larmes coulent ?
Chacun veut être meilleur sans faire d’erreur
Pourtant c’est en corrigeant ses erreurs qu’on devient meilleur
Roi Fort Malick questionne son environnement. Il fait tout au long du texte ce jeu des duos de phrase où l’une remet en question la véracité de l’autre.
Piste 5 : «Victoire» par Noucyboss
Songer à être l’acheveur et non l’achevé….
Noucyboss veut la liberté, dénoncer les coups louches. Il veut la victoire de la lumière sur les ténèbres.
Piste 6 : « Mon vié Môgô » par Kapegik
Sa vie est une aventure
Chaque jour est un épisode
Ses deux mains et sa sueur
Voici ses seuls diplômes
Sa vie n’est pas douce comme une mélodie de rumba
Donc comme il se gère comme il peut
En nouchi (argot ivoirien), Kapegik parle d’un homme déterminé et brave qui fait ce qu’il peut avec ce qu’il a pour assurer son quotidien.
Piste 7 : «Il est comme ça» par Lyne
La voix de Lyne séduit, renverse ; c’est un vrai délice. Sur un smooth jazz, Lyne raconte l’histoire de ce mec dont toute femme rêverait seulement si elle est allergique au bonheur.
Piste 8 : «Seul tu resteras» Bee Joe
Quand les temps seront roses
Tu connaîtras beaucoup d’amis
Mais quand les temps deviendront moroses
Pause… Observe et tu verras
Au moindre coup de pétard
Seul tu resteras
Pire comme ce sans-abri que nos regards tuent sur un boulevard
Tu ne crois pas, tu verras
Un très beau texte qui évoque l’ingratitude. Les notes jouées au piano ont été bien choisies. Elles accompagnent parfaitement le texte.
Piste 9 : «Adam & Eve » par Amee
La femme n’est pas le sexe faible, Amee le proclame haut et fort. Ce texte est riche. Je vous donne l’info du siècle si je vous dis que j’ai aimé ce texte pour l’élévation de la femme qu’il chante ?
Adam, si tu étais le plus fort
Le tout-puissant n’aurait pas jugé opportun de t’envoyer du renfort.
Adam, si la force n’appartenait qu’aux hommes
Tu n’aurais certainement pas eu la faiblesse de manger cette pomme
Piste 10 : «Gbangban** est trop» par L’Etudiant
On a confié notre sort à DIEU
Parce que nos dirigeants ont mal aux yeux
On est fatigué de crier, personne ne nous entend
Nos dirigeants ont plastifié leurs tympans
Le chômage continue de grimper dans les sondages
Est-ce que vous pouvez contre sa popularité ?
En nouchi (argot ivoirien), l’Etudiant dénonce la piètre condition dans laquelle les étudiants vivent. Ils sont riches de leurs soucis…
Piste 11 : «Au nom du Slam » – Le collectif
Parce qu’on vit encore dans l’anonymat
Certains esprits nous prennent de haut
Parce que eux, ils veulent ce qui marche
Nous, on a décidé de faire marcher ce qu’on veut
L’apothéose de l’album, chaque artiste chante son amour du slam. Un véritable coup de cœur pour moi, l’amoureuse de la poésie, ce genre oublié, délaissé…
Ces talentueux slameurs m’ont enchantée. Ils ont fait chanter mon cœur, ils ont fait danser mon cerveau. J’espère que vous ne passerez pas à côté de ce joli coffret d’esprits qui ont souscrit à l’espérance.
Quand l’écouter ? Lors des embouteillages, dans une file d’attente interminable, au réveil, avant la sieste, au coucher.
Ah oui, j’ai failli oublier de souligner un petit bémol à l’album :
Il
Est
Trop
Court 🙂
*Djo : mec en nouchi (argot ivoirien)
**Gbangban : problème, conflit en nouchi (argot ivoirien)