Elles sont une quinzaine à casser des blocs de pierre dans une carrière au bord d’un fleuve africain, et elles ont décidé ensemble de doubler le prix de vente de leur sac de gravier .jusque-là acheté à vil prix par des entrepreneurs voraces. L’enjeu de cette lutte n’est pas seulement l’argent et sa faculté de transformer les rêves en projets – recommencer des études, ouvrir un commerce, prendre soin de sa famille …. Malgré des vies marquées par la pauvreté, la guerre, l’oppression au travail, les violences sexuelles et domestiques, les « casseuses de cailloux » découvrent la force collective et retrouvent l’espoir. Cette journée ne sera pas comme les autres, et les suivantes pourraient bien bouleverser leur existence à toutes, à défaut de changer le monde.
Ce roman de plus de 400 pages décrit la réalité de l’Afrique, ses miracles qui sont routine quotidienne ailleurs : accès à l’eau potable, l’électricité et soin médical ; ses traditions qui ne favorisent pas la condition de la veuve, expropriées de tous ses biens, à la merci d’une belle-famille cupide et hypocrite.
Triste à dire, mais en Afrique il n’ y a pas que le sida et la malaria qui tuent, le mariage aussi.
Et chaque souffrance est unique. Personne ne peut vivre ni supporter celle d’une autre.
Photo de groupe au bord du fleuve est le portrait de femmes qui se construisent une deuxième vie parce qu’on a détruit la première, ont subi le pouvoir de l’Etat, du sexe masculin.
Au fil des pages, on découvre des femmes avec un passé douloureux, un présent laborieux et un futur qu’elles espèrent radieux. Elles ne font pas que l’espérer, elles se battent pour l’avoir.
Analphabètes ou instruites, coquettes ou hommasses, elles dépassent leurs différences et s’unissent pour résister aux pressions sociales et défendre leur droit primordial : le respect et la dignité.
Photo de groupe au bord du fleuve est le portrait d’un pays, d’un continent qui donne toujours l’avantage aux hommes, portrait d’un pays, d’un continent où le peuple doit penser à l’intérêt général, le Président et ses collaborateurs à leurs intérêts personnels.
C’est triste de voir qu’au 21e siècle, l’exploitation de l’homme par l’homme existe encore …
Ce roman est plein de sentiments : rire, tendresse, larmes, peur, doute, révolte, déception … L’histoire n’est pas linéaire, attise notre envie d’aller jusqu’au bout. J’avoue que j’éprouvais de la culpabilité quand je devais lâcher le livre quelques instants pour vaquer à mes occupations quotidiennes.
J’ai adoré ce roman pour la condition de la femme africaine qu’il met en évidence et l’espoir qu’il instille ! Que dire du caractère bien trempé de ces femmes ! J’ai admiré leur force, leur solidarité, leur détermination, leur sacrifice…
Où se trouve la sincérité d’une solidarité si cela n’implique aucun sacrifice ?
J’ai adoré ce roman pour la narration à la deuxième personne que je trouve originale et vivante, pour cette porte ouverte à l’imagination du lecteur concernant l’évolution d’un amour naissant …
Ce livre est gravé dans ma mémoire, inscrit au Top 3 de mes coups de cœur littéraires.
Grâce Minlibé
Auteur de Chimères de verre