Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Les mécomptes de Kévin

Les mécomptes de Kévin

Après la mort de son père, Kévin se jure d’atteindre ses objectifs : réussir brillamment ses études, sortir sa mère de la misère et assurer à ses proches un bel avenir.

Mais une rencontre amoureuse trouble ses plans et remet en question tous ses projets. Manipulé et acculé, il doit prendre une décision douloureuse pour se sortir de son dilemme : comment choisir entre l’amour de sa vie et l’honneur familial ? 

 

 

 

 

J’aime ces histoires légères en apparence mais si profondes à l’intérieur !

J’aime ces histoires qui surprennent, remuent le centre de nos émotions.

J’aime ces histoires qui nous donnent envie d’être le maître de l’univers capable de changer les circonstances, réécrire l’histoire, changer le destin. 

Les mécomptes de Kévin a été une belle découverte pour moi, un joli moment de lecture.

J’ai partagé les peines de Kévin, ce jeune homme brillant, candidat au baccalauréat qui tenait à réussir et rendre sa mère fière et qui hélas n’a pu atteindre ses objectifs.

J’ai eu envie d’étrangler Ella, cette jeune fille si égoïste, si … 

 

Le style de l’auteur accessible et le vocabulaire limpide rendent la lecture agréable. On est plongé dans l’histoire, on veut aller jusqu’au bout.  

Je n’ai relevé qu’un seul bémol à l’histoire, le fait qu’elle soit axée à 80% sur l’année scolaire de Kévin, ses cours, ses révisions. J’ai trouvé cette partie assez linéaire. 

De ce roman, je retiens une chose : l’amour peut nous élever, il peut aussi nous écraser…

 

 

Biographie de l’auteur

Fonctionnaire dans une structure internationale en Tunisie, Daniel Tchimou Koto est l’auteur d’un premier roman, Une destinée tragique, paru aux Editions du Panthéon. 

 

Quelques détails sur l’oeuvre 

Nombre de pages : 116

Date de publication : Décembre 2014

Maison d’édition : Les Editions du Panthéon 

Prix : 12,80 euros

 

Et vous, quels sacrifices avez-vous fait par amour ? 

Publié dans Histoires, Vingt-trois

L’accusé de réception

Grâce Minlibé

Vingt-trois – Chapitre 1

«C’est pas vrai! Je vais arriver en retard!» Dis-je en replaçant le moule dans le four. Je n’ai pas encore peigné ma tignasse et ce cake salé n’est pas encore cuit! C’était pourtant marqué sur la recette qu’il ne fallait que 45 minutes de cuisson!
Je parcours la fiche, vérifie que le thermostat est bien à 6. J’ai respecté la recette à la lettre, pourquoi ça met donc autant de temps à cuire?

Un brin d’inquiétude me fait plisser le front. Je ne peux pas rater ce gâteau. Meg compte sur moi, le cake est la seule entrée qu’elle propose pour son dîner d’anniversaire et s’il n’est pas bon et bah, elle est dans la merde! J’aurais dû m’y prendre un peu à l’avance mais bon je voulais un gâteau tout chaud, moi! Il ne me reste plus qu’à augmenter le thermostat, si le gâteau cuit en moins de 20 mn je me ferai un plaisir de faire une suggestion à marmiton.

Un quart d’heure plus tard, j’ai l’impression d’avoir gagné une épreuve décisive de MasterChef quand je porte un bout de gâteau à ma bouche. L’entrée de Meg est assurée!

J’enfile un chemisier blanc, une jupe bleu marine, j’hésite entre mettre des accessoires blancs, bleu marine ou d’une autre couleur. Je fais sortir une pièce de monnaie puis je me rends compte que ça ne sera pas facile de jouer à pile ou face puisque j’ai 3 choix. Allez, Karlise, dépêche! On est samedi et le tram il n’y en a pas toutes les 2 minutes.

En attendant l’arrivée du tram en direction de François Mitterand, je me fais une rapide mise en beauté, rien de bien raffiné, juste du gloss et une légère touche de fard à paupières. Oui, je peux faire mieux mais bon à quoi ça va servir? A rien, strictement à rien. Je ne me fais jamais remarquer par les hommes qui me plaisent même quand je ressemble à une barbie alors…

Je reçois un message de Meg au moment où le tram est à l’approche. Elle espère que je suis en route et que j’ai respecté le dress code. Bien sûr que je l’ai respecté, il ne me reste plus que le sac à dos pour ressembler à une studieuse lycéenne de Mamie Faitai. Pensé-je en soupirant.

Non mais quelle idée de faire habiller ses invités de cette manière? Oui c’est vrai, elle nous invite à célébrer le 7ème anniversaire de sa rencontre avec Dan, rencontre qui s’est effectuée à la fin d’une journée de cours (elle était au Lycée Mamie Faitai de Bingerville et lui au Lycée Garçons de Bingerville) mais je n’étais pas là quand ça s’est passé et les autres invités non plus. Pourquoi nous faire subir ces tenues?
Mon Dieu, qu’est-ce que ça aurait donné s’ils s’étaient rencontrés au primaire?

Je remue la tête et elle se fige quand mon regard croise le sien. Mes mains tremblent, mes lèvres suivent le mouvement.

Il est là… Me suit-il ou est-ce moi qui suis toujours à sa recherche?
Il a ce sourire empreint de tristesse et d’impuissance qu’il avait quand il a… Oh non! Je ne veux pas me rappeler. Je ne veux pas y penser, pas aujourd’hui…

Je me précipite hors du tram dès qu’il stationne à l’arrêt Michelet-Sciences, je m’éloigne de lui encore une fois…

Devant la porte de Meg, je respire pleinement avant de faire un pas du côté gauche. C’est un petit rituel que j’ai pour prendre de la distance, laisser ma peur sur le côté.

«Vis autrement Karlise, concentre-toi sur le présent.»

Meg vient m’ouvrir après ma deuxième sonnerie. Elle est toute rayonnante, elle a la joie singulière des grands événements, ceux qu’on n’attendait pas et qui ne se présentent à nous qu’une fois.

– Joyeux anniversaire de rencontre Maguéééééééé. Dis-je en lui tendant le gâteau
– Je te rappelle que j’ai un autre prénom et un surnom très raffiné aussi.
– Mais c’est Marguerite que je préfère. Il te va si bien! Dis-je un sourire ironique flottant sur les lèvres.
– Je prends le gâteau, toi, tu peux rentrer chez toi. Fait-elle faussement vexée.
– C’est vraiment une injustice qu’une jeune femme aussi belle que toi puisse s’appeler ainsi.
– Arrête sinon tu vas vraiment rentrer chez toi.

Je lui tire la langue. Ça y est, je suis ancrée bien le présent, je ne pense plus à ce qui s’est passé dans le tram. J’entre dans son coquet studio en esquissant quelques pas de danse. Au cas où on pourrait oublier, la musique diffusée par les enceintes nous rappelle le sentiment que nous célébrons ce soir.

J’ai à peine le temps de ranger ma veste dans sa penderie qu’elle me tire vers le coin cuisine. Je sors des verres lorsqu’on sonne à la porte.

– Ça doit être Dan et ses amis. Va ouvrir s’il te plaît. Je vais sortir quand ils seront installés. Je vais faire une entrée digne d’une reine. Tous les yeux seront braqués sur moi. Allez! Fais vite!

Marguerite Elsa Gnahoré et ses scénarii!! J’accueille avec le sourire Dan, Omar, Athara (la copine d’Omar), Aaron et Samuel.

Le regard plein de désir de Dan quand Meg nous rejoint fait naître une once de jalousie en moi. Meg n’est pas un top model, elle est habillée simplement mais elle a cette touche d’élégance que donne l’assurance d’être aimée…

Ils s’embrassent chastement puis Meg reproche à Samuel de n’avoir pas respecté le «dress code», il devait s’habiller en kaki ou en marron mais pas en bleu et blanc. Un rire général retentit dans la salle quand il nous dit que dans son lycée l’uniforme était unique: bleu blanc aussi bien pour les filles que pour les garçons.

Assise entre Athara et Aaron, je ne m’ennuie absolument pas. Leur simplicité et leur sens de l’humour parviendraient à dérider la femme la plus acariâtre.

Je trouvais un peu débile de fêter son anniversaire de rencontre avec ses amis mais j’avoue que ça me fait du bien d’être là. Je fais de nouvelles rencontres et mes papilles gustatives découvrent de nouvelles saveurs. Le poisson au four de Meg est exquis!
S’il n’y avait qu’elle et Dan, je me serais servie plus de 3 fois.

– On a fini de manger, on a un peu discuté. On peut quitter le registre de chanson très romantique et avoir des chansons plus dynamiques? Lance Omar
– On arrêtera la section romantique après une série de zouk! S’exclame Aaron. Karlise, j’ai décelé dans ta gestuelle une certaine aptitude pour ce type de danse. Tu veux bien qu’on danse ensemble?

Il me le dit avec une lueur assez déstabilisante dans le regard. Merde! J’espère qu’il ne va pas en profiter pour me susurrer des mots doux à l’oreille et m’annoncer avec entrain que je l’intéresse!

J’ai bien fait de ne pas me maquiller ce soir, j’aurais gaspillé fond de teint et mascara. Pfft!! Pourquoi je n’attire jamais les jolis mecs?

Bon, Aaron n’est pas moche mais ce n’est pas mon genre. Je n’ai pas à lever la tête pour croiser son regard et il est un peu trapu. Omar est mon genre mais il est très casé, Samuel n’est pas mal mais il a l’air d’être attiré par Léa, l’amie de fac de Meg qui nous a rejoints au début de l’apéritif.

Je m’imagine dans les bras de Fally Ipupa quand je débute mon premier slow avec Aaron, ça me permet de savourer le moment.
A la fin du 2ème slow, Dan, Omar et Samuel vont au balcon pour fumer, Meg discute avec les filles et moi, je suis avec Aaron qui s’intéresse de plus en plus à ma vie.
Pitié! On est là pour un anniversaire de rencontre pas pour préparer un futur anniversaire de rencontre.

La fatigue se lit sur les visages aux environs de trois heures, il n’y a plus de tram à cette heure-ci alors Aaron est chargé de raccompagner Léa et Samuel de me raccompagner. Aaron est un peu déçu mais ce n’est pas de ma faute si je suis plus sur le chemin de Samuel que sur le sien.

Avant de partir, je remets un petit présent à Meg et le juron qu’elle me lance n’est pas très décent à décrire.
– Tu veux me faire culpabiliser, c’est ça? Dit-elle en regardant la première de couverture du livre: 10 raisons d’être chaste jusqu’au mariage
– Non, je veux juste te remettre sur le droit chemin. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.
– Tu es une vraie tarée.
– Mais tu m’aimes comme ça.

Elle me sourit avant de me prendre dans ses bras. Je lui fais un gros bisou avant de lui dire de prendre bien soin d’elle et de sa relation avec Dan.

Samuel et moi rejoignons sa voiture en silence. Un silence qui se prolonge dans l’habitacle. Nous suivons la route du tram 2 en direction du nord. Il a les yeux fixés sur la route et moi aussi. Je sursaute presque quand il me demande si je suis à l’école centrale comme Meg.

– Non, j’ai fait la fac de droit et je suis en stage de fin d’études dans un cabinet de recrutement.
– Elle est courageuse, Meg. Je n’aurais jamais pensé à faire un doctorat.
– Moi non plus.
– Et vous vous connaissez comment?

Pourquoi je souris? Parce que ça me fait plaisir qu’il engage la discussion! Je lui raconte donc que Meg était un peu comme ma grande sœur à l’internat au Lycée mamie faitai, qu’elle m’a encouragée à poursuivre mes études supérieures en France et qu’elle a été comme ma tutrice dans cette ville où je ne connaissais qu’elle.

Au fil de notre discussion, j’apprends qu’il réside à Rouen, est à Nantes et précisément à Carquefou en visite à un oncle et repart demain dans l’après-midi.

– Voilà, la demoiselle est bien arrivée.
– Merci beaucoup. Dis-je en lui adressant un sourire timide.
– De rien. Enchanté de t’avoir rencontrée.
– Pareil. Rentre bien. Dis-je en ouvrant la portière.

Il attend que je referme la porte de ma résidence avant de démarrer.

***

Deux semaines s’écoulent après le dîner. Un soir, en rentrant du stage, je découvre un avis de passage du facteur. J’ai reçu un recommandé avec avis de réception. Vu l’heure d’ouverture de la poste, je ne pourrai le retirer qu’à la pause de midi.

Le lendemain à midi et quart, je tiens une lettre dans mes mains qui a pour expéditeur un certain Sekongo Tiefigué. Je l’ouvre sans tarder et j’éclate d’un rire nerveux après lecture.

“Dans la vie, tout est signe.”
“Quand on veut une chose, tout l’Univers conspire à nous permettre de réaliser notre rêve.”
“Personne ne peut fuir son cœur. C’est pourquoi il vaut mieux écouter ce qu’il dit.”
Karlise Tié, est-ce que tu veux m’épouser?

Je regarde autour de moi histoire de repérer la caméra cachée, quelques clients entrent dans la Poste, me regardent bizarrement mais je n’en ai cure. Je cherche cette foutue caméra, c’est sûr et certain que c’est un traquenard.

Je commence à avoir mal au cou à force de promener mon regard à la recherche de cette foutue caméra. Non mais c’est qui ce débile qui ose me faire une farce pareille?