Publié dans Arrêt sur une oeuvre

Déguster le noir

Vous n’en ferez qu’une bouchée !
Nicolas Beuglet, Christian Blanchard, Pierre Bordage, Patricia Delahaie, Sonja Delzongle, R. J. Ellory, Jacques Expert, Jérémy Fel, Nicolas Jaillet, Anouk Langaney, Ian Manook, Bernard Minier et Cédric Sire : treize auteurs prestigieux, maîtres incontestés du frisson, nous entraînent dans une cinquième exploration sensorielle inédite autour du goût.

Autant de nouvelles originales, singulières et terrifiantes à la rencontre de personnages succulemment cruels ; autant d’histoires délicates qui satisferont papilles et méninges les plus affûtés.
Un recueil plein de vengeance, de coups bas et mortels, à savourer froid au chaud, avec tous les sens en alerte.

Le goût des autres – Bernard Minier

Je découvre la plume de cet auteur à travers ce court récit. En lisant le titre, j’ai pensé à des cannibales. Il s’agit plutôt de vampires. L’effroi est présent. Je salue l’imagination de l’auteur mais je n’ai pas pris grand plaisir à lire cette nouvelle.

Ripaille – Anouk Langaney

Jamais entendu parler de cet auteur. Le menu en début de récit ouvre l’appétit. On vogue entre folie, vengeance et violence dans cette nouvelle. Ce que j’ai aimé : les menus présentés qui donnent l’eau à la bouche.

Tous les régimes du monde – Cédric Sire

Un homme kidnappe un mannequin et la gave. On pense au début à un ogre mais c’est plus léger que ça. Une façon originale d’évoquer le culte de la minceur.

Amertumes – Pierre Bordage

Le goûteur de l’unificateur des Nations suspecté d’avoir empoisonné ce dernier. Les interrogatoire sont très violents. Je n’ai pas apprécié mon temps de lecture.

Joé – Christian Blanchard

Joé rêve de camping car, de la mer d’Iroise. Pour cela, il s’adonne à des combats de boxes clandestins, accompagné d’un ami. J’ai apprécié cette nouvelle pour la tristesse qui s’y dégage.

Alfajores – Nicolas Jaillet

Un homme qui n’a plus le goût de travailler chez Huei sur la zone industrielle de Brétigny. Un nouvelle lue et vite oubliée.

Dans l’arène – Jérémy Fel

Une nouvelle machiavélique. Une sorte d’émission de téléréalité indécente où les candidats ne savent pas qu’ils en font partie. Ils sont sélectionnés sur de nombreux critères (vivre isolés, cadre familial compliqué, intelligence limitée…) Des machinations sont ensuite créées pour les pousser à bout au grand plaisir des spectateurs.

On est au paroxysme de l’abject.

Jalousies – Sonja Delzongle

Jeanne, unique héritière a épousé un brillant homme d’affaires et lui a donné plus de sept enfants. Son mari la dédaigne. Elle n’est bonne qu’à le servir. Un jour, elle se rend compte qu’il la trompe. A partir de cet instant, tout dégringole. La fin est assez inattendue.

La visite – Nicolas Beuglet

Gilles rencontre les parents de sa petite-amie en Auvergne. Ils ne sont ensemble que depuis un mois et sa petite-amie a insisté pour qu’il les rencontre dès le 15e jour. Etrange, n’est-ce pas ?

Les parents ont la particularité de manger bio et local. Une atmosphère légère qui devient de plus en plus étrange voire terrifiante.

Un père à la truffe – Patricia Delahaie

Une jeune fille de 12 ans n’a pas revu son père depuis 3 ans. Quand il vient la chercher pour une journée, c’est pour l’emmener déguster du noir. Une histoire assez plate à mon goût.

Feijoada – Ian Manook

Raymond revient de vingt ans de bagne chez les jivaros et pour lui la vengeance, ça se mange. Froide ou chaude, en salade ou en principal, à la carte ou au menu. La chute est inattendue et parfaite !

Le goûteur – Jacques Expert

Un goûteur menacé par son ancien employeur d’empoisonner son employeur actuel. La chute est inattendue mais une nouvelle non mémorable.

Scène de crime – R.J Ellory

Juin 1971, une jeune fille est retrouvée décapitée. Son identité et le mobile du meurtre sont un mystère. Pour l’inspecteur Garrett Erickson, elle devient une obsession.

Un agent du FBI débarque après le 3e meurtre. Il propose à Erikson de penser comme le tueur. Erikson devient ce qu’il traque… L’identité du tueur est surprenante. On se demande pourquoi on n’y a pas pensé.

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Mon impression globale du recueil ?

Une lecture en demi-teinte avec des lectures qui n’emportent pas, d’autres qui arrivent à surprendre, à émouvoir et sortent du lot comme celles de Manook, Blanchard, R.J Ellory, Delzongle…

De manière générale, la lecture du noir autour des 5 sens a valu le détour.

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Respirer le noir

Barbara Abel, Franck Bouysse, Hervé Commère, Adeline Dieudonné, François-Xavier Dillard, Chrystel Duchamp, R. J. Ellory, Karine Giebel, Vincent Hauuy, Sophie Loubière, Jérôme Loubry, Dominique Maisons et Mo Malø. Ces auteurs prestigieux, maîtres incontestés du frisson, nous entraînent dans une exploration sensorielle inédite autour de l’odorat.
Douze nouvelles originales, singulières et surprenantes, pour autant de voyages olfactifs à la découverte de mondes connus ou futuristes, de personnages terrifiants ou terriblement humains ; douze expériences sensorielles qui vous marqueront durablement de leur effluve.
Retenez votre souffle et laissez vos sens vous guider dans le noir.

Le parfum du laurier-rose – R.J. Ellory

Un policier qui rend justice. Il assassine ceux qui tuent des enfants. Une lecture intéressante mais sans plus.

Respirer la mort – Sophie Loubière

Des capacités olfactives qui servent au départ à gagner de l’argent puis dégénèrent. A part quelques notes d’humour, cette nouvelle n’a pas réussi à me charmer.

Je suis un poisson – Franck Bouysse

Une peau qui exsude une odeur de poisson pourri. Un homme coupé de tout contact social. Difficile de faire passer une relation amoureuse du virtuel au physique. Mais quand il rencontre Mylène, il est prêt à tout faire pour la garder. Je n’ai malheureusement pas senti le noir dans cette nouvelle.

Cristal qui sent – Mo Malø

2 scientifiques de l’institut Wegener lors d’un périple à la recherche du journal de Wegener découvrent qu’une odeur émane d’un rocher luminescent. Ils développent dès lors un odorat hors norme. Ce cristal qui sent va bouleverser leur vie entière.

Je commence à m’inquiéter. J’en suis à la 4e nouvelle du recueil et je n’ai pas encore eu une claque monumentale. Ca ne sent pas du tout bon.

Deux heures et trente minutes – Dominique Maisons

5h30 : Un collaborateur du palais décède alors que le couple présidentiel dort à l’étage. Le commandant Rossi est chargé de l’enquête. Une nouvelle intéressante mais sans plus.

Happy World – François-Xavier Dillard

Sur une idée originale de l’auteure Barbara Abel, François-Xavier Dillard décline son histoire. Happy World est le plus grand parc d’Europe, Nicolas et sa petite famille y sont. Ce qu’ils ignorent c’est qu’une organisation secrète a décidé d’y faire régner la terreur. On respire la mort dans cette nouvelle. Par contre, j’aurais aimé connaître les motivations de l’organisation secrète.

Glandy – Adeline Dieudonné

Mercredi des Cendres, 25 février 1914, un homme au bec pointu, aux yeux exorbités, à la bouche béante rouge sombre se tient sur le pont de Marcinelle. Il devait aller au bal mais ses amis de beuverie ont tout gâché. Fou de rage, il commet l’irréparable. Une nouvelle qui se laisse lire.

Le monde d’après – Hervé Commère

Pleine campagne. Un enfant vole les doubles des clés de pavillons fraîchement construits dans son village. Après le déclin du village, le père au chômage en veut aux gens de la ville. Quand une famille emménage dans l’un des pavillons, vient en vacances là où depuis des années chacun se morfondait, le père voit rouge. Il s’introduit dans la maison à l’aide des clés dérobées 8 ans plus tôt.

Je n’ai pas respiré le noir dans cette nouvelle, je l’ai plutôt vu. Erreur de casting ?

Miracle – Vincent Hauuy

Nous sommes à l’ère des upgrade génétique, le cancer a été vaincu, on est à l’ère des IA. Chase a convoqué Greg et Shirley pour une expérience particulière: plonger dans le cerveau du tueur de Maria, son amour obsessionnel. L’objectif ? Découvrir comment il l’a surprise. Lecture intéressante mais pas mémorable.

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J’ai mis une pause à ma lecture à ce moment. J’avais besoin d’une lecture plus enthousiasmante.

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De retour après avoir lu quelques BD

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Les doux parfums du cimetière – Jérôme Loubry

Pierre a perdu sa mère et lui rend souvent visite au cimetière. Il lui raconte des anecdotes d’autres visiteurs, évoque les odeurs qu’ils transportent avec eux.

Il y a un air de tristesse dans ce récit. Mis à part ce sentiment, je n’ai pas trouvé mon compte dans cette nouvelle.

L’amour à mort – Chrystel Duchamp

Un homme n’arrive pas à supporter la séparation d’avec sa compagne et tente de se suicider. Du paradis, il atterrit à l’enfer en passant par le purgatoire. Pas ceux auxquels vous pensez. Pour avoir déjà lu Chrystel Duchamp, je suis un peu déçue. Je m’attendais à une nouvelle épatante.

Petit nouveau – Barbara Abel & Karine Giebel

Vassili Voronine, russe soixantenaire vit dans le nord de la France. Il semble s’être réfugié après avoir été accusé de trahison dans son pays. A la sortie d’un restaurant avec sa sœur cadette, ils se sentent mal. Les analyses de sang montrent qu’ils ont été empoisonnés au novitchok. Le drame va prendre de l’ampleur puisque Voronine et sa sœur ont sûrement dû toucher beaucoup de choses avant de s’écrouler et qu’ils ont dû contaminer de nombreux lieux.

Une nouvelle qui provoque des frissons mais je suis restée sur ma faim avec la fin de la nouvelle. La nouvelle est librement inspirée d’un fait divers survenu au Royaume-Uni en 2018.

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Mon impression globale du recueil ?

Je n’ai pas été convaincue par ce 4e opus. Il ne me reste plus qu’à déguster le noir. J’espère finir en beauté cette série sur les cinq sens.

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Toucher le noir

Onze grands noms du thriller français nous font toucher le noir, jusqu’au creux de l’âme…
Solène Bakowski, Éric Cherrière, Ghislain Gilberti, Maud Mayeras, Mickaël Mention, Valentin Musso, Benoît Philippon, Jacques Saussey, Laurent Scalèse, Danielle Thiéry, Franck Thilliez. Ces onze auteurs prestigieux, maîtres incontestés du frisson, nous entraînent dans une exploration sensorielle inédite autour du toucher. Avec eux, vous plongerez dans les plus sombres abysses, effleurerez la grâce et l’enfer d’un même geste, tutoierez l’horreur du bout des doigts…
Dix nouvelles inédites pour autant d’expériences tactiles, éclectiques, terrifiantes et toujours surprenantes.
Oserez-vous frôler le noir d’aussi près ?

8118 : ENVERS – Franck Thilliez & Laurent Scalese

J’étais très excitée à l’idée de lire ce 3e opus autour des sens et de découvrir l’exploitation du toucher par les auteurs.

Dans cette 1ère nouvelle du recueil, Tom Croft a pour boulot de toucher les pistolets Black Thunder, de détecter les armes à feu qui serviraient à commettre des meurtres. J’étais un peu perdue avant de comprendre que le récit commençait par la fin. J’ai apprécié cette lecture à l’envers.

Retour de soirée – Valentin Musso

Entrez dans ce restaurant où le principe est de manger dans le noir absolu. Le service est assuré du début à la fin par des non-voyants. On imagine qu’un drame va s’y dérouler mais le danger est ailleurs, sur la route, après les masques qui sont tombés au cours du dîner.

L’ange de la vallée – Solène Bakowski

Un prêtre obsédé à restaurer son église, fait passer l’enfant de la sorcière pour un ange afin de récolter des sous. Je n’ai pas été séduite par l’atmosphère de cette nouvelle.

Signé – Benoît Philippon

Commercialiser des peaux tatoués par la peintre Marcy, quelle imagination! On touche le noir mais je n’ai pas été subjuguée par le déroulé de cette nouvelle.

Mer Carnage – Eric Cherrière

Un homme part sur les traces du meurtrier de ses parents et de sa sœur fantôme comme il l’appelle. Ce n’est pas une nouvelle qui me marquera.

No smoking – Michaël Mention

5 juillet 1971, siège de l’Alpha Oil Company. Un homme rejoint un autre à 21h37 dans l’ascenseur. A 21h43, la cabine s’immobilise subitement. La vengeance entre en action.

La nouvelle la plus longue du recueil. On touche le noir mais je n’ai pas trouvé mon compte dans cette histoire.

Doigts d’honneur – Danielle Thiéry

Un père qui touche le noir afin que sa fille soit sur le devant de la scène lors du concours chopin. J’ai beaucoup apprécié que ses intentions machiavéliques ne soient pas restées impunies.

L’ombre de la proie – Ghislain Gilberti

En lisant les 1ères lignes, je m’attendais à une nouvelle policière. Un pédophile guette sa proie. Ensuite, on découvre un groupe clandestin de justiciers de l’ombre qui pourchasse les monstres. Là, on bascule dans le fantastique avec des bêtes, des vampires. J’ai décroché à ce moment là. Je n’étais pas la cible de cette nouvelle. Il y a malgré tout un retournement de situation: la bête n’est pas celle que l’on croit.

Une main en or – Jacques Saussay

Enzo purge sa peine au pénitencier de Carminatti. Le directeur découvre qu’il a un merveilleux talent: Enzo fait des portraits à la perfection. Le directeur aurait aimé l’avoir ce talent mais la génétique en a voulu autrement. Il décide de profiter de celui qu’Enzo a. On pénètre peu à peu dans la noirceur pour ne plus jamais en sortir. Cette nouvelle est magistrale !

Zeru Zeru – Maud Mayeras

Les enfants albinos sont mutilés dans le pays, Bibi protège le sien d’une façon inattendue. Une nouvelle sombre.

8118 : Endroit – Franck Thilliez & Laurent Scalese

Pour ceux qui veulent lire la 1ère nouvelle du recueil à l’endroit.

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Mon impression globale du recueil ?

J’ai découvert de nouvelles plumes. Je n’avais lu que Maud Mayeras dans l’un des précédents recueils.

Au niveau des chutes des récits, je suis satisfaite à 60%. J’ai touché le noir dans chaque nouvelle où la main et la peau sont à l’honneur. Quant à l’émotion, j’ai trouvé 3 nouvelles très surprenantes et plaisantes à lire: celles du duo Scalese-Thilliez, Mayeras et Saussay.

J’ai maintenant hâte de respirer le noir.

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Regarder le noir

Douze auteurs prestigieux de noir sont ici réunis et, si chacun a son mode opératoire, le mot d’ordre est le même pour tous : que l’on ouvre grand les yeux au fil de récits qui jouent avec les différentes interprétations de la vision.

Dans ces nouvelles, ils ont donné libre cours à leur noire imagination pour créer une atmosphère, des personnages inoubliables et une tension qui vous happeront dès les premiers mots… et jusqu’à la chute. Electrique et surprenant, ce recueil renferme onze expériences exceptionnelles de lecture.

N’ayez pas froid aux yeux, venez Regarder le noir

Regarder les voitures s’envoler – Olivier Norek

Une histoire d’amour, ça ne supporte que 2 personnes.

La lecture commence intensément comme dans le précédent recueil. Un adolescent aime observer les êtres animés comme inanimés se détruire.

L’observer dépérir, l’une des dernières phrases du texte aurait été selon moi le titre parfait de cette nouvelle.

Cette nouvelle est une véritable claque. Chapeau à l’écrivain. J’espère qu’il écrira d’autres nouvelles dans ce genre.

Nuit d’acide – Julie Ewa

Calme-toi, petit-frère, tu vas t’y faire.

Me faire à quoi ?

La nuit. Au début, c’et un peu effrayant, mais tu vas t’habituer.

Dans ce texte, c’est l’interprétation de la vue au 1er degré qui est exploitée. On est au Bangladesh. Un gang kidnappe les enfants et les rend aveugles pour les exploiter à travers la mendicité. Une nouvelle très dure à lire. La chute est glaçante.

The Ox – Fred Mars

Un corps sans vie est retrouvé dans The OX, une boîte de nuit de libertinage à l’aveugle située dans la zone industrielle de Croydon. L’enquête pour retrouver le meurtrier est lancée.

Je n’ai pas été convaincue par cette nouvelle.

Le mur – Claire Favan

Des conflits, la population mondiale qui chute drastiquement. Empoissonnement au mercure. Quelques rares personnes ont eu la chance de développer une immunité partielle et ont développé une maladie qui réduit drastiquement leur champ visuel.

Les derniers humains sur terre ont embarqué sur des navires pour fuir par les mers. Jérémy est parmi eux et c’est un 55%. Ils sont désignés par leur % et les liens de subordination sont définis par leur %.

Les contrariétés de l’amour vécues par Jérémy l’emmèneront tout droit vers le mur.

J’ai apprécié la vision futuriste de cette nouvelle. J’ai malheureusement vu la fin venir.

Demain – René Manzor

Une jeune femme se découvre un don de voyance qui peut être utile aux policiers. J’ai apprécié l’angoisse qui se dégage du récit, l’angle avec lequel l’auteur aborde la vue.

Transparente – Amélie Antoine

Jusqu’où une femme est prête à aller quand on ne la regarde pas assez ? Quand elle se sent transparente ? J’ai apprécié la chute de cette nouvelle.

Anaïs – Fabrice Papillon

Peut-on supporter le regard de celle à qui l’on a fait du mal ? Outre l’angle d’exploitation du regard, je n’ai pas trouvé mon compte dans cette nouvelle.

La tache – Gaëlle Perrin-Guillet

Thomas Bernet, écrivain quadragénaire a un trou noir sur l’un des murs qui l’obsède, l’épouvante. Je savais que ça avait un rapport avec la cécité, du coup je n’ai pas été surprise. Je n’ai pas été séduite par cette nouvelle.

Private Eye – R.J. Ellory

Raymond, journaliste free-lance ayant envoyé pas mal de monde derrière les barreaux se sent observé dans le train. Il a repéré le suiveur mais ce qu’il croit voir est-il réel ? Attention, les apparences sont trompeuses…

Tout contre moi – Johana Gustawsson

Quand on a lu Betty, on connaît le genre du narrateur sans qu’il ne le décline. A part la narration à la 2e personne, ce n’est pas une nouvelle qui me marquera.

Darkness – Barbara Abel & Karine Giebel

Le meilleur pour la fin ? J’étais excitée à l’idée de retrouver ce duo que j’avais beaucoup apprécié dans le 1er opus. Fidèles à elles-mêmes, elles restent sur la perte du sens. On a l’impression de suivre deux vies. Je ne saurai vous dire si elles se rejoignent à la fin. J’ai apprécié mais je n’ai pas eu la claque de leur nouvelle du 1er opus.

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Mon impression globale du recueil ?

J’ai découvert de nouvelles plumes. Je n’avais lu que Norek, Gustawsson, R.J Ellory, Giebel.

Au niveau des chutes des récits, je suis satisfaite à 64%. J’ai vu le noir dans 91% des nouvelles. Quant à l’émotion, j’ai trouvé 3 nouvelles très surprenantes et plaisantes à lire: celles de Norek, Ewa et Antoine.

J’ai maintenant hâte de toucher le noir.

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Ecouter le noir

Les grands noms du thriller français mettent nos sens en éveil.
Treize auteurs prestigieux de noir sont ici réunis et, si chacun a son mode opératoire, le mot d’ordre est le même pour tous : nous faire tendre l’oreille en nous proposant des récits qui jouent avec les différentes définitions de l’audition.

Dans ces nouvelles, ils ont donné libre cours à leur noire imagination pour créer une atmosphère, des personnages inoubliables et une tension qui vous happeront dès les premiers mots… et jusqu’à la chute.

Éclectique et surprenant, ce recueil renferme onze expériences exceptionnelles de lecture.
Laissez-vous chuchoter à l’oreille, venez Écouter le noir.

Je ne voulais plus lire de nouvelles. Les derniers recueils lus ne m’avaient pas offert de chute sensationnelle.

Un matin du 9 août, dans le groupe de lecture Accro aux livres, j’ai découvert une série de recueil de nouvelles sur les 5 sens écrits par des auteurs de thrillers.

L’idée est tellement originale! Sans aucune hésitation, j’ai débuté l’expérience par le 1er recueil qui met l’ouïe à l’honneur.

Deaf – Barbara Abel & Karine Giebel

Le recueil démarre fort avec cette nouvelle écrite à quatre mains. Deux adolescents sourds s’échappent de leur centre. Juliette Lepage a 29 ans et a été kidnappée par trois hommes. Lentement, leurs histoires se rejoignent de la pire des façons. Le karma est-il passé par là ?

A 16 ans, la tête et le cœur se confondent bien souvent.

Pour les gens comme eux, fermer les yeux, c’est se boucher les oreilles.

Les deux seules personnes capables de me venir en aide ne peuvent pas m’entendre.

J’ai déjà lu Giebel, je n’étais donc pas étonnée de la qualité du texte. Quant à Barbara Abel, je ne saurai dire si cette nouvelle m’a donné envie de la découvrir.

Archéomnésis – Jérôme Camut & Nathalie Hug

Erreur de placement de nouvelle. Elle aurait dû être à la toute fin. En tout cas, pas après celle de Giebel. Année 2945, les hommes sont une espèce en voie de disparition. Les IA cherchent à réimplanter l’homme sur une planète. Ici, l’audition est liée au passé, à l’écoute de sons d’il y a neuf mille ans. Le style est fluide mais ce n’est pas du polar, plutôt du SF. Heureusement, la nouvelle est courte. Bref, on passe à la suivante.

Tous les chemins mènent au hum – Sonja Delzongle

Un homme est atteint du Hum, un bruit comme un moteur qui tourne H24 dans sa tête. Ce mal semble incurable. Il a une option : passer du temps dans la chambre sourde. Une expérience qui va le faire basculer. La chute de cette nouvelle est une dramatique surprise mais ce n’est pas une histoire qui m’a marquée.

Ils écouteront jusqu’à la fin – François-Xavier Dillard

Abel Van Hoffen a retrouvé la partition d’un concerto inconnu de Tchaïkovski. Il la travaille puis l’exécute. Une écoute qui s’avère être destructrice.

Bloodline – R.J. Ellory

Carole et Janine, des sœurs jumelles séparées par un meurtre. Une nouvelle bien écrite avec une chute qu’on n’aurait pas pressentie. Même si Janine est sourde, dans ce récit, je n’ai pas assez perçu l’ouïe, l’écoute, l’audition. J’ai plus perçu le toucher.

Un sacré chantier – Nicolas Lebel

Tiens, tiens, je retrouve le père du capitaine Mehrlicht.

Les premier mots portent sur le bruit. Il y a ensuite cette audition à laquelle Cassandra a été convoquée. Elle a porté plainte contre son ex-patron pour agression sexuelle.

J’ai apprécié sa détermination à faire taire les voix qui veulent la faire taire.

Quelques bémols: on ne peut pas classer cette nouvelle dans le thriller. Aussi, je déteste cette façon d’écrire en majuscules pour signifier que le personnage élève la voix.

Zones de fracture – Sophie Loubière

Une femme qui trompe son mari, trouve la mort, agressé par un jeune homme selon l’unique témoin de la scène. La révélation de l’identité du meurtrier est digne de ce qu’on attend d’une nouvelle. J’ai apprécié le côté polar.

Echos – Maud Mayeras

Un frère tué par un chauffard. Une mère qui part. La voix du frère qu’on entend parfois. Atmosphère lugubre mais qui ne m’a pas captivée par rapport aux autres nouvelles lues jusqu’ici.

La fête foraine – Romain Puértolas

Romain est écrivain, Patricia, journaliste vont en vacances aux îles canaries. Ils louent un penthouse qui donne sur une fête foraine ouverte de 16 heures à 5 heures du mat ? Résultat : crise de nerfs et surdité.

La propriétaire avait pourtant bien mentionné que l’appartement était très tranquille. On tombe des nues quand on découvre pourquoi elle tenait de tels propos.

Ici, pas de polar, que de l’humour et une chute réussie.

Quand vient le silence – Laurent Scalese

Xavier Deckard ôte la vie à une jeune femme de retour d’une soirée à picoler avec son ami. Un acte qui va bouleverser les jours qui lui restent à vivre.

Il y a de la peur, l’ouie est mentionnée, utilisée, on s’attend plus ou moins à une chute phénoménale mais je n’ai pas trouvé mon compte dans ce récit. Peut-être parce que le fantastique intervient ou à cause de cette grosse incohérence.

Alerte spoiler

Le diable m’a dit – Cédric Sire

Joan est un écrivain qui a perdu sa femme il y a 12 ans. Elle a été assassinée à leur domicile. 12 ans après, le meurtrier revient-il pour lui? L’ouïe est bien présente : les cris déchirants de sa femme, la voix du meurtrier.

C’est l’histoire la plus violente du recueil à mon sens. J’ai apprécié ma lecture mais sans plus.

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Mon impression globale du recueil ?

J’ai découvert de nouvelles plumes. Je n’avais lu que Giebel et Lebel.

J’ai apprécié la maîtrise du genre. Au niveau des chutes des récits, je suis satisfaite à 82%. J’ai écouté le noir dans 73% des nouvelles. Quant à l’émotion, j’ai trouvé 4 nouvelles très surprenantes et plaisantes à lire: Deaf, la fête foraine, Zones de fracture, Bloodline.

J’ai maintenant hâte de regarder le noir.

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Confessions amoureuses – Giovanni Mélèdje

Le samedi 4 mars dernier, j’étais à la dédicace du 5e livre de l’auteur ivoirien Giovanni Mélèdje: un recueil de nouvelles.

J’avais mis une pause à la lecture de recueil de nouvelles mais je ne pouvais refuser l’honorable invitation qui m’avait été faite.

La couverture du livre montre une jeune femme vêtue de blanc, le visage baissé. Est-ce l’illustration de Sœur Marie-Paule, héroïne de la 1ère nouvelle ?

J’achète rarement mes livres en fonction de la 1ère de couverture, la couverture de ce livre ne m’aurait pas poussée à la dérogation de cette règle.

Le titre du livre reprend bien l’idée générale du livre. Confessions amoureuses c’est 10 confessions d’amour. Mais le titre n’est pas inédit. En faisant une recherche sur le net, j’ai retrouvé au moins 2 œuvres avec ce titre.

Parlons maintenant du fond.

Commençons par Sœur Marie-Paule, consacrée au Seigneur depuis vingt ans mais brûlante d’amour pour Doudou. Comment se sont-ils rencontrés ? La nouvelle ne révèle aucune information à ce sujet. Elle est focus sur le pas que Sœur Marie-Paule franchit et qui aura des conséquences physiques….

Amour rime avec ingratitude. Fat l’apprend à ses dépens dans la 2e nouvelle. Elle parvint à faire venir son chéri en France mais l’amour devient vite distant.

L’amour aux collets, c’est la confession amoureuse de l’activiste au caractère bien trempé Dipri et le journaliste Roro. Entre eux, tout a commencé par une violente dispute pendant laquelle Dipri n’a pas hésité à prendre Roro par les collets. Depuis ce jour, Roro ne cessera de penser à Dipri. A-t-il un penchant masochiste ?

La nouvelle « si tu m’aimes » est celle qui m’a arraché un rire. Ariel est le copain de Sido, l’une des plus belles filles du campus. Il l’aime à mourir. Mais la sublime Sido semble l’aimer à temps partiel. Elle lui demandera de poser un acte dangereux par amour pour elle. L’amour rend-il bête ?

La 5e nouvelle est un échange de mails entre deux ex. L’homme a mal digéré la rupture après avoir œuvré pour la réussite de sa belle. Dans le mail qu’il lui adresse, il lui souhaite tous les malheurs du monde.

Un amour de jeunesse peut-il résister à l’aura et au pouvoir d’un ministre ? Pierre l’expérimente malheureusement dans la 6e nouvelle.

Pour vous, c’est quoi une trahison fatale ? Pour Odile, c’est sa meilleure amie qui devient sa rivale.

Dans la 8e nouvelle, un éminent professeur de psychologie humaine est un cocu !

Jean est un fonctionnaire modèle, un époux modèle, enfin presque. Quand Doriane entre dans sa vie au cours d’une soirée, il fait d’elle sa maîtresse. Mais la jeune femme est déjà l’amante d’un autre, un homme très proche de Jean.

Dans la dernière nouvelle, un professeur fait la cour à l’une de ses étudiantes pendant de longues années. Une fois marié avec elle, il court vers d’autres. L’aime-t-il vraiment?

Je découvre la plume de Giovanni Mélèdje. Ses œuvres si je m’en tiens à ce qui est dit dans l’avant-propos du livre tournent autour de l’orbite romantique. Activiste politique, il évoque également la gouvernance dans ses nouvelles.

Globalement, j’ai apprécié ma lecture même si j’ai trouvé certaines nouvelles trop rapides. Il m’a aussi manqué de l’originalité dans le fond. En effet, les intrigues ne sont pas inédites. Une sœur qui rompt ses vœux, une jeune femme qui sort avec le père et le fils, une femme qui sort avec le copain de sa meilleure amie c’est du déjà-vu en littérature comme au cinéma.

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Le football au Brésil

Le Brésil aime le football passionnément. Famille, amitié, amour, joie, tristesse : le ballon est présent dans tous les moments de la vie. Onze auteurs brésiliens contemporains parmi les plus talentueux s’en inspirent.
Onze contes, qui parlent d’enfants, d’adultes, d’hommes, de femmes ; qui prennent une tournure nostalgique, adoptent un ton ironique, parfois triste … tous plus divers les uns que les autres, avec un point commun : le ballon brésilien.

Vocation d’attaquant – Claudia Tajes

Un brésilien n’est pas un homme s’il n’aime pas le football, et vice versa.

Le narrateur n’aime pas le football mais il est attaquant dans la vraie vie: il s’occupe de femmes délaissées par leurs hommes à cause du foot.

Mon avis ? Une sympathique introduction au recueil.

Liberté, égalité, fraternité – Mario Feijo

Tous les hommes naissent égaux puis ils grandissent, certains préfèrent jouer en attaque, d’autres en défense, et le milieu de terrain reste pour les laborieux.

Un homme de 45 ans qui a la nostalgie de ces années où il jouait au foot sur les terrains vagues.

L’importance relative des choses -Luis Fernando Verissimo

Le football du samedi dans la maison de campagne de Magalhaes avait commencé comme une plaisanterie, une manière de s’ouvrir l’appétit avant de déjeuner. Très vite, les matchs prennent de l’ampleur et détruisent les couples.

Cette nouvelle m’a bien fait rire.

Faute – Toni Marques

Un enfant raconte ses vacances à sa maîtresse: au programme, le copain de sa mère, son père qui est footballeur professionnel, le match de football qu’il a joué avec des enfants sur la plage et sa mère qui se trouve grosse.

Une nouvelle dont je n’en ai rien tiré.

Pochette surprise – Rodrigo Ciriaco

Un joueur pas trop mauvais est décisif lors d’un match.

Déraison – Flavio Carneiro

La nouvelle évoque le journal de Canal 100, journal diffusé avant les séances de cinéma. Elle met en exergue la passion de ces hommes pour le football est la même peu importe si le match date d’hier ou d’il y a vingt ans.

Mon avis ? J’ai eu un peu de mal avec la construction de la nouvelle.

Défaite – Joao Carrascoza

Le narrateur évoque ce que représente le football pour lui. Il se rappelle des moments passés avec son père. C’est lui qui lui a appris à aimer le football.

Mon avis? Une relation père-fils touchante.

Une question de principes – Cristovao Tezza

Un homme reconnaît un ancien joueur. Un joueur qui a brisé son amour de jeunesse. Lors d’un match où il officie en tant qu’arbitre, il décide de se venger. Tout peut se régler sur un terrain de football 😀

Bonheur suprême – Luiz Ruffato

Personne ne voulait de lui même pour les matchs amicaux, il va réussir à créer l’exploit: créer l’hymne de l’équipe de football.

Passion – Carola Saavedra

Un homme veut se faire tatouer l’insigne de son club ?

La nouvelle la plus courte du recueil et que je n’ai malheureusement pas bien saisie. 😀

Le fils noir de Dieu – Rogerio Pereira

Une gloire du football aujourd’hui affaiblie par la maladie. Le narrateur qui admirait la star étant enfant doit admettre que ce joueur de football n’est pas immortel.

Un jour, un maillot – Tatiana Levy

1990 – 1991 – 2009

3 années importantes dans la vie de Francisco. La 1ère année, il fait la rencontre d’un homme, habile au football qui va lui promettre des maillots du Barça. La 2e année, Francisco attend désespérément ces maillots quitte à faire fi de sa dulcinée et de son fils.

La 3e année, Francisco retrouve son fils en regardant un match de football. Une nouvelle touchante.

Bienvenue au Brésil ! A travers ce recueil de 12 nouvelles, vous assisterez à 11 matchs et une prolongation. Chaque histoire évoque la passion du football et montre combien le ballon rond est omniprésent dans la vie des hommes au Brésil.

J’ai globalement apprécié ce voyage autour du ballon rond.

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Huit monologues de femmes-Barzou Abdourazzoqov

« Creusez-vous un peu la tête, un peu de fantaisie que diable, rajustez-vous. Et n’ayez peur de rien. Croyez en vous. Vous conquerrez le monde. Et alors on verra qui aura la peau de qui… »

Huit femmes entrent en scène. Avec beaucoup de verve et d’humour, malgré la vie qui ne les a pas ménagées. Elles viennent tour à tour raconter leur histoire – et se donner en exemple plus qu’en spectacle. Car elles n’ont, à vrai dire, rien perdu de cet espoir qui, entre accès de rage et jubilation, leur prête une liberté de ton au pouvoir salvateur.

Les monologues ont l’habitude de m’ennuyer mais ces 8 monologues de femmes sont une exception.

Huit femmes. Qui sont-elles ? Des anonymes. Des mères, des épouses qui s’épanchent. Un mari qui s’évapore dans la nature, un mari délaissé qui vous cocufie, un mari qu’on aimerait tromper et qui peut nous prendre en flagrant délit, des malheurs qui s’enchaînent, une fille qui a disparu ou encore s’amouracher d’un mioche, ça ne vous ferait pas monologuer, vous ?

J’ai ri avec ces femmes, j’ai aussi pleuré avec elles car deux des récits de vie sont émouvants.

Le troisième monologue est mon préféré. J’ai beaucoup apprécié cette femme résiliente face aux vicissitudes de la vie. J’ai d’ailleurs souligné l’une de ses phrases :

Car le malheur, ça ne dure pas, tout comme la joie, du reste. Ce qui demeure, c’est la conscience de soi, la patience, la foi peut-être. Mes chères amies, je connais le sort de beaucoup d’entre vous, je le connais mieux que personne. Mais je vous le redis encore une fois, le salut est dans la Foi, dans l’Espérance, dans l’Amour.

Ce recueil se lit très vite, il ne s’étale que sur 80 pages. Bien à insérer entre des pavés. Pour ma part, ça a été une belle découverte.

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Nouvelles du monde #15: Singapour

Singapour, en Occident, évoque d’abord les riches heures de l’époque coloniale, puis l’insolent succès, depuis les années 1960, d’une place financière et commerciale devenue incontournable. En deux générations, l’indépendance acquise en 1965 sous l’impulsion de Lee Kuan Yew, a profondément transformé l’identité du « Gibraltar d’Extrême-Orient ». Le melting pot singapourien (Européens, Chinois, Malais et Indiens), ayant en partage la langue anglaise et sa culture, ne pouvait pas ne pas en venir au « storytelling ».

Car cette cité-Etat est riche d’histoires individuelles. Quand on pense Singapour et littérature d’hier, l’image d’Hemingway, sirotant un Singapore Sling au bar de l’hôtel Raffles sous les pales des ventilateurs, s’impose. Mais si l’on pense Singapour et littérature d’aujourd’hui, pour mieux la comprendre, alors il faut lire les auteurs de ce recueil, représentants d’une culture mosaïque en plein devenir.

Six nouvelles écrites par trois hommes et trois femmes. Trois nouvelles qui ont réellement été captivantes.

L’homme qui avait peur des DAB par Wena Poon

Chang vit avec son fils, sa belle-fille et sa petite-fille à Toronto depuis deux ans. D’origine chinoise, il a passé toute sa vie à Singapour.

A Singapour, il y a deux communautés, celle qui avait reçu une éducation anglophone et celle qui allait dans les écoles chinoises traditionnelles. Chang a reçu une éducation chinoise, son fils et sa petite-fille ont quant à eux reçu une éducation anglaise. Il constate donc le fossé entre lui et sa petite-fille qui se considère comme une anglaise. Chang a le mal du pays, le manque de son identité chinoise. Alors, il se rend à Chinatown, là-bas il est heureux…

Ce texte évoque l’expatriation qu’on n’a pas choisie, l’expatriation qui provoque le vague à l’âme. Une nouvelle très intéressante.

Franchir les distances par Tan Mei Ching

Un retour au pays qui nous a vus naître le temps d’un voyage. Passer du Singapour à la Chine, comparer les habitudes de vie.

Amarjit a le whisky amer par Kirpal Singh

Le narrateur évoque un fait passé il y a 7 ans. Il vient tout juste d’arriver à New York en provenance de Singapour pour passer un entretien d’embauche à l’université Columbia et est en compagnie un soir d’autres amis dont Amarjit, ingénieur fraîchement diplômé, ayant quitté l’Indiana pour New York dans l’espoir d’y trouver de meilleures perspectives d’avenir. Le frère d’Amarjit, en provenance de Singapour, est arrivé à New York dans l’espoir de persuader son frère de retourner à Singapour.

Le rêve américain et les difficultés pour le vivre sont évoquées. L’immigration, les conditions de travail parfois non valorisantes en tant qu’étranger sont également évoquées. Si certains veulent persévérer quelque soit les embûches, d’autres préfèrent retourner à une vie moins frustrante que celle vécue aux USA.

J’aurais voulu que le narrateur évoque ce que ses amis et lui sont devenus. Histoire de voir si ceux qui ont voulu persévérer dans le rêve américain ont eu gain de cause. 🙂

Les 3 autres nouvelles du recueil Vidéo par Alfian bin Sa’at, L’élève Lee Geok Chan par Catherine Lim et L’expatrié par Lim Thean Soo m’ont laissée indifférente tant au niveau du style que de l’intrigue. Il m’est même impossible de vous faire un résumé de ces nouvelles.

Je pense qu’il est temps pour moi de faire une longue pause avec cette collection Miniatures où mes lectures les plus intéressantes jusqu’ici sont Nouvelles du Soudan et Nouvelles de Taiwan.

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Nouvelles du monde #12 : Israël

Je continue mon tour du monde littéraire grâce à Youscribe. Aujourd’hui, halte en Israël. Une nation à laquelle je suis spirituellement attachée.

Une petite fille apprend à nager avec grand-mère Reisel, dans le périmètre réservé aux croyances orthodoxes. Plus loin, Félix Silvane agent d’assurances, émerge d’un coma profond et réalise qu’il n’a jamais contracté d’assurance pour lui-même. Dans une maison de retraite, une vieille femme serre un oignon dans sa main pour le repas du shabbat alors qu’elle regarde ses enfants s’éloigner… Enfin, dans la bande de Gaza, Jacob Benhamoun, l’Israëlien, et Hani Elajrani, le Palestinien, shootent dans des canettes vides, à la lisière de la Terre promise…
Un recueil de nouvelles de la « jeune littérature » israélienne et palestinienne qui ne portent plus le même regard sur l’édification de la nation, de l’intégration des nouveaux émigrants ou des inquiétudes pour l’avenir du pays, mais s’interrogent sur le monde d’aujourd’hui, là où les réminiscences coulent à flots comme autant de pétales de roses…

Petite rose en méditerranée de Nava Semel

Une grand-mère apprend à sa petite-fille à nager dans le périmètre réservé aux croyantes orthodoxes. J’ai découvert grâce à cette nouvelle les rites liés au mariage juif. Par ailleurs, j’ai beaucoup apprécié la sagesse des phrases de la grand-mère.

L’honneur du Tout-Puissant, décréta grand-mère, exige que nous gardions une certaine pudeur, même à l’abri des regards.

Un mauvais karma d’Etgar Keret

Félix Sivane, agent d’assurances qui savait si bien convaincre n’a contracté aucune assurance pour lui-même. Alors quand un accident survient, il comprend que son histoire personnelle est plus efficace que toutes les autres.

De prime abord, on peut penser que l’histoire s’arrête là mais elle débouche sur la vie qu’on perçoit lorsqu’on est dans le coma, un endroit sans peur, où même la douleur, quand elle se produisait, ne faisait pas mal mais s’ajoutait aux autres sensations qu’on était heureux d’éprouver. Ca m’a fait drôle de lire cette phrase parce qu’un proche qui a été dans le coma, m’a dit à peu près la même chose de cet état.

Mes années de jachère d’Orly Castel-Bloom

Une femme qui imagine ce que sera sa vie quand elle sera vieille. Elle envisage de se libérer de la contrainte du comportement.

La dernière bougie de Mohammed Aldirawi

Jacob Benhanoun, juif vivant à Lyon, retourne sur la terre promise de ses ancêtres avec sa famille. Là, il devra faire son service militaire. Posté à la bande de gaza, il fera la connaissance d’Hani Alajrani, jeune homme palestinien, membre d’un groupe de résistants.

Ils avaient beau bondir comme de braves soldats face aux discours d’Ismael, ils étaient jusqu’ici, pour moi, les petits copains de classe qui imitaient le chant du coq quand le prof tournait le dos.

Sept histoires brèves d’Alex Epstein

Sept histoires qui tiennent sur quelques lignes. Sept histoires aux personnages étranges et drôles à la fois.

  • Le cauchemar des montres de Jung où le psychanalyste Carl Jung a peur que sa femme demande à sa maîtresse si elle a l’heure.
  • Sms en errance : des déclarations d’amour qui restent sans réponse.
  • Celle qui collectionnait les grilles de mots croisés remplies: Anna collectionne des grilles de mots croisés remplies. On apprend aussi que le bégaiement d’Anna a disparu dès qu’elle eut appris l’hébreu.
  • L’ange dont rêvèrent Brod et Kafka : L’un rêve d’un ange qui n’a plus que l’aile droite et qui se renseigne sur Kafka. L’autre rêve d’un ange sans ailes qui se renseigne sur Brod.
  • Celle qui rêvait de chansons imaginaires : Avez-vous déjà entendu parler de la chanson qui commence ainsi : « l’amour est un nouveau visa sur le passeport d’un mort » ?
  • De l’autre côté du mur: Un mur construit pour se séparer du fou. Mais que devient ce fou ?
  • De la concordance des temps entre la poésie et la prose : une rencontre entre un écrivain et un poète qui dure deux minutes et qui m’a arraché un sourire.

J’ai apprécié aller à la découverte de plumes israéliennes et palestinienne mais Nouvelles d’Israël ne fera sûrement pas partie des livres que je recommanderai pour qui veut découvrir la collection Miniatures. Je n’ai pas été emportée par les récits. Il n’y a que la nouvelle d’Etgar Keret qui se démarque du lot selon moi.

Je ne désespère pas. Je continue ma découverte de la collection en espérant que la prochaine halte soit une excellente lecture. J’ai le choix entre la Malaisie et Singapour pour mon prochain voyage littéraire. Lequel d’entre les deux, choisiriez-vous pour moi ?