Soucieuse de son confort et de son indépendance, Deola vit à Londres, tenant ainsi à distance son pays, le Nigeria, et sa famille installée à Lagos. Marquée par une jeunesse ballottée entre deux mondes, elle manoeuvre, dans ses relations professionnelles et amicales, pour éviter de s’exposer, de cristalliser sa différence. Sous ses dehors impassibles, rires, indignations, espoirs, affections et doutes se bousculent en une émouvante effervescence. De retour au Nigeria dans le cadre d’une mission, elle retrouve sa famille, qui commémore le décès de son père, et elle cède à la tentation d’une aventure amoureuse. Cette rencontre, véritable grain de sable dans la vie bien rodée de Deola, l’amène à se libérer du carcan qu’elle s’était imposé, à dépasser son insidieuse frustration pour s’engager dans une voie risquée, mais choisie.
Avec une sobriété ciselée, une tenue remarquable, un humour incisif, une vraie tendresse pour ses personnages et pour les villes de Lagos et de Londres, Sefi Atta explore les questions de l’exil, de la famille, de l’amitié, de la féminité, de l’altérité, restant au plus près du bruissement entêtant de la vie.
Ce roman dresse le portrait de la société nigériane où le christianisme moderne occupe une place importante. Deola n’est pas pratiquante, elle croit en Dieu un jour sur deux. Ses réflexions parfois judicieuses sur le christianisme hypocrite, tapageur m’ont beaucoup fait rire :
Deola, fille de bourgeois, est une immigrée à Londres. L’immigration… Les occidentaux sont toujours des expatriés, des émigrés donc et les Africains des immigrés. Je me demande quand est-ce que la tendance va s’inverser…
Deola à travers sa propre expérience et celle de son amie Subu nous montrent comment se vivent l’immigration nigériane en Angleterre ou aux USA, l’ostracisme et le racisme. Certains nigérians en immigrant se comportent comme des Anglais, d’autres tiennent à préserver leur origine. Dans le milieu professionnel, parfois, le plafond de verre est brisé, parfois non.
Deola travaille dans une ONG qui audite des projets humanitaires dans le monde, le Nigéria y compris. Une nation riche de pétrole, pleine de potentiel qui tend encore la main. Jusqu’à quand ?
La narratrice nous expose les habitudes hilarantes et paradoxales des nigérians à Lagos comme à Londres. Elle dresse surtout le portrait de femmes indépendantes. Des femmes qui choisissent qui elles veulent aimer, refusent de se plier aux directives des autres quand il s’agit de leurs vies. Elles font le choix de rester seule, de quitter un mariage où l’homme ne les respecte pas.
Notre héroïne, elle, fait face à plusieurs choix : quitter Londres pour Lagos, abandonner la solitude pour un compagnon, garder un enfant non désiré ou pas.
Ce roman m’a séduite par son humour, sa fluidité, ses personnages pittoresques, les thématiques qu’il aborde. J’ai passé un agréable moment de lecture. Etant dans ma période « romance » j’aurais voulu vivre davantage le nouvel amour de Deola. Il a été plutôt bref pour moi.
Vous avez une amie immigrée, trentenaire ou quadragénaire célibataire ? Ce livre est top pour son cadeau de Noël.
Éditeur : ACTES SUD
Date de publication : Mai 2014
Nombre de pages : 368
Traduit de l’anglais (Nigeria) par : Charlotte WOILLEZ
Existe aussi en format numérique. Voir ICI