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TTL 129: Fatima ou les Algériennes au square

C’est l’heure du Throwback Thursday Livresque ! Cette semaine, le thème est : Fleurs

J’ai pensé à Fatima ou les Algériennes au square car il me semble apercevoir des bourgeons de fleurs sur la couverture 😀

On est au début des années 80.
Banlieue parisienne. La Courneuve. Fatima et ses amies algériennes de la cité se retrouvent au square. C’est leur patio. Elles sont les premières immigrées héroïnes de la littérature française. Dalila, 7 ans, la fille de Fatima, ne quitte pas le flan de sa mère. Elle écoute les histoires du quartier. Violence et tendresse dans l’exil. Bavardages, rires, cris, colères, bagarres, viols ; flics…Dalila, battue par son père, a décidé de gagner.

Le choc des cultures arabe/kabyle et française.

Des algériennes qui ont suivi leurs époux en France et qui le vivent plus ou moins mal. L’intégration est parfois si difficile.

Des filles qui sont surveillées, jugées sévèrement quand elles s’éloignent des traditions, osent braver les interdits. Les parents veillent à ce qu’elles ne perdent pas leurs racines algériennes.

Un roman intéressant de prime abord mais j’en attendais beaucoup plus dans sa construction.

Je ne m’attendais pas à cette absence de chapitres, à ces très longues phrases qui m’ont obligé à lire les passages à deux ou trois reprises car je perdais le fil. Je m’étais imaginée ces femmes prenant tout à tour la parole au fil des chapitres et évoquant leurs propres vies au lieu d’évoquer celles des autres.
Pas sûre que je lirai l’auteure à nouveau.

Quel livre auriez-vous choisi pour ce thème ?

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TTL 102: Et d’un seul bras, la sœur balaie sa maison

Qui dit jeudi, dit Throwback Thursday Livresque. Cette semaine, le thème est: Vilains & Méchants

J’ai pensé à ce titre

Couverture        Et d'un seul bras, la soeur balaie sa maison

Lala vit chichement dans un cabanon de plage de la Barbade avec Adan, un mari abusif. Quand un de ses cambriolages dans une villa luxueuse dérape, deux vies de femmes s’effondrent. Celle de la veuve du propriétaire blanc qu’il tue, une insulaire partie de rien. Et celle de Lala, victime collatérale de la violence croissante d’Adan qui craint de finir en prison.
Comment ces deux femmes que tout oppose, mais que le drame relie, vont-elles pouvoir se reconstruire ?

J’ai choisi ce roman de Cherie Jones parce que la majorité des hommes dans ce roman sont vilains: moralement laids. Ce sont des hommes violents, particulièrement méchants envers des femmes, leurs femmes, leurs filles.

Il y a le vilain Carson qui abuse de sa fille,

Rainford, le vilain et jaloux fiancé, qui n’arrive pas à aimer la fille de sa fiancée et va tuer celle qu’il prétend aimer,

Il y a Adan, le géant, qui bat continuellement sa femme,

Il y a le vilain lieutenant Beckles qui va abuser d’une femme.

Elles s’appellent Esmé, Lala, Saba, Mira et elles subissent la violence du mâle.

A travers ce récit de plus de 300 pages, le lecteur fait face à la fureur de l’homme. Une violence qui ne peut s’expliquer, une violence qu’on croirait innée.

A travers les histoires personnelles et commune de Wilma, Esmé et Lala, l’on est tenté de se demander si la violence conjugale est un héritage transmis de génération en génération.

elle ne comprenait pas que, pour les femmes de sa lignée, le mariage était, d’une manière ou d’une autre, un meurtre.

Le lecteur assiste, impuissant, au relâchement de l’éducation parentale, à l’influence malsaine des adultes et à la naissance de monstres comme Adan.

Le récit se déroule à Baxter dans les années 80 et dans ce paradis pour touriste, les élites et riches noirs sont rares. Il n’y a presque pas de médecin. Les femmes cousent, tressent, font le ménage ou se prostituent. Les hommes sont des gigolos, des braqueurs ou dealers de drogue. J’ai grincé des dents face à ce portrait misérabiliste d’afro-descendants.

Il m’a manqué l’histoire économique de l’île de la Barbade pour justifier ce portrait.

Le style de l’auteure est entraînant, le ton assez mélancolique. Si j’ai eu de la compassion pour Lala, le seul personnage auquel je me suis attachée est Tone. Je n’ai d’ailleurs pas du tout aimé le sort qui lui est réservé à la fin.

Si j’ai apprécié ma lecture, de nombreuses questions restent sans réponse pour moi : pourquoi Wilma reste-t-elle avec son mari malgré tout ? Pourquoi Esmé et Saba se prostituent ? Pourquoi Tone a décidé de vivre cette vie? Qu’est-ce qui a déclenché cette Chose qu’il ne peut nommer ?

Un amour interdit Alyssa Cole

Que sont les secrets, si ce n’est des choses que l’on veut oublier ?

tu comprends qu’aimer un homme ne s’apprend pas, car si c’est le bon, l’apprentissage est inutile, l’amour est la chose la plus naturelle au monde. Tu comprends que si tu dois apprendre à aimer un homme, il n’est probablement pas celui que tu devrais aimer.

Avez-vous lu ce livre ?

Quel livre auriez-vous proposé pour ce thème ?

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Hadja Binta – Badiadji Horrétowdo

Lorsque la vie de la princesse Binta bascule à Garoua, dans le Nord-Cameroun, Hadja Binta l’ignorait sans doute,« La Halmata holding n’a jamais eu la délicatesse de remettre à l’eau une baleine échouée sur sa plage »!

Badiadji Horrétowdo signe un nouveau roman, plein d’audace et de sensibilité, qui explore l’univers peu connu d’une prostitution qui s’ignore dans le microcosme de la communauté du Sahel à Douala.

l'Afrique écrit

La bêtise a ceci de terrible qu’elle peut ressembler à la plus profonde sagesse. Valery Larbaud

J’aime ces citations de début de roman qui donnent envie de s’aventurer dans les prochaines pages.

Hadja Halmata est le 1er personnage que l’on rencontre. Une musulmane pieuse qui est à la tête d’une … maison close.

Hadja Halmata prend soin de ses protégées, celles qui sont à la source de son entreprise florissante. Elle leur donne astuces, potions pour attirer vers elles les hommes de leurs vies.  Ce rêve que ces jeunes filles miroitent a été le sien il y a des années. 

Le lecteur découvre sa vie de femme, d’épouse 

Elle se souvenait : j’étais une épouse, si l’on veut ! Mais je me voyais surtout en domestique ; une domestique sur qui l’employeur passait ses nerfs, qu’il battait et tapait, violentait et violait, quand cela lui chantait ! Au prix d’un indicible chagrin, elle devait garder le silence, accepter stoïquement la condition qui était la sienne, synonyme d’une femme bien éduquée, digne et exemplaire, une femme authentique ! Un modèle dans le genre. Mais il est des douleurs qui ont des limites ! admettait-elle.
Le chemin du Paradis ne devrait pas être synonyme de l’enfer ! Nul ne mérite la souffrance ! Aucune femme ne naît à dessein de souffrir !

Et pourtant ici, une femme qui dit « non » à son époux n’est qu’une rebelle. C’est l’homme qui règne dans le foyer conjugal, c’est tout naturellement lui qui dicte la mesure, c’est lui qui répudie aussi !
Sa vie dans le Septentrion voguait entre mariages et divorces qui lui valurent au demeurant le titre honni de rebelle ! Celle que l’on ne devrait plus épouser, puisque de toute façon, elle s’enfuirait au premier prétexte, disait-on.

Hadja Halmata quitte le Nord pour le Sud. A défaut d’amour, elle se concentre sur les affaires. Un restaurant où l’alcool n’est point servi puis la maison close où atterrit Hadja Binta. 

Adolescente, elle fut mariée à 14 ans à un homme de seize ans son aîné, l’un des employés de son père, un richissime homme d’affaires.

Le mariage d’amour, nous n’en connaissons pas et d’ailleurs, que peut-il signifier pour une fille mariée à un âge où elle vient à peine de vivre ses premières menstruations, si ce n’est que l’homme avec lequel elle est amenée à partager sa vie est simplement son amour ?

Hadja Binta a vécu dans l’opulence jusqu’à la déchéance de son père. Une déchéance qui signifie le début des violences conjugales pour Hadja Binta.

Comme Hadja Halmata, elle a quitté le Nord pour le Sud.

Comme les jeunes femmes qui composent le harem de Hadja Halmata, elle rêve d’un mariage digne de son statut qui lui permettra surtout de retrouver les lumières. Mais ce rêve est-il réalisable dans ce réseau de prostitution déguisée ? 

Hadja Binta est une lecture intéressante et révoltante sur le mariage précoce, la condition des femmes au Sahel où elles sont objet, propriété de l’Homme qu’il soit père ou mari.

Pour nous autres femmes, le chemin qui mène au mariage est bien sûr à prendre très au sérieux, c’est notre héritage, et notre destinée de femme. Sans le mariage nous ne valons rien ou pas grand-chose. C’est le mariage qui donne sens et raison d’être à la vie de nos jeunes femmes. N’est-ce pas, ma fille ?

Le narrateur parle sans ambages de l’hypocrisie humaine qui se sert du nom de Dieu comme d’un voile pour cacher ses vilenies. Il expose l’hypocrisie des croyants musulmans qui interprètent les textes sacrés à leur guise, s’adonnent à la fornication mais jugent le musulman qui boit. 

Il dresse le portrait d’une élite qui préfère donner du poisson plutôt qu’apprendre à pêcher au démuni afin de continuer à bénéficier des louanges. 

Hadja Binta offre une écriture fluide au lecteur, un langage courant agrémenté du camfranglais. 

Ce fut une sympathique découverte pour moi.

Christmas

Éditeur : Proximité

Date de publication : Mars 2019

Nombre de pages : 268

Disponible aux formats papier et numérique 

Roman présélectionné pour le Prix les Afriques 2020

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X de Mamadou Mahmoud N’Dongo

Dans une pièce à la porte entrouverte, Une femme sanglée dans un imperméable, les cheveux mouillés.

Personnage  : X

Décor : la pièce peut être une cellule de prison ou une chambre nuptiale,

la pièce peut être une excavation

ou un loft,

la pièce peut être un intérieur bourgeois

ou un mobil-home,

la pièce peut être un atelier d’artiste

ou le compartiment capitonné d’un asile,

la pièce peut être nue

ou encombrée,

la pièce peut être tout cela à la fois.

 

Tels sont les mots d’introduction de ce livre classé dans le genre théâtre par l’éditeur.

Couverture X

Pourquoi ce livre a suscité mon envie ?

J’ai d’abord été attirée par la couverture aux couleurs chaudes puis par les deux premières phrases de la 4e de couverture

Une femme sanglée dans un imperméable,
les cheveux mouillés, revient chez elle, pour dire
ce qui l’a conduite à son incarcération.
Elle veut qu’on entende pourquoi elle a décimé sa famille.

Les premières pages sont prometteuses, on découvre X, ses mots et les maux qu’elle porte en elle. X est une femme qui semble être dans un mariage de raison. X a été violée par son mari,

il me jeta sur le lit. Ce quasi cadavre qu’on a jeté sur le lit comme un vulgaire colis. Ce corps est-il encore vivant, cette femme qu’on manie comme une poupée est-elle encore vivante. Il me déchire. C’est, c’était une femme. page 16

Il fait son affaire en moi. Il se décharge.

Un rapport sexuel c’est un échange de mycose.  page 17

Mon mari. Il m’a demandé de le lécher, j’ai refusé, il m’a violemment giflée. Il m’a attrapée par les cheveux et projetée par terre, il a enlevé mon pantalon il s’est assis sur ma bouche, il s’est torché avec mon visage. page 18

un mari qui n’a jamais cherché à la satisfaire sexuellement.

 

X n’est qu’un genre, un sexe…

On cherchait l’amour et on trouvait le sexe ce qu’elle a toujours été pour bon nombre d’hommes une arrière pièce, page 15

 

…un corps qu’on lui demande d’habiter tout simplement.

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De façon poétique, X évoque ce que l’ordre social nous impose. 

X évoque sa blessure. 

La blessure est un orifice… Cette phrase revient souvent dans le texte comme tant d’autres. La répétition est la figure de style la plus utilisée dans ce texte. A l’excès à mon avis. 

X est un texte littéraire. La structure du texte est un mélange de vers libres et de prose.

X est une lecture exigeante, une lecture qui requiert plusieurs regards. 

J’ai lu et relu ce livre de moins de 90 pages pour cerner les non-dits, les zones d’ombre mais certaines affirmations sont restées floues comme le fait que X dise qu’elle soit née d’un crime. Lequel ? On l’ignore. 

Elle évoque un fils adultérin qu’elle a épargné mais on n’en sait pas davantage. 

 

Le livre est intéressant pour le thème qu’il évoque mais j’en attendais beaucoup plus. J’ai l’impression d’être passée à côté de quelque chose, de n’avoir pas saisi l’entièreté de l’histoire de X. 

Un autre avis sur ce livre me serait d’une grande utilité mais il se fait rare sur la toile…

 

GM signature 

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Regards de vérité, tome 1 : La candeur entachée

Léa, jeune mère courage n’a qu’une obsession: trouver un nouveau papa pour Moya sa petite orpheline et ainsi fonder un foyer, symbole de respectabilité et synonyme de réussite dans la plupart de nos sociétés africaines.
Au nom du mariage, Léa accepte brimades et humiliations. Au nom de l’amour, elle est aveugle. 
Si aveugle et préoccupée à lécher ses propres blessures, qu’elle ne voit pas ce père trop entreprenant à l’égard de Moya.
Cette histoire, c’est la candeur entachée d’une fillette de 12 ans qui se raconte. C’est le regard de Moya qui découvre douloureusement un monde d’adultes dans toutes ses perversités, ses fragilités et son hypocrisie. C’est l’échec de nos sociétés, l’incohérence de notre justice, le poids de nos traditions…

l'Afrique écrit

Lamazone Wassawaney était l’invitée de Livresque 30. Pendant une heure, nous avons échangé avec elle sur les thèmes de ce premier roman qu’elle offre au public et qu’elle a auto-édité.

Edité au format poche, La candeur entachée _ 1er tome de la trilogie Regards de vérité_ semble avoir été imprimé par un éditeur étranger. L’impression est de qualité, la police d’écriture est assez petite mais pas gênante. 

J’ai désiré avoir ce roman autant pour son aspect visuel que pour son contenu. 

 

L’auteure ne se revendique pas féministe, elle mène un autre combat : dénoncer les violences physiques et psychologiques faites aux femmes, la pédophilie passée sous silence dans notre société en particulier en Côte d’Ivoire et mener des actions concrètes pour qu’elles cessent.

L’auteure par ses mots choisis avec soin nous invite à mener ce combat avec elle. 

La candeur entachée à travers les confidences de Moya et sa mère Léa dresse avec exactitude le portrait de notre société. Une société où le mariage est celui qui donne un sens à l’existence de la femme, une société où la femme doit tout supporter, n’a que des devoirs et aucun droit.

la candeur entachée

 

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Ça a été un réel plaisir de faire la connaissance de Yowl, l’amie de Léa. J’aime parfois dans mes lectures rencontrer des personnages qui me ressemblent. Yowl a la même vision de la vie que moi. Elle n’a ni homme ni bébé mais cela ne l’empêche pas d’être heureuse. 

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La candeur entachée est un roman à lire et à faire lire pour les thèmes d’actualité qu’il aborde avec finesse. Le cliffhanger donne sans contredit l’envie de lire le tome 2. J’espère qu’il ne tardera pas.

Je n’ai noté qu’un bémol durant ma lecture : narré à la 1ère personne, j’ai trouvé que le langage soutenu de Moya était inapproprié même si c’est une jeune fille très mûre pour son âge.

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TTL 45 – Munyal, les larmes de la patience

Le Throwback Thursday Livresque est officiellement en pause en ce mois d’août chez Carole du blog My Bo0ks. Pour ne pas perdre mon engouement à participer à ce rendez-vous, j’ai décidé de reprendre en ce mois d’août les thèmes de l’an dernier que je n’avais pas faits

1er août : Famille

8 août : Comme un oiseau en cage

15 août : La meilleure héroïne

22 août : Take me anywhere

29 août : Fantasy, fantastique, magie, SF, irréel, incroyable, miracle, au delà, anges et créatures…

 

Thème de cette semaine

Ce thème convient parfaitement au roman que je vais vous présenter. Deux jeunes femmes de ce roman sont comme des oiseaux en cage, privés de leur liberté, obligées à épouser des hommes qu’elles n’aiment pas.

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Ramla, Hindou et Safira ! Trois femmes, trois histoires, trois destins plutôt liés.

Ramla est mariée à Alhadji Issa, l’époux de Safira. Sa sœur Hindou épousera son cousin Moubarak. A toutes, l’entourage n’aura qu’un seul et même conseil : Munyal ! Patience !

Mariage forcé, violences conjugales et polygamie, Munyal, Les larmes de la patience, brise les tabous en dépeignant à une dimension nouvelle, la condition de la femme dans le Sahel.

D’inspiration sahélienne, Djaïli Amadou Amal est assurément une figure majeure de la littérature camerounaise de ces dernières années. Auteure de romans à succès, Walaande traduit en plusieurs langues, et Mistiriijo, elle dénonce les discriminations faites aux femmes. 

 

« Il est difficile le chemin de vie d’une femme ma fille. Ils sont courts ses moments d’insouciance. Elle est inexistante sa jeunesse. Elle n’a de joie nulle part sauf là où elle l’aura hissée. Elle n’a de bonheur nulle part sauf là où elle l’aura cultivé. A toi de trouver une solution pour rendre ta vie supportable. Mieux encore, pour rendre ta vie acceptable. C’est ce que j’ai fait durant toutes ces années ! J’ai piétiné mes rêves pour mieux embrasser mes devoirs! »

 

Ce roman qui est le lauréat de la première édition du prix Orange du livre en Afrique expose dans un langage simple et un lyrisme profond la condition déplorable des femmes peul en particulier. 

Elles n’ont pas le droit de dire leurs états d’âme, elles n’ont pas le droit de se plaindre. Elles n’ont que des devoirs. Elles sont chosifiées, rabaissées, ne valent rien. Celui qui a de la valeur, celui qui a tout pouvoir c’est l’homme et il en abuse. 

Ces femmes n’ont pas le droit à l’éducation, mariées très jeunes, plongées dans des foyers polygames où elles doivent tout endurer en silence.

Ramla rêvait d’être pharmacienne mais à 17 ans son oncle la marie de force à un cinquantenaire qui a déjà une épouse.

Sa demi-sœur Hindou est mariée de force à son cousin qui va prendre un malin plaisir à la battre. Ses parents lui demandent de supporter, de continuer à aimer son mari, s’en occuper. 

Safira n’est pas instruite. Les femmes naissent uniquement pour l’homme et leurs enfants. Mariée très jeune à son époux, le second mariage de ce dernier bouleverse sa vie. Elle décide de pourrir la vie de sa co-épouse, de reconquérir son mari. 

La lecture de ce roman m’a révoltée et dire qu’il est basé sur des faits réels !

C’est un roman engagé qui donne l’envie de combattre toutes ces coutumes qui avilissent la femme. Elles doivent être bannies.

 

Pour l’acheter, cliquez ICI

 

Quel livre auriez-vous choisi ? Faites-moi sortir des sentiers battus ! 

 

 

Une citation tirée du roman : Les yeux trahissent toujours les faiblesses du cœur, même les plus voilées.

 

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Le bonheur, comme l’eau – Chinelo Okparanta

J’ai reçu ce roman dans le cadre du Swap Des livres et des thés sur Livraddict. Nous avions opté pour le COLIS AMATEUR :
     – 1 carte
     – 1 MP
     – 2 livres de la WL
     – 2 boites de thés 
     – des goodies en lien avec le thème

Nous avons ajouté chacune un 3e livre et ma binôme a choisi un livre qui n’était ni dans ma WL globale ni dans ma WL spécifique du swap. Elle l’a choisi sur recommandation de sa libraire. 

En mai dernier, j’ai donc accueilli dans ma Pile à Lire Le bonheur, comme l’eau.

Un titre intriguant. J’ai essayé en lisant chacune des dix nouvelles qui composent le recueil de découvrir la raison du choix d’un tel titre. La réponse m’est venue de la 8e nouvelle :

Le bonheur est comme l’eau, dit-elle. Nous essayons toujours de le saisir, mais il nous file toujours entre les doigts.

 

Les personnages de ce recueil sont à la recherche du bonheur. Le bonheur que l’on n’a pas et qu’on refuse aux autres.

Qu’ils soient centraux ou secondaires, ils espèrent qu’on leur accorde ce qu’ils attendent, ce qu’ils désirent mais le bonheur semble capricieux.

Ces dix nouvelles sont très féminines à l’exception de la 9e nouvelle où le narrateur est un homme.

Nos narratrices montrent leurs vies d’épouse, de fille, de femme.

Époux qui considère plus ses richesses matérielles que la vie de sa femme.

Époux axé plus sur son plaisir et qui n’entend pas la douleur de sa femme.

Époux qui bat sa femme et sa fille.

Les mères ont une influence presque dominatrice dans la vie de leurs filles, leur demandent de se marier, faire un enfant, se blanchir la peau ou taire leur orientation sexuelle.

L’homosexualité doit être un thème cher à l’auteure puisqu’il est le thème de deux nouvelles. Pourquoi ne s’intéresse-t-elle qu’au lesbianisme? Est-ce dû au fait que les personnages centraux sont des femmes ?

La foi chrétienne est un thème transversal aux nouvelles. On sent comme un désir de garder sa foi personnelle et ne pas l’imposer à d’autres. On sent une remise en question des principes bibliques pour se concentrer uniquement sur l’amour quel qu’en soit la forme.

J’ai entendu la voix de ces femmes, la vie intime de familles nigérianes, en Afrique ou en Amérique, aux prises avec leurs rêves, leurs traditions et la réalité de tous les jours.

J’ai passé un bon moment de lecture. La plume de l’auteur est fluide, pleine de sensibilité.

C’est mon #MardiConseil. Quel est le vôtre ?

 

 

 

 

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La colline aux esclaves – Kathleen Grissom

Couverture La colline aux esclaves

J’ai glissé ce roman dans ma PAL en décembre 2017. Je suis par contre incapable de vous dire pourquoi j’ai voulu le lire exactement.

Peut-être parce qu’il aborde un thème poignant ou qu’il fait partie des 20 premiers livres du Top Livres sur Livraddict ?

Résumé de l'oeuvre

 

À 6 ans, Lavinia, orpheline irlandaise, se retrouve esclave dans une plantation de Virginie : un destin bouleversant à travers une époque semée de violences et de passions… En 1791, Lavinia perd ses parents au cours de la traversée les emmenant en Amérique. Devenue la propriété du capitaine du navire, elle est envoyée sur sa plantation et placée sous la responsabilité d’une jeune métisse, Belle. Mais c’est Marna Mae, une femme généreuse et courageuse, qui prendra la fillette sous son aile. Car Belle a bien d’autres soucis : cachant le secret de ses origines, elle vit sans cesse sous la menace de la maîtresse du domaine. Ecartelée entre deux mondes, témoin des crimes incessants commis envers les esclaves, Lavinia parviendra-t-elle à trouver sa place ? Car si la fillette fait de la communauté noire sa famille, sa couleur de peau lui réserve une autre destinée.

 

l'Afrique écrit

Deux narratrices s’alternent : Lavinia et Belle. Une narration à la première personne qui permet au lecteur de s’insérer dans la peau de ces deux personnages.

Lavinia et Belle sont esclaves mais n’ont pas la même couleur de peau. Une différence qui va expliquer la différence de leurs destins.

Lavinia est Irlandaise et à travers elle, je pensais que l’auteur nous aurait donné de plus amples informations sur l’esclavage des Irlandais aux USA mais elle s’est concentrée sur celui des Noirs.

Lavinia a trouvé auprès des domestiques noirs une famille et sa façon de se considérer comme leur semblable m’a fait sourire.

– Tu seras jamais noire comme nous, et ça veut dire que t’es une blanche[…] Dans tous les cas, tu ne peux pas épouser Ben ? Il est noir.

Je me mis à pleurer.

– J’ai le droit d’épouser Ben si je veux. Vous pouvez pas me forcer à être une Blanche.

 

Elle ne voit pas le monde tel qu’il est vraiment. Si j’ai toléré sa vision du monde pendant son enfance, je l’ai trouvée très agaçante une fois qu’elle est devenue jeune femme. 

J’ai eu maintes fois envie de la gifler. Je ne compte pas le nombre de fois où je l’ai traitée de bête. Son esprit est totalement irrationnel. Elle m’a fait penser aux Blancs du siècle présent qui affirment que les Noirs voient le racisme partout. 

 

Il y a beaucoup de malheurs dans ce livre tant du côté des maîtres que du côté des esclaves. J’ai pleuré sur le sort des esclaves noirs de cette plantation de Virginie y compris celui de Belle. Mon cœur a saigné à chaque abus, bastonnade, privation, vente, viol, mort, séparation. 

J’ai apprécié les liens entre Lavinia et sa famille noire qui montrent bien qu’on est capable de vivre ensemble. Je me suis attachée à Will et sa bonté de cœur. 

Même s’il y a assez de détails superflus, des longueurs, des pans de l’histoire pas suffisamment explorés, une écriture qui fait parfois brouillon (il y a notamment des erreurs dans les concordances de temps) l’histoire reste captivante, on a envie de savoir ce qui va advenir de Belle et Lavinia.

 

Belle semaine à tous ! Que comptez-vous lire cette semaine ? 

 

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Love is Power ou quelque chose comme ça

Prenez deux vieilles femmes abandonnées à leur sort, un jeune homme dont l’unique ambition est d’être un arnaqueur du web, des enfants de 14 et 12 ans livrés à eux-mêmes, une mère ivrogne, un professeur qui a une relation extra-conjugale avec l’une de ses élèves, une épouse violentée par son mari dès qu’il endosse son uniforme de policier, un homme qui souffre de mauvaise haleine, des agents des forces de l’ordre corrompus, un couple qui se dispute l’amour de leur unique enfant, un cousin épris de sa petite cousine, un couple interracial qui s’aime sans engagement. Placez les au Nigéria en faisant une escale rapide à Nairobi. Donnez à ces hommes et femmes le temps de s’exprimer et vous obtiendrez Love is Power ou quelque chose comme ça.

Adrian Igoni Barrett fait une étude captivante des mœurs au Nigéria et nous montre les multiples facettes de ce pays. Le Nigéria et son instabilité politique des années 70, ses bandits de grand chemin, ses arnaqueurs, sa population en proie à la misère.

L’amour occupe une grande place dans ce recueil et est exposé avec ses multiples visages : amour interdit, possessif, exclusif. L’amour est interrogé, éprouvé.

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Le sexe est monnaie d’échange, moyen de pression ou plaisir tout simplement.

La plume d’Adrian Igoni Barrett a été une belle découverte. J’ai trouvé son écriture succulente. J’ai eu l’impression à chaque nouvelle de découvrir un auteur différent. Les nouvelles sont de longueur variée et chacune d’elles possède un style singulier.

Mes nouvelles préférées sont : Ce qui était arrivé de pire, le problème de ma bouche qui sent, Godspeed et Perpetua, une histoire d’allées et venues à Nairobi.

 

Ce qui était arrivé de pire

Veuve, Maa Bille se sent abandonnée par ses enfants qui vivent pour la plupart à l’étranger. Elle doit aller au CHU pour une énième opération des yeux mais il n’y a personne pour l’accompagner. 

Cette nouvelle plaisante aborde le “devoir” des enfants envers leurs parents. Des parents qui se sont pliés en quatre pour leurs enfants et qui attendent un peu le retour de l’ascenseur. Leurs enfants doivent-ils toujours être présents pour eux ? Doivent-ils leur rendre tout le bienfait ? J’ai bien aimé la réponse de Maa Bille

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Le problème de ma bouche qui sent

Une nouvelle pleine d’humour où un homme nous confie son problème de mauvaise haleine.

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Godspeed et Perpetua

Une différence d’âge entre un homme et une femme. Un mariage arrangé où va naître lentement l’amour. Puis l’enfant vient et l’amour devient exclusif. Père et fille s’installent dans un monde où la mère n’est pas conviée. Cette dernière se réfugie momentanément dans la religion. Des années s’écoulent et la politique entre en jeu.

Il y a du rire, des larmes dans cette nouvelle. La chute m’a émue.

 

Une histoire d’allées et venues à Nairobi

Un couple mixte où l’homme veut vivre un amour sans engagement, un amour au présent, n’a pas envie de se nourrir de promesses. J’ai apprécié l’interpellation de Leo dans ce magasin où des indiennes ont fait preuve de racisme. Les Indiens et leurs castes de merde !

Ces petites phrases sur l’amour m’ont fait sourire :

« L’amour, c’est revenir même quand tu ne peux pas »

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J’ai reçu ce livre lors du Colore ton swap. Pour en savoir plus, cliquez ICI

L’image mise en avant a été prise au restaurant POINT BARRE au Plateau (Abidjan), un restaurant cosy avec une décoration très littéraire. 

 

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Des cris sous la peau – Fatimata DIALLO BA

Une voix extérieure présente une petite fille de 45 ans qui s’apprête à prendre l’avion pour la 2eme fois de sa vie.

Être une petite fille à 45 ans ? Cette femme n’est donc pas mature ? Elle est mariée, a deux filles, un travail. Pourquoi se considère-t-elle comme une petite fille ?

Son voyage à Dakar apporte des éléments de réponse, permet de mieux faire connaissance avec elle. On découvre une femme qui a manqué d’amour maternel. Elle n’a pas connu sa mère, a été élevée par la sœur de cette dernière. Une tante qui a toujours préféré sa fille.

On découvre l’horreur qu’elle a subie enfant, son mariage à un cousin lointain à 18 ans, les nombreux coups qu’il lui porte fréquemment l’obligeant à devenir invisible, inodore et muette.

Des souffrances de femme qui ne sont pas un cas isolé. Sa voisine du vol Paris-Dakar lui raconte la polygamie qu’elle vit, son absence de maternité.

La fille de Saran, masseuse traditionnelle originaire du Mali, a aussi été victime de la jalousie perverse d’une coépouse et de la violence aveugle d’un époux manipulé.

Arame, la cousine de la petite fille de 45 ans, a aussi des malheurs cachés sous sa peau. Elle est énorme comparée à la petite fille qui est maigre. Boulimie contre anorexie. Rejet ou consommation excessive de la nourriture pour cacher un mal-être.

Toutes ces femmes acceptent leurs souffrances, c’est leur seconde peau. 

Le surnaturel intervient, la petite fille qui était figée dans l’adolescence va entrer en contact avec sa mère. Cela m’a fait penser à De l’autre côté du regard de Ken Bugul.

La petite fille _appelons la maintenant par son prénom Yandé _va entendre des mots d’amour, guérir de ses blessures, devenir une femme. 

Yandé appelle les femmes à ne plus être silencieuses, à dénoncer haut et fort ce qui ne va pas. 

Ce roman renvoie à la condition des femmes au Sénégal où viols et meurtres des femmes sont légion. J’ai apprécié ma lecture, c’est un roman court et fluide. J’ai été contente de le finir et passer à autre chose. Le récit est bien écrit, il y a des instants d’émotion mais ce n’est pas transcendant. Par ailleurs, j’ai trouvé le style assez scolaire. Au niveau du fond, j’aurais voulu que les thèmes soient développés en profondeur. Des cris sous ma peau ne fait que les effleurer…

 

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