Dans la bonne ville de Santa Clara, celle qui produit le meilleur rhum du pays, personne n’est au courant de la Révolution que le dictateur Alvaro Benitez a menée il y a une vingtaine d’années. Les habitants vivent et cultivent au gré des sérénades d’Ibrahim Santos, musicien météorologue. Alors forcément, l’intrusion des troupes armées révolutionnaires, et plus encore, l’arrivée d’un jeune ingénieur agronome brillantissime, vont quelque peu bousculer les habitudes…
Sur le mode du conte, avec une pincée de réalisme magique, Yamen Manai moque ici les prouesses de nos avancées technologiques et parodie allègrement ces dictatures modernes qui souvent perdurent.
De Yamen Manai, je ne connais que l’amas ardent qui est dans ma précieuse wishlist. Lorsque j’ai découvert la sérénade d’Ibrahim Santos dans My Book box, je n’ai pas tardé à l’acquérir.

A Santa Clara, on rencontre des personnages atypiques : Lia Carmen, la gitane qui lit l’avenir, Ibrahim Santos, le musicien météorologue qui indique le climat dans ses sérénades.
La vie paisible à Santa Clara va être contrariée par les désirs du dictateur Alvaro Benitez qui espère contrôler la production du rhum de la ville. Sans grande surprise, il utilise les armes bien connues des dictateurs : l’instauration de la terreur, la violence et aussi les ambitions d’un jeune ingénieur dénommé Joaquin Calderon pour s’approprier leurs terres.
On suit avec attrait la résistance des habitants de Santa Clara.
Qu’il soit du côté des gentils ou des méchants, les personnages sont attachants.
La sérénade d’Ibrahim Santos est un récit qui oscille entre comédie et tragédie, montre les limites des prouesses technologiques, les abus de la dictature.
J’ai découvert avec plaisir le talent de conteur de Yamen Manai et sa maîtrise de la langue.
Le roman en version poche compte 42 chapitres qui s’étalent sur 238 pages. Les chapitres courts donnent du rythme à l’histoire.
– Que gagne un homme dans la vie, Ibrahim ? L’argent ? Le pouvoir ?
Tout au long de sa vie, l’homme troque tout pour le souvenir. Il troque sa jeunesse pour des souvenirs de jeunesse. Il troque ses amours contre des souvenirs d’amour. Au bout du compte, il ne gagne de la vie que les souvenirs, c’est là son seul trésor. Alors pose-toi la question, Ibrahim. De quoi voudras-tu te rappeler, quand arrivera le moment de se souvenir ?
« De la douceur de nos nuits et du goût de nos cannes, murmura-t-il.
– Alors sauvegarde-les, et transmets-les. »