Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Aline et les hommes de guerre – Karine Silla

Couverture Aline et les hommes de guerre

Aline Sitoé Diatta naît en 1920, au beau milieu des forêts luxuriantes de la Casamance, dans le sud du Sénégal. Enfant déterminée, puis adolescente indépendante, solitaire et douce, elle quitte la brousse pour se rendre à Dakar afin d’y travailler comme gouvernante dans une famille de colons. C’est là qu’elle entend, pour la première fois, des voix qui lui ordonnent de rentrer chez elle pour libérer son peuple. Prônant la désobéissance civile et la non-violence, Aline appelle les Sénégalais à lutter pour leurs terres et le respect qui leur reviennent de droit. S’entourant des anciens, comme le veut la tradition diola, écoutant les conseils de son sage ami Diacamoune, la jeune femme est vite érigée en icône de la résistance, magnétique et insoumise, et est sacrée reine. Menaçant l’ordre établi et mettant à mal l’administration française, Aline, la « Jeanne d’Arc du Sénégal », devient l’ennemie à abattre, mettant, dès lors, sa jeune vie en danger.

Aline grandit avec un oncle. Ses parents sont partis trop tôt. Elle n’a pas de frères et sœurs. Elle n’oublie jamais de saluer les vieux du village quand elle passe auprès d’eux. Après les longues journées de labeur dans les rizières, elle écoute avec passion et intérêt tout ce que les anciens peuvent lui raconter de la vie. Le vieux Diacamoune lui conte la glorieuse histoire de Nehanda, l’Amazone du Zimbabwe. Aline écoute attentivement les batailles de Nehanda pour faire fuir les envahisseurs.

Nehanda sait maintenant qu’elle a eu tort de faire confiance à l’envahisseur parce qu’il n’existe pas de bons envahisseurs.

Aline s’interroge. Y a-t-il une victoire possible face à l’homme blanc ?

Aline veut posséder la puissance de Nehanda et protéger sa famille, son village, son peuple, désarmer les soldats et rétablir la paix dans son pays.

En attendant, elle quitte le village pour la ville, travaille comme docker à Ziguinchor puis comme gouvernante à Dakar pour un couple blanc. C’est là qu’elle entend, à 19 ans, une voix qui la désigne comme la libératrice de son peuple de l’emprise coloniale.

Le deuxième appel. Lève-toi Aline et marche, me dit la voix. Marche vers ton village natal. Rentre chez toi ou il t’arrivera malheur. La voix résonne dans ma tête. Une voix sans sexe. Où est-elle ? Dans ma poitrine où se situe la douleur ? Ou en dehors de moi ? La ville est pleine de monde mais personne n’entend. Cette voix est pour moi seule.

Aline retourne au village, raconte ses rêves et sa mission.

Le bruit court dans toute la région, on accourt pour écouter la
jeune prophétesse. Elle clame la non-violence. C’est sans armes qu’elle compte s’attaquer au pouvoir colonial. Elle est brillante,
instinctive et habitée. Ses idées sont précises et elle les formule
avec conviction. Elle passe de maison en maison, guérit les malades avec l’imposition de ses mains et remonte le moral des
familles accablées par l’impôt. Tout le monde souhaite la poignée
de main d’Aline. Les temps sont durs, on veut croire aux miracles. L’énergie de l’espoir vient renforcer son énergie vitale et crée l’étincelle magique

Aline devient figure de résistance.

Il faut ménager le riz, pour les moments difficiles et s’opposer
catégoriquement à toute activité imposée par les colons. Il nous
faut refuser de payer l’impôt. Il est collecté pour soutenir une
administration qui nous maltraite. En payant l’impôt c’est nous
qui finançons le coût de nos chaînes. Nos frères ne doivent plus
abandonner nos champs pour partir faire la guerre en France.
Cette guerre ne nous concerne pas et fait mourir nos maris, nos
pères et nos enfants, les laissant sans sépultures. Nous avons
besoin de nos hommes, ensemble nous devons reprendre l’économie de nos villages.

il faut continuer la lutte, se révolter contre le code de l’indigénat qui distingue notre peuple du colon. Nous devons avoir les mêmes droits… Il n’est pas question d’accepter la supériorité de l’homme blanc.

Aline mène le peuple et les meneuses de son genre gênent l’administration coloniale…

Aline a été une résistante et cette biographie fait ressurgir ses paroles, ses pensées, ses actions pour la libération de son peuple. J’ai néanmoins regretté que ce livre ne soit pas centré sur Aline.

L’auteure donne davantage la parole aux colons notamment à travers la vie de Martin. La lectrice africaine que je suis découvre sans grand intérêt un petit garçon enthousiasmé par les récits d’Afrique de son grand père, un jeune homme qui aime une femme, s’installe en Casamance, envoie des lettres à sa bien-aimée restée en France. Et l’auteure continue avec le récit de la Débâcle, de l’arrivée de Pétain, de Gaulle à Londres… On a l’impression qu’elles louent presque leurs actions. Ce qui est paradoxal pour moi avec la thématique du livre.

Je voulais lire l’histoire d’une résistante noire, rien que ça. Et sur les 300 pages que comprend ce livre, Aline ne représente que le 1/3.

La structure narrative désoriente également. Il n’y a pas de chapitres. On passe de la narration omnisciente à la narration interne. Aline prend à quelques moments la parole.

Encore une fois, je me retrouve à lire une histoire avec de bonnes intentions au départ mais bon, quelqu’un a dit que les bonnes intentions ne font pas forcément un bon livre…

Auteur :

En décembre 2014, j’ai publié mon recueil de poèmes «Chimères de verre» aux Editions Edilivre. En 2015, finaliste au prix Littérature et musique 2015 organisé par les éditions Souffle Court, je deviens co-auteure du recueil de nouvelles «Une nuit avec Baker » En 2017, mon 1er roman "Tristesse au paradis" voit le jour aux éditions Vallesse et me permet d'avoir plusieurs prix dont le Prix Horizon 2018. Je lis, j'écris et je n'oublie pas de vivre !!!

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