Kessé Marc-Antoine BROU est un jeune ivoirien étudiant en 7ème année de médecine qui s’intéresse à énormément de choses dont la littérature et ce jusqu’à devenir écrivain. Auteur de Mes précieuses laudatives, il pose ses valises juste quelques minutes sur le blog pour parler de …. poésie.
Quelle est votre définition du « poète » ?
Pour moi, le poète est la voix des émotions. Il est celui dont les mots se doivent de donner relief à tout ce que peut ressentir l’humanité ; des sensations les plus légères au sentiments les plus profonds et de toute sorte. Le seul impératif de sa plume : la recherche du beau.
Comment êtes-vous arrivé à la poésie ?
Collège St Jean Bosco, classe de 5eme 3 . Un professeur enseigne aux élèves la versification. Pour l’un d’eux c’est une révélation. Il estime qu’il est beau d’avoir des « phrases »_les vers_ qui ont le même nombre de « syllabes » _les pieds_ et qui se terminent par des sons similaires : les rimes. Il trouvait que ceux qui étaient capables de construire de telles phrases étaient des virtuoses du verbe. Il voulut en faire partie alors il se mit à griffonner des vers dans un cahier volé à son oncle. Cet élève, c’était moi.
«La poésie doit être faite par tous. Non par un. Toutes les tours d’ivoire seront démolies, toutes les paroles seront sacrées et l’homme s’étant enfin accordé à la réalité qui est sienne, n’aura plus qu’à fermer les yeux pour que s’ouvrent les portes du merveilleux. » Que pensez-vous de cette citation de Paul Éluard ? La poésie doit être vraiment faite par tous ?
Oui mon analyse est que rêver c’est déjà créer et que créer c’est déjà faire de la poésie. Puisque poésie vient du grec « poïen » qui signifie créer. Par nature donc tout être humain est poète. Il lui faut alors prendre conscience de cette nature. Ainsi il n’écrira pas forcément afin de publier mais pour avant tout s’exprimer.
La poésie n’est pas un genre très plébiscité aujourd’hui. Quelle est la raison selon vous et que faut-il faire pour y remédier ?
La raison en est que la poésie traîne comme un boulet la réputation d’être incompréhensible. Pour certains même la poésie c’est l’art de parler pour ne rien dire.
Pour y remédier il faut d’abord faire comprendre au lecteur que la poésie est d’abord faite pour séduire par sa beauté. Il se laissera alors toucher par son charme au point de désirer profondément en connaître le sens. L’exemple de la musique illustre mon idée : lorsqu’un francophone entend une chanson dont les paroles sont en anglais, bien qu’il n’en perçoive pas le sens il est touché par les émotions qui y sont transmises et c’est justement cela qui l’amène secondairement à s’interroger sur la signification. Plus concrètement, je pense qu’il faut d’abord mettre plus de poésie à étudier dans le système scolaire pour familiariser l’apprenant à la poésie. Il faut aussi que les poètes aillent vers leurs lecteurs car la poésie est d’autant plus belle quand elle est déclamée. Le succès que rencontre le slam _ qui est une forme de poésie_ en est une preuve. Enfin je pense que les poètes devraient faire en sorte que tout lecteur puisse saisir l’essence de chaque poème sans trop d’effort.
Quels sont vos auteurs et livres préférés, les poètes qui influencent votre écriture ?
J’aime beaucoup Paulo Coelho, Bernard Dadié, Senghor. La liste pourrait se rallonger mais ce sont là je pense les préférés. Les livres, il y’en a une flopée que j’aime.
Pour les romans je dirais :
« L’alchimiste » de Paulo Coelho,
« Le cheval de Troie » de Colleen Mc Cullough,
« l’odyssée » d’Homer,
«Le grand masque a menti » d’Attita Hino ;
« Climbié » de Bernard Dadié,
« Même au paradis on pleure quelque fois » de Maurice Bandama…
Pour les œuvres théâtrales disons « la tragédie du roi Christophe » d’Aimé Césaire et « Les voix dans le vent » de Bernard Dadié.
Les œuvres poétiques que je préfère sont :
« Chants d’ombre » de Senghor,
« Les fleurs du mal » de Baudelaire,
« L’or n’a jamais été un métal » de Josué Guébo,
« tréfonds de cœur de pierre » de Marshall Kissy.
Pour tout vous dire je suis plus influencé par des textes précis que des auteurs. « femme noire» tiré de « chants d’ombre » en est le premier. Les autres sont :
« le dormeur du val »,
« L’albatros »,
« l’or n’a jamais été un métal ».
Un roman peut aussi m’influencer. C’est le cas de « l’alchimiste », « Yassoi refusa l’orange mûre de Nianga » de Charles Nokan…
Comment qualifierez-vous votre poésie ? (engagée, classique, romantique, poésie d’évasion…)
Ma poésie je la veux classique et moderne à la fois ; engagée et romantique ; d’évasion toujours. Référez-vous à la définition que je fais de la poésie. S’il faut exprimer tout ce que peut ressentir l’humanité il faut être libre de choisir la métrique des vers classiques ou le rythme des vers libre ; de choisir de s’engager ou de rêver ; et si l’on recherche le beau il est normal que l’esprit s’évade à la lecture des poèmes. C’est là tout ce que j’ai voulu mettre dans « Mes précieuses laudatives ».
Pouvez-vous nous parler de votre œuvre « mes Précieuses laudatives » ?
« Mes précieuses laudatives » c’est une tranche de vie servie sous forme de louanges. C’est un recueil des meilleurs poèmes que j’ai pu écrire de mon adolescence jusqu’à l’âge d’adulte jeune. Il aborde les thèmes de l’Afrique, de la femme, du divin, de la nature, de l’amour.
Cette œuvre regroupe des louanges dont l’objectif est de raviver la fierté et la positivité du lecteur en lui faisant voir la beauté qui l’entoure et qui peut résider dans les potentialités de son continent, la force de l’amour, la magnanimité de Dieu etc… Je vous propose par cette œuvre un véritable voyage à la redécouverte du quotidien, d’un quotidien bien meilleur. Ce n’est pas un livre, c’est un antidépresseur littéraire sans effet indésirable.
Quel est le poème que vous avez écrit et préféré ?
Question difficile. Il serait plus aisé pour un lecteur d’y répondre.
Puisqu’il faut jouer le jeu je dirais « Danse de nuit »* parce qu’il est écrit dans un rythme particulier et avec une énergie créatrice. Il fait beaucoup jouer les sonorités. Son sens laisse libre cours à mille interprétations mais il exprime assurément le contraste entre l’émerveillement et le détachement.
Si vous ne deviez retenir qu’un mot de la langue française ?
Amour
Un petit mot de fin ?
Je voudrais vous remercier de l’opportunité que vous me donner de m’exprimer par cette interview. Ce que je voudrais qu’on retienne c’est que la poésie a de beaux jours devant elle. Particulièrement en Côte d’Ivoire. Car des plumes s’affirmeront indéniablement. J’espère en être.
Aux lecteurs, je conseille de lire toujours de la poésie car elle est la mère de tous les arts, l’essence même de la création.
DANSE DE NUIT*
Tel un cygne son corps s’élance
Plein de charmes, de grâces immenses.
Tel un feu dans l’ombre intense,
Dans la nuit silhouette qui danse.
Qui danse, qui danse et s’éparpille;
S’ébranle, flammèche qui vacille;
Qui brille, dilate la pupille;
Fait naître en l’oeil des papilles.
O femme, délice que goute ma vue;
Extase, ô harmonie charnue;
Pétales des fleurs qui, disparues,
Revivent et luisent au coin de ma rue.
Autour d’elle la nuit s’efface
Et ma rue devient sa place;
Le théâtre d’ydille, de farce,
De ses facéties éparses.
Elle danse, dans l’onde ses bras serpentent;
Elle tremble, agite ses hanches qui hantent;
Qui domptent, franchissent les voies béantes
Qui mènent aux envies malséantes.
Mais froid, frigide est son public;
Ces murs, cette assistance mystique.
Sa faille, son point sensible unique
Je suis, Spectateur atonique.
Kessé Marc-Antoine BROU, in « Mes précieuses laudatives« .
Vous pouvez suivre l’auteur sur sa page Facebook Kessé Marc-Antoine BROU.
Vous pouvez vous procurer son recueil en cliquant sur Mes précieuses laudatives
Belle journée poétique à chacun !
Extasié !
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On tombe tout simplement amoureux de la poésie après avoir parcouru cette interview… On est tout simplement séduit par l’ardeur avec laquelle l’auteur parle de son Art
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Vive la poésie ! Merci Fayte d’être passé !
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Les Kessé et la poesie! Waouuuuhhhh interessant tout ça! Bon boulot ma poetesse! J’sui de retour!
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Contente de te retrouver sur la toile mon vieux père !
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