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Rentrée littéraire 2020: Sublime royaume – Yaa Gyasi

No home, le premier roman de l’auteure, figure parmi mes plus belles lectures de 2018. C’est donc avec beaucoup d’excitation que j’ai débuté la lecture de ce roman.

Gifty est chercheur scientifique. D’origine ghanéenne, elle est née aux USA après l’immigration de ses parents. Elle a 28 ans quand débute le récit. J’ai beaucoup apprécié le fait que l’héroïne soit dans les STEM (STIM en français), ça change de mes lectures habituelles.

Dès le 1er chapitre, Gifty évoque sa mère qui semble être malade. L’on découvre en alternant présent et souvenirs du passé, le portrait d’une femme ghanéenne pieuse, mariée à 31 ans et qui a décidé d’immigrer aux USA via la loterie de la carte verte pour offrir le meilleur à son fils Nana. A travers sa vie, on découvre les défis de l’immigré aux USA: les boulots qu’on enchaîne, le racisme auquel l’on fait face, etc…

Croire en Dieu est-il compatible avec croire en la science ? Ce débat aussi vieux comme le monde est le thème central du récit. Gifty partage de façon très intime ses réflexions qui ne m’ont pas apporté grand chose. Ce sont en effet des questions déjà entendues.

Gifty nous partage ses recherches en neurosciences. Si j’ai apprécié ce partage au début du récit, j’ai trouvé certains passages très soporifiques.

Abordons la partie religion, foi, christianisme.

« Si tu mènes une vie pieuse, une vie morale, alors tout ce que tu accomplis sera prière, disait ma mère. Au lieu de prier toute la journée, vis ta vie comme une prière. »

J’ai apprécié cette présence spirituelle et les sous-thèmes religieux : la rigidité de certaines institutions religieuses, l’hypocrisie au sein de la communauté chrétienne, les jugements, rumeurs, le respect de la croyance de l’autre, etc… Et là, je profite de cette lucarne pour dire ceci : aucune assemblée chrétienne n’est parfaite. Si vous cherchez la perfection à l’Eglise, vous! L’Eglise est composée d’hommes imparfaits qui aspirent à être des hommes de bien. Ce sont des êtres faillibles, pouvant vous offenser. Gravez-le dans votre cabeza. Par ailleurs, la foi c’est d’abord et avant tout une relation avec Dieu avant d’être une histoire partagée avec une communauté.

D’autres thèmes sont également abordés à savoir la difficulté d’intégration dans un pays, une culture différente de la nôtre, l’addiction, la gestion du deuil, la dépression, la grossesse tardive, la venue d’un enfant non-désiré, la relation mère-fille.

Autant de thèmes qui rendent l’histoire familiale de Gifty touchante mais pas au point de verser une larme et de marquer l’esprit.

Les personnages sont peu nombreux et évitent toute confusion au lecteur. Gifty est un personnage difficile à cerner, je n’ai d’ailleurs pas compris ses choix sentimentaux. J’aurais voulu avoir le point de vue de la mère pour connaître le côté pile de l’histoire.

Les chapitres courts permettent au lecteur de supporter la cadence très lente du récit. La plume est fluide mais la structure complexe du récit m’a parfois un peu perdue.

Ecrire un deuxième roman après le succès du premier n’est pas du tout évident. En tant qu’auteure, j’en sais quelque chose. Je n’ai pas été subjuguée par Sublime royaume mais je salue l’auteure pour son courage tout en espérant que la prochaine oeuvre ait plus de puissance.

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Les dogues noirs de l’empire : La force noire de Christophe Cassiau-Haurie et Massiré Tounkara

Couverture Les dogues noirs de l'empire : La force noire

Dahomey, août 1914. Bakary, jeune guerrier de l’ethnie Kabyé doit s’engager chez les tirailleurs sénégalais pour éviter que son village ne soit rasé par l’Administration coloniale. Son régiment d’affectation a pour mission d’envahir le Togo voisin, territoire sous protectorat allemand, qu’un simple ruisseau sépare du Dahomey. Les frontières coloniales ne tenant pas toujours compte des réalités locales, Bakary se trouve confronté à son peuple, dont son propre cousin… Cette bande dessinée à la ligne claire évoque cette page méconnue de l’histoire de l’Afrique.

La première guerre mondiale a aussi eu l’Afrique comme terrain de combat. Cette bande-dessinée fait ce rappel historique.

En juin 1910, le général français Charles Mangin, qui dirige les forces militaires dans les colonies africaines, fait un discours maladroit à l’Assemblée Nationale. Il prône la création d’une Force Noire en formant des régiments de tirailleurs africains pris dans les colonies françaises et dit cette phrase très suffisante: « à nous le cerveau, à eux les bras…« 

Quatre ans plus tard, les militaires français et allemands recrutent en masse et en force les jeunes hommes des villages. Ils brûlent les villages qui refusent de livrer leurs hommes.

Deux jeunes kabyé, Bakary et son cousin Babacar, vont être contraints de rejoindre les rangs de l’armée du colon. Les chefs de leurs villages respectifs ont compris qu’il fallait se soumettre à la loi des blancs. Les deux hommes s’engagent… mais hélas chacun dans une armée différente. Les villages de nos deux cousins sont en effet situés dans deux territoires différents : le village de Bakary se trouve au Dahomey (territoire français) et celui de Babacar au Togoland qui est une colonie allemande.

Une famille, deux cousins qui s’affrontent pour l’honneur du colon. Le lecteur est impuissant face à la tragédie qui s’annonce. Terrible de voir toutes ces vies sacrifiées, contraintes de participer à un conflit qui ne les concernaient guère.

Le titre de la bande-dessinée est un clin d’œil à l’un des poèmes de Léoplod Sédar Senghor. Un poème très puissant que j’ai découvert grâce à cette BD. Vous pouvez le lire en entier ICI.

En voici un extrait :

III.

Tue-le Seigneur, car il me faut poursuivre mon chemin, et je veux prier singulièrement pour la France.
Seigneur, parmi les nations blanches, place la France à la droite du Père.
Oh ! je sais bien qu’elle aussi est l’Europe, qu’elle m’a ravi mes enfants comme un brigand du Nord des bœufs, pour engraisser ses terre à cannes et coton, car la sueur nègre est fumier.
Qu’elle aussi a porté la mort et le canon dans mes villages bleus, qu’elle a dressé les miens les uns contre les autres comme des chiens se disputant un os
Qu’elle a traité les résistants de bandits, et craché sur les têtes-aux-vastes-desseins.
Oui, Seigneur, pardonne à la France qui dit bien la voie droite et chemine par les sentiers obliques
Qui m’invite à sa table et me dit d’apporter mon pain, qui me donne de la main droite et de la main gauche enlève la moitié.
Oui Seigneur, pardonne à la France qui hait les occupants et m’impose l’occupation si gravement
Qui ouvre des voies triomphales aux héros et traite ses Sénégalais en mercenaires, faisant d’eux les dogues noirs de l’Empire
Qui est la République et livre les pays aux Grands-Concessionnaires
Et de ma Mésopotamie, de mon Congo, ils ont fait un grand cimetière sous le soleil blanc.

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Dérangé que je suis – Ali Zamir

derange que je suis

Sur l’île d’Anjouan, Dérangé est un humble docker. Avec son chariot rafistolé et ses vêtements rapiécés, il essaie modestement chaque jour de trouver assez de travail pour se nourrir. Mais un matin, alors qu’il s’est mis à la recherche d’un nouveau client, Dérangé croise le chemin d’une femme si éblouissante qu’elle « ravage tout sur son passage ». Engagé par cette femme dans un défi insensé qui l’oppose au Pipipi (trio maléfique des trois dockers Pirate, Pistolet et Pitié), le pauvre homme va voir son existence totalement chamboulée.

l'Afrique écrit

La belle insiste,

ma bête persiste

Deux vers qui dès les premières pages donnent déjà le ton au récit. Nul n’entre ici s’il n’aime la poésie et ses multiples facettes…

Le narrateur crie sa douleur.

Le cri est une arme de destruction massive. Non, plutôt une arme de protection massive. Il ne rend pas faible, loin de là. Il libère. Juste ça. Oui. C’est la seule consolation d’un souffre-douleur sur qui pleut l’oppression et brille la longanimité. Le véritable témoin d’une victime. Un témoin fidèle.

On l’appelle Dérangé à son insu et il nous raconte la cause de sa douleur.  Dérangé est docker au au port international Ahmed-Abdallah-Abderemane de Mutsamudu et la concurrence est rude.

Un jour, alors que les PiPiPi (Pirate, Pistolet et Pitié), un trio d’enfer et lui se précipitent au-devant d’un bateau en quête d’un chargement à convoyer, une magnifique dame descend du bateau et loue les services de Dérangé. Les PiPiPi sont dépités. La femme propose alors au trio et à Dérangé de relever un étrange défi. Nul ne sait à cet instant qu’elle a en tête un autre défi plus sombre à proposer à Dérangé….

Ce roman aux parties aux longueurs plus ou moins variées se lit d’une traite. 

Si l’auteur  décrit le quotidien d’un docker aux Comores, il évoque également le harcèlement sexuel subi par les hommes. 

Ali Zamir utilise ces mots qui ne sont plus d’usage, ces mots délaissés, oubliés pour incarner son personnage principal. Il garde sa particularité : celle de donner comme nom à ses personnages des adjectifs: casse-pied, pitié, pirate, dérangé.

Dérangé que je suis offre une valse à différents tempos, un patchwork linguistique : registre courant, soutenu et familier.

L’auteur manipule à sa guise la langue française mais il faut avouer qu’il ne laisse pas totalement la voix à son personnage. En effet, il ne lui permet pas de s’exprimer tel qu’un docker le ferait.   

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Éditeur : Le Tripode

Date de publication : Janvier 2019

Disponible aux formats papier et numérique 

Roman présélectionné pour le Prix les Afriques 2020

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X de Mamadou Mahmoud N’Dongo

Dans une pièce à la porte entrouverte, Une femme sanglée dans un imperméable, les cheveux mouillés.

Personnage  : X

Décor : la pièce peut être une cellule de prison ou une chambre nuptiale,

la pièce peut être une excavation

ou un loft,

la pièce peut être un intérieur bourgeois

ou un mobil-home,

la pièce peut être un atelier d’artiste

ou le compartiment capitonné d’un asile,

la pièce peut être nue

ou encombrée,

la pièce peut être tout cela à la fois.

 

Tels sont les mots d’introduction de ce livre classé dans le genre théâtre par l’éditeur.

Couverture X

Pourquoi ce livre a suscité mon envie ?

J’ai d’abord été attirée par la couverture aux couleurs chaudes puis par les deux premières phrases de la 4e de couverture

Une femme sanglée dans un imperméable,
les cheveux mouillés, revient chez elle, pour dire
ce qui l’a conduite à son incarcération.
Elle veut qu’on entende pourquoi elle a décimé sa famille.

Les premières pages sont prometteuses, on découvre X, ses mots et les maux qu’elle porte en elle. X est une femme qui semble être dans un mariage de raison. X a été violée par son mari,

il me jeta sur le lit. Ce quasi cadavre qu’on a jeté sur le lit comme un vulgaire colis. Ce corps est-il encore vivant, cette femme qu’on manie comme une poupée est-elle encore vivante. Il me déchire. C’est, c’était une femme. page 16

Il fait son affaire en moi. Il se décharge.

Un rapport sexuel c’est un échange de mycose.  page 17

Mon mari. Il m’a demandé de le lécher, j’ai refusé, il m’a violemment giflée. Il m’a attrapée par les cheveux et projetée par terre, il a enlevé mon pantalon il s’est assis sur ma bouche, il s’est torché avec mon visage. page 18

un mari qui n’a jamais cherché à la satisfaire sexuellement.

 

X n’est qu’un genre, un sexe…

On cherchait l’amour et on trouvait le sexe ce qu’elle a toujours été pour bon nombre d’hommes une arrière pièce, page 15

 

…un corps qu’on lui demande d’habiter tout simplement.

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De façon poétique, X évoque ce que l’ordre social nous impose. 

X évoque sa blessure. 

La blessure est un orifice… Cette phrase revient souvent dans le texte comme tant d’autres. La répétition est la figure de style la plus utilisée dans ce texte. A l’excès à mon avis. 

X est un texte littéraire. La structure du texte est un mélange de vers libres et de prose.

X est une lecture exigeante, une lecture qui requiert plusieurs regards. 

J’ai lu et relu ce livre de moins de 90 pages pour cerner les non-dits, les zones d’ombre mais certaines affirmations sont restées floues comme le fait que X dise qu’elle soit née d’un crime. Lequel ? On l’ignore. 

Elle évoque un fils adultérin qu’elle a épargné mais on n’en sait pas davantage. 

 

Le livre est intéressant pour le thème qu’il évoque mais j’en attendais beaucoup plus. J’ai l’impression d’être passée à côté de quelque chose, de n’avoir pas saisi l’entièreté de l’histoire de X. 

Un autre avis sur ce livre me serait d’une grande utilité mais il se fait rare sur la toile…

 

GM signature 

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Je me suis tue de Mathieu Menegaux

Depuis un moment, je n’arrive pas à dire grand chose sur les romans que je lis ou j’ai la flemme de rédiger les chroniques. Des chroniques entamées mais non publiées se prélassent dans mes brouillons.

Mais certains livres arrivent à imposer leur délai de publication. Leur intensité et pertinence rend volubile.  Je me suis tue de Mathieu Menegaux fait partie de cette classe de livres.

Couverture Je me suis tue

Livre découvert dans le groupe de lecture « Accro aux livres » sur Facebook. Les nombreux avis élogieux m’ont convaincue.

La 4e de couverture de « Je me suis tue » est réussie. Elle nous dit l’essentiel sans révéler l’intrigue. En écrivant cette chronique, je me suis demandé s’il fallait rester dans la logique du résumé ou en dire plus.

J’ai choisi la 2e option mais rassurez-vous je n’irai pas dans les moindres détails.

 

Claire, notre narratrice est une férue de musique. 

Encore une chanson. Toutes les situations de la vie, des plus gaies aux plus noires, des plus courantes aux plus improbables, ont été décrites en chansons. 

Elle glisse dans le flot de ses paroles des extraits de chanson. Parfois, on ne s’en rend pas compte parce que les extraits collent au texte parfois ils apparaissent comme un cheveu sur la soupe. 

 

Claire est en prison depuis deux ans. Du fond de sa cellule de la maison d’arrêt des femmes à Fresnes, elle nous livre l’enchaînement des faits qui l’ont conduite en prison. Elle nous livre son témoignage, ce qu’elle a refusé de révéler aux instances judiciaires, à son mari.

Elle nous joue une partition de musique aux notes silencieuses et noires, rythme saccadé, tempo crescendo.

Victime d’une expérience traumatisante crainte par toutes les femmes, elle va s’emmurer dans le silence. Faire comme si cela ne s’était jamais passé. Ce choix du silence va lui porter préjudice. La victime deviendra bourreau, pire son propre bourreau…

J’ai apprécié ce récit qui s’étale sur moins de 200 pages. Je l’ai terminée en moins de 3 heures et j’en profite pour dire merci à tous ces auteurs qui savent qu’on n’a que 24 heures dans la journée et répondent de façon optimale à mon envie de lecture quotidienne et rapide. 😀

La plume de Menegaux a été une belle découverte. Travaillée, fluide, mélancolique et vive, elle est.

Ce récit a été une claque, une leçon de vie pour moi. Les choix que nous faisons conditionnent nos vies mais aussi celles de nos proches. Croire qu’on peut s’en sortir toute seule est carrément faux. Non, on ne peut pas tout garder en soi surtout lorsqu’on a vécu une expérience traumatisante. Il est nécessaire d’en parler ne serait-ce qu’à un psychologue.

J’ai eu de l’empathie pour cette femme désorientée après cette expérience traumatisante même si j’ai eu envie de la secouer voire de la gifler à chacune de ses mauvaises décisions. Non, tous les secrets ne sont pas bons à taire. Le poids du silence est parfois trop lourd à porter et son prix trop élevé. Claire aurait eu une autre vie si elle n’avait pas fait ses mauvais choix, si elle n’avait pas tant tenu à son image. 

Arrogante, je n’ai pas eu l’humilité de te faire confiance. Suffisante, j’ai voulu m’en sortir toute seule. J’ai été orgueilleuse, stupide et indigne.

 

Lorsqu’on arrive au twist final qui peut être abracadabrant à première vue, on ne peut qu’affirmer que Claire et son mari auraient dû aller jusqu’au bout pour confirmer leur hypothèse, effacer leurs doutes. On arrive au point final de cette histoire et on ne peut s’empêcher de dire : quel gâchis !

 

Je vous invite à découvrir ce livre percutant qui offre une belle réflexion sur la communication dans le couple, la culpabilité, le poids du silence, la gestion de cette expérience traumatisante qu’est la contrainte à un acte sexuel. 

 

En fouinant sur le net, j’ai découvert qu’un autre roman traitait du sujet et avait beaucoup de similitudes avec « Je me suis tue« . Il s’agit du roman le malheur du bas d’Inès Bayard. Coïncidence, influence ou plagiat ? Je referme la parenthèse.

 

signature coeur graceminlibe

 

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Tsippora de Marek Halter : un coup de cœur ?

 

Exode 2 versets 20 à 22

Et il dit à ses filles: Où est-il? Pourquoi avez-vous laissé cet homme? Appelez-le, pour qu’il prenne quelque nourriture. Moïse se décida à demeurer chez cet homme, qui lui donna pour femme Séphora, sa fille. Elle enfanta un fils, qu’il appela du nom de Guerschom, car, dit-il, j’habite un pays étranger.

 

Exode 4 versets 24 à 26

Pendant le voyage, en un lieu où Moïse passa la nuit, l’Eternel l’attaqua et voulut le faire mourir. Séphora prit une pierre aiguë, coupa le prépuce de son fils, et le jeta aux pieds de Moïse, en disant: Tu es pour moi un époux de sang ! Et l’Éternel le laissa. C’est alors qu’elle dit: Époux de sang ! à cause de la circoncision.

 

Exode 18 verset 2 

Jéthro, beau-père de Moïse, prit Séphora, femme de Moïse, qui avait été renvoyée.

Séphora… prénom mentionné trois fois dans la Bible.

De la femme de Moïse, on sait très peu de choses. La société patriarcale juive n’accorde pas assez de place à la femme surtout lorsqu’elle n’est pas juive.

Adepte de la romance, j’ai déjà imaginé les histoires d’amour des hommes et femmes de la Bible notamment Isaac et Rebecca, Joseph et Asnath, Esther et le roi Assuérus, Moïse et Séphora (Tsippora) mais je n’avais jamais imaginé que cette dernière était noire !

Comment aurais-je pu alors qu’elle a la peau blanche dans toutes les adaptations cinématographiques ?

Dans Nombres 12, il est fait mention d’une femme éthiopienne, épouse de Moïse. J’ai toujours pensé que Moïse avait pris une deuxième femme vu que Tsippora était blanche.

Non, mais quelle ignorance ! Sans Marek Halter, j’aurais probablement vieilli avec cette fausse idée de Tsippora. 

sad a christmas story GIF

 

 

Tsippora, la Noire, la Kouchite, a joué un rôle capital dans la vie de Moïse, Marek Halter en est convaincu. Grâce à son imagination, il nous relate la vie quotidienne de Tsippora, fille de Jethro. On découvre une jeune femme sage, déterminée, courageuse face au racisme, à l’ostracisme qu’elle subit.

Sa personnalité est admirable. Elle est persuadée de la destinée exceptionnelle de Moïse et fera tout son possible pour qu’il en soit convaincu. La priorité de Tsippora c’est l’accomplissement de la destinée de l’élu de son cœur.

 

Ce roman historique permet de s’imaginer ce que cette femme a dû ressentir face au sacerdoce de son mari et aux sacrifices qu’ils ont dû faire l’un et l’autre.

L’auteur fait une description très précise de leurs sentiments, leurs états d’âme. Moïse n’apparaît pas seulement comme l’homme de Dieu, c’est un humain avec de l’amour à donner et à recevoir.

Mais comment ai-je fait pour ne pas lire ce roman dès qu’il est entré dans ma PAL ?

 

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Ah oui, j’avais lu la Reine de Saba du même auteur en 2017. Lecture sympathique mais sans plus j’ai rangé Tsippora dans le même canevas.

Grande erreur car Tsippora est une pépite. C’est une lecture captivante, addictive.

J’ai adoré le couple formé par Moïse et Tsippora. Marek Halter décrit de manière poétique et sensuelle leur amour.

roman historique

 

C’est presqu’un coup de cœur. Je dis presque car j’ai vraiment été contrariée par la tragédie de la fin.

Je recommande vivement la lecture de ce roman.

Pour en savoir plus, cliquez ICI

 

 

 

Un amour interdit Alyssa Cole

 

Moïse n’était pas un dieu, seulement un homme de chair et d’os qui s’éteignait en contemplant son rêve. Un homme qui demeurera à jamais dans l’immense mausolée des mots et de la mémoire.

Mais de Tsippora, la Noire, la Kouchite, qui s’en souviendra ? Qui se souviendra de ce qu’elle a accompli et qui prononcera encore son nom ?

Que ce livre soit pour elle un modeste tombeau.

 

La toute-puissance d’Horeb est d’accomplir ce que l’on n’attend pas de lui. Il nous surprend et, dans cette surprise, il nous corrige, nous encourage et nous montre où porter nos pas. Laisse-le te surprendre. Ne te précipite pas. Les jours seront nombreux devant toi.

 

Avez-vous déjà lu des œuvres de Marek Halter ? Laquelle avez-vous apprécié ?

 

 

signature coeur graceminlibe

 

 

 

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La danse de Pilar – Charline Effah

La danse de pilar c’est le récit d’une tragédie familiale dans les années 80 narré par le fils aîné Paterne. Les parents, Pilar et Salomon, courent après l’ambition, le pouvoir. Ils ont installé dans leur quotidien familial le climat politique fait de mensonges, trahisons et coups bas.

Toutes les histoires familiales du monde ont les fesses entre deux chaises : l’amour et la haine.

Pilar est la cheftaine d’un groupe de danseuses, les lewai dancers qui se trémoussent lors des événements initiés par le président du Nlam, un pays imaginaire qui ressemble au Gabon. On ressent bien l’atmosphère, la culture du pays même s’il n’est pas mentionné.

Pilar est une manipulatrice, elle nourrit les haines, sème la zizanie entre frères. J’ai été choquée par sa conception de la vie.

 

Ce roman relate l’histoire d’une nation où un dictateur fait sa loi, chosifie le peuple, le manipule. Ce peuple naïf, soumis se nourrit des fausses promesses, court après le vent, semble résigné, fatigué de lutter pour le respect de ces droits.

La danse de Pilar met à nu la décadence de la société.

[…] où vous rencontriez hommes et femmes, vieillards et enfants, et constituez des groupes de danseurs qui se déhanchaient sous des mélodies faisant toutes allégeance au Grand Camarade et à sa politique. Et hommes, femmes et enfants se déhanchaient. Pour tout et pour rien. Surtout pour rien. Pour les écoles qui ne seront jamais construites partout, pour les premières pierres posées gisantes entre les hautes herbes, pour les voies ferroviaires qui ne relieront pas le sud et le nord du pays, pour les routes à moitié goudronnées, pour les nids-de-poule, pour les oppositions allégoriques et cette démocratie qui leur passait sous le nez en plein jour. Se déhanchaient sous le soleil. Se déhanchaient sous la pluie. Se déhanchaient dans la poussière. Se déhanchaient affamés. Solokoto ! Se déhanchaient inquiets des lendemains. Solokoto ! Se déhanchaient sans pouvoir joindre les deux bouts. Solokoto ! Se déhanchaient en ayant peur. Solokoto ! Se déhanchaient parce qu’ils n’avaient que ça à faire. Onduler les reins. Tourner les fesses au cours de soirées qui se terminaient en érections collectives, en palpations mammaires généralisées, en rires écumeux, en tapes suggestives.

 

 

Ils vous disent de voter pour eux. En contrepartie ils vous offrent quoi ? Des sacs de riz et des kilos de dindon. Ils vous demandent de participer à leurs meetings politiques. De vous y entasser comme des sardines dans une boîte. En contrepartie ils vous donnent quoi ? Des tee-shirts et casquettes à leur effigie. Demandez-leur des hôpitaux et des écoles et ils vous dérouleront une liste infinie de promesses. Que ceux qui ne croient plus au père Noël entendent !

 

Ce roman est un plaidoyer pour un changement de paradigme de la démocratie en Afrique.

 

Charline Effah m’a fait découvrir le mouvement des danseuses utilisées à des fins politiques en Afrique Centrale. N’étant pas originaire de l’Afrique Centrale, je suis légèrement restée sur ma faim. J’aurais voulu que l’organisation de ce mouvement, son origine, ses actions soient plus développées.

L’écriture de Charline est belle, poétique à souhait. Le registre soutenu qu’elle utilise n’est pas pédant. Sa maîtrise de la langue française me fait penser à Marie Ndiaye.

La danse de Pilar est un petit roman qui se lit très vite. A glisser dans les PAL de la jeune génération et amoureux des belles lettres.

Pour en savoir plus sur le roman, cliquez ICI

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Vol à Vif, Prix ivoire 2017, conte tradi-moderne

Tous les livres ont quelque chose à nous enseigner en particulier ceux qui ont reçu des prix. J’aimerais tous les lire surtout ceux qui ont reçu des distinctions africaines.

Vol à vif, Prix Ivoire 2017 était dans ma wishlist d’anniversaire, grand merci à mon beau-frère qui m’a permis de l’avoir entre mes mains.

l'Afrique écrit

 

Razilna, Papang, Tibaar, Ranono, Jao, Leky et Malout, 7 jeunes hommes réunis pour une mission : voler une centaine de zébus. Ce sont des zahalos, bandits de grand chemin qui volent des troupeaux de zébus. 

Ce n’est pas la première fois que Papang fait le coup avec Razilna, Tibaar oui. Il leur fallait 7 hommes pour la course, 7 étant le chiffre de la réussite, le nombre désigné par les graines du devin-astrologue alors ils ont intégré Tibaar au groupe. Tibaar est un gamin, un adolescent de 17 ans. Il a rejoint le groupe parce qu’il lui fallait 3 zébus pour ses futurs beaux-parents.

Papang est le narrateur initial du récit. Il décrit leur course poursuite dans l’Yshal. Une course intense. Ils sont rattrapés par une compagnie de la garde mobile qui leur demande de se rendre. Nos dahalos refusent et se battent pour garder leur butin. Papang se voit obligé de passer le bâton du narrateur, les circonstances ne lui laissent pas le choix…

Le lecteur fait un saut dans le passé, dix-sept ans plus tôt. La réalité s’évanouit, le fantastique entre en scène et montre ses plus beaux atours. La tradition fait irruption dans la modernité mais n’est-ce pas l’inverse ?

 

Un faiseur de sikid est présenté. Son nom est Iabamino et il protège Péla-Soue et son enfant.

Mais où le lecteur a-t-il atterri ? Dans la tribu des Baar avec ses rites divinatoires.

Pourquoi cette tribu est-elle présentée ? La réponse se tisse au fil des pages. 

 

Lorsque le lecteur retrouve Tibaar, il sait tout de lui. Enfin presque. Il ne sait pas encore comment le jeune homme a rencontré Sana, la fille qu’il s’apprête à marier. Lorsqu’il a la réponse, il découvre un autre secret.  

La surprise fait suite à la tristesse face aux amours contrariés. 

La surprise entraîne la joie, joie d’une famille retrouvée. 

Johary Ravaloson est un bon conteur. J’ai admiré la maturité de sa plume, le tempo lent mais non ennuyeux de son récit. Grâce à lui, j’ai appris l’existence des Dahalos, j’ai découvert le Madagascar ancestral. J’ai apprécié cette mise en avant des coutumes, la préservation de l’identité culturelle, cet apport des connaissances traditionnelles dans l’avancée de la médecine moderne. Celle-ci comble les lacunes de la médecine traditionnelle et vice versa.

Ce livre pour ce qu’il évoque mérite bien une récompense littéraire. Je n’ai lu que 2 des 5 finalistes au prix ivoire 2017 : American Dreamer et Terra Incognita. J’ai apprécié mes lectures mais j’ai été plus séduite par Vol à Vif. 

Je compte lire d’autres œuvres de l’auteur. Aviez-vous déjà entendu parler de lui ?

Connaissiez-vous les Dahalos ?

 

GM signature

 

 

 

 

 

 

 

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Les pêcheurs de Chigozie Obioma, triste histoire

Couverture Les pêcheurs

 

Un jour de janvier 1996, dans un village du Nigeria, quatre frères profitent de l’absence de leur père pour pêcher au bord du fleuve interdit Omi-Ala.
Le sorcier Abulu, qui les a vus, lance sur eux une terrible malédiction : l’aîné, Ikenna, mourra assassiné par l’un de ses frères.
La prophétie bouleverse les esprits, et hante la famille jusqu’au dénouement tragique.
Avec cet admirable récit dans lequel le tempo du conte africain accompagne la peinture du monde contemporain, Chigozie Obioma invente une forme nouvelle d’écriture romanesque.

l'Afrique écrit

 

Quand le pilier de notre fratrie s’écroule, tout s’écroule avec lui…

Ikenna, Boja, Obembe, Benjamin… Ce n’étaient que des enfants. L’aîné n’avait pas encore seize ans. Ils ne méritaient pas d’être autant acculés, emprisonnés par la fatalité.

Il y a des rencontres qui ne doivent jamais se faire, on n’en sort pas sain et sauf, des personnes qui ne doivent jamais croiser notre chemin au risque d’être engloutis dans leur chaos. 

Il y a des mots qui détruisent et ces mots-là jamais ne doivent être dits, jamais ne doivent être répétés parce qu’il est difficile de les négliger, oublier. 

Pourquoi as-tu répété ces mots, Obembe ? Pourquoi y as-tu cru, Ikenna ? Pourquoi ?

Telles sont les questions que j’ai posées aux personnages de cette fiction qui pour moi étaient plus que des personnages de papier. Leurs sentiments n’ont pas été inventés, ils sont si réels : le désespoir, l’effroi, la haine se ressentent avec une telle intensité. 

 

Quand un malheur nous tombe dessus, on le subit. Quand un malheur nous est annoncé, doit-on le préparer ? 

J’ai vu dans ce livre le pouvoir des superstitions et des croyances. J’ai vu comment elles peuvent soulager (prières de la mère, l’environnement de l’église) et comment elles peuvent détruire (prophétie d’Abulu).

J’ai assisté impuissante à leurs malheurs. J’ai cherché en vain des alternatives pour que ça s’arrête mais je n’étais pas le destin, cette force supérieure. L’Homme n’est pas l’infini, il est limité, il y a des choses qui lui échappent, je l’ai davantage compris en lisant ce roman. 

 

L’ambivalence a été l’une de mes compagnes pendant ce temps de lecture. J’en ai voulu au père qui n’a pas écouté à temps les signaux que lui envoyaient son épouse par rapport aux enfants mais je l’ai admiré pour sa maîtrise de soi, son courage, son espérance de jours meilleurs. Cet homme a voulu un avenir meilleur pour ses fils et il a fait le nécessaire pour que cela arrive. 

J’en ai voulu à Ikenna, Boja, Obembe mais des enfants en proie à l’effroi pouvaient-ils gérer autrement les circonstances ?

J’ai détesté Abulu mais cet homme était-il réellement lui-même ?

J’ai eu mal au cœur pour cette mère déstabilisée parce qu’elle n’arrive pas à éviter les maux qui menacent ses enfants. 

Les quelques événements comiques glissés dans le roman tombent à point. Ils allègent le poids de la tristesse que dégage ce roman. 

 

Les pêcheurs est un excellent roman psychologique. L’auteur nous a servi une belle analyse de ses personnages : la description des états d’âme, passions, conflits psychologiques, sentiment de fraternité est réussie.

 

C’est aussi un beau récit lyrique, très imagé. J’ai beaucoup aimé les comparaisons utilisées par le narrateur :

  • le père de famille est  l’aigle,
  • la mère est la  fauconnière,
  • Ikenna, le python, 
  • Boja, le parasite,
  • Obembé, le limier,
  • Benjamin, la phalène. 

 

La traduction de ce roman est sublime, j’imagine que la version originale doit être encore plus puissante. 

Ce roman restera longtemps dans ma mémoire. Je le recommande aux passionnés de roman psychologique et le déconseille à ceux qui sont déprimés.

Les auteurs nigérians sont à suivre de très près. Ils possèdent d’excellentes qualités de conteur.


Résultat de recherche d'images pour "chigozie obioma"Né en 1986 au Nigeria, Chigozie Obioma enseigne la littérature aux États-Unis. Son premier roman, Les Pêcheurs, publié dans 26 pays, a immédiatement connu un immense succès public et critique.

Pour en savoir plus sur le roman, cliquez ici

 

 

 

 

 

 

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Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Throwback Thursday Livresque 24 : Mon époque préférée

Cette semaine, notre rendez-vous préféré du jeudi a pour thème : Mon époque préférée.

J’aime bien l’époque de la monarchie française. Je m’imaginais souvent invitée au bal au palais du roi, faire les longs voyages en calèche 😀

Côté littérature ou peinture, mon époque préférée est celle du 19e siècle, celle qui a vu naître mon cher   Alfred de Musset et des peintres talentueux comme Van Gogh.

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J’ai été impressionnée par ses œuvres lors de ma visite au musée d’Orsay en 2011. J’ai même acheté une reproduction de son tableau la Nuit étoilée. Un ami cher à mon cœur m’a offert ce jour-là le livre qui regroupe les correspondances du peintre à son frère Théo.

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Quatrième de couverture

Traduit du néerlandais par Louis Roëdlant Introduction et chronologie par Pascal Bonafoux La première lettre de Vincent Van Gogh à son frère Théo, datée d’août 1872, est envoyée de La Haye. Il a dix-neuf ans. Il ne sait pas qu’il va peindre. La dernière lettre, inachevée, Théo la trouve dans la poche de Vincent qui s’est tiré une balle dans la poitrine le 27 juillet 1890 à Auvers-sur-Oise. Des dizaines de toiles encombrent sa chambre. Presque quotidiennement, dix-huit ans, Vincent a écrit à Thëo. Et Vincent écrit à propos de tout à Théo comme il lui envoie toutes ses toiles. Il lui montre ce qu’il peint comme ce qu’il est. Ces lettres incomparables – des récits, des aveux, des appels – sont nécessaires pour découvrir le vrai Van Gogh devenu mythe… Il n’est pas un peintre fou. Au contraire, solitaire, déchiré, malade, affamé, il ne cesse d’écrire, lucide, comme il traque la lumière.

 

J’ai lu ce livre de plus de 500 pages avec beaucoup d’engouement. Je l’ai savouré à petites doses. Il m’a servi de compagnon lors de mes trajets en RER.

Il est émouvant.

Le souffle d’espérance qu’il porte est beau et touchant.

On devient l’intime du peintre. Van Gogh dévoile sa sensibilité, ses doutes, ses espoirs, ses sources d’inspiration, sa profonde mélancolie engendrée par les échecs, les vicissitudes de la vie, son envie de jours meilleurs. 

On est ébloui par sa nécessité d’être aimé, soutenu par ceux qui comptent pour lui, la puissance de son amour fraternel, l’importance qu’il accorde à une affection profonde, sérieuse.

J’ai refermé ce livre avec un pincement au cœur. 

Cette correspondance de plus de 652 lettres a été une source d’inspiration pour moi. L’un des poèmes de Chimères de verre a pour titre SORROW, le nom de l’un des tableaux du peintre.

Je recommande ce livre à tous les passionnés d’art, aux âmes sensibles, à ceux qui perçoivent la beauté dans la tragédie.

 

Contemple les belles choses le plus possible, la plupart n’y prêtent guère attention

 

Ayez plus d’espérance que de souvenirs ; ce qu’il y a eu de sérieux et de béni dans votre vie passée n’est pas perdu

 

Tenir le présent et ne pas le laisser s’envoler sans s’efforcer d’en extraire d’abord quelque chose

 

Il doit être bon de mourir avec la conscience d’avoir fait quelque chose de bien dans sa vie, d’être assuré de survivre au moins dans le souvenir de quelques personnes, et de léguer un exemple à ceux qui viendront ensuite

 

Il n’ y a rien de plus réellement artistique que d’aimer les gens.

 

Aimez-vous les tableaux de Van Gogh ? Quel roman auriez-vous proposé pour le thème de cette semaine ?

 

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